Armes létales autonomes : faut-il interdire les robots tueurs ?

Aux Nations Unies, quelques pays viennent de bloquer la mise en place d'un traité d'interdiction des Systèmes d'armes létaux autonomes, ou SALA. Les robots tueurs peuvent donc poursuivre leur développement avant d'arriver sur le champ de bataille. La communauté scientifique est inquiète et les ONG multiplient les appels pour imposer ce traité. Et si la solution consistait à donner une morale aux robots ?
Après une semaine de réunion au bureau des Nations Unies à Genève (Suisse), la mise en place d'un nouveau traité international interdisant l'usage d'armes létale autonomes a été bloquée par une minorité de pays (Australie, Corée du Sud, États-Unis, Israël et Russie). Au final, sur ce sujet, seules une vingtaine de recommandations, non contraignantes, ont été adoptées à l'issue de la réunion, dans la nuit de vendredi à samedi derniers. Elle s'est surtout consacrée à reconduire le mandat actuel du groupe d'experts gouvernementaux.
L'Allemagne et la France ont simplement proposé de maintenir le principe de contrôle humain sur l'usage de la force, alors que le président Emmanuel Macron s'était déjà « catégoriquement opposé »aux armes létales entièrement autonomes.
Mais seul un traité peut protéger l'humanité contre ces robots tueurs, et celui-ci est loin d'être sur les rails. D'ailleurs, l'Australie, la Corée du Sud, les États-Unis, Israël et la Russie s'opposent à toute proposition de traité pour le moment.
Faut-il un code éthique chez les robots tueurs ?
Les SALA, ou robots tueurs, sont déjà expérimentés depuis des années. Futura évoque régulièrement les prototypes de Boston Dynamics. La firme développe depuis plus de vingt ans des robots dédiés à la guerre. Des robots qui se déclinent en machines bipèdes, quadrupèdes aux capacités impressionnantes. Qu'il s'agisse de ces robots particuliers, de drones autonomes ou de véhicules armés sans occupants, l'arrivée d'un « Terminator » programmé pour tuer de façon autonome et froide des cibles prédéfinies n'est désormais plus du domaine de la science-fiction. Ce genre de robot de combat pourrait débarquer sur les champs de bataille d'ici quelques années aux côtés des troupes, ou à leur place. Et surtout, l'absence de réglementation en la matière va fatalement engendrer une course aux armements une fois que les premiers modèles de robots de combat seront véritablement opérationnels.
Pour l'ONG Human Rights Watch, à l'origine de la campagne Stop Killer Robots, l'arrivée de ces armes est dramatique. Selon elle, des dictateurs ou des terroristes pourraient en disposer assez facilement et à bon prix pour contrôler ou exterminer des populations. Ils pourraient également ordonner aux machines des assassinats ciblés. L'ONG n'est pas la seule à mobiliser les consciences sur ces robots tueurs. Le 18 juillet dernier, des ténors de l'univers du high-tech, dont Elon Musk, ont mis en garde les pays membres des Nations Unies contre ces armements. Les signataires craignent que leur utilisation dans les conflits vienne dépasser l'échelle de la compréhension humaine.
Ces réactions sont loin d'être les premières. Chaque année, depuis 2014, ce genre de message est adressé aux Nations Unies. En vain. Dès les prémices de ces évolutions techniques, des personnalités notoires des sciences, à commencer par Stephen Hawking, Max Tegmark, Stuart Russell ou Frank Wilczek, y ont exposé leurs craintes contre le potentiel danger de l’IA.
Si aucun accord ne peut les interdire, une des solutions pourrait consister à les humaniser, pour qu'elles se comportent de façon « morale » sur les champs de bataille. Il s'agirait de les doter d'un code de valeurs propre aux combattants. C'est d'ailleurs ce que préconise le lieutenant-colonel de l'armée française Brice Erbland dans son ouvrage Robots tueurs, aux éditions Armand Colin. Il montre ce que pourrait être un SALA doué d'une IA pouvant faire preuve de suffisamment de discernement pour se comporter comme des soldats. Autrement dit, ces robots autonomes de combat devraient intégrer une éthique artificielle. On ne parlerait alors plus de SALA, mais plutôt de SALMA (Systèmes d'armes létaux, moralement autonomes).
Cependant, pour que cela soit le cas, il faudrait que tous les États jouent le jeu. En attendant, ils restent majoritairement d'accord sur la nécessité de maintenir un contrôle humain sur les systèmes d'armes létaux autonomes. C'est pourquoi la grande majorité des 88 États membres souhaitent qu'un nouveau traité soit proposé en 2019.
Publier Le 5 septembre 2018
Source web par: futura-sciences
Les tags en relation
Les articles en relation

Visite d'État d'Emmanuel Macron au Maroc : Une délégation économique française ambitieuse pour
Une délégation économique d'envergure accompagnera le président français Emmanuel Macron lors de sa visite officielle au Maroc, prévue du 28 au 30 oct...

Vent glacial entre le Maroc et la France
CHRONIQUE. Pour l’écrivain Tahar Ben Jelloun, la France a commis une grave erreur en réduisant la délivrance des visas pour entrer sur son territoire. A...

Onze migrants meurent au large de Guelmim
Onze migrants sont morts noyés, samedi, après le naufrage de leur embarcation de fortune au sud du Maroc. Le drame s’est déroulé au large de la Plage b...

Entretien de Haut Niveau entre le Roi Mohammed VI et le Président Macron : Vers un Partenariat Renf
Le Roi Mohammed VI et le Président français Emmanuel Macron ont tenu des entretiens au Palais Royal de Rabat, aujourd'hui, en vue de renforcer les relatio...

#France_Maroc: #Emmanuel_Macron a appelé #Mohammed_VI avant la rencontre
Les deux chefs d'État sont très investis pour encourager et soutenir leur équipe nationale, alors qu'elles s'affrontent ce mercredi à 20h en dem...

Arabie saoudite : ce qu’il faut retenir de la visite de MBS en France
Le prince héritier saoudien a été reçu pour la première fois à l’Élysée depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018. Docteur ès scie...

Emmanuel Macron : Nomination Imminente d'un Nouveau Premier Ministre pour Éviter la Crise
Le président Emmanuel Macron s’apprête à annoncer ce jeudi soir le nom du nouveau Premier ministre, une décision clé visant à éviter une crise politiqu...

Visite d'État au Maroc : Emmanuel Macron et son épouse invités par le Roi Mohammed VI du 28 au 30
Le ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie a publié un communiqué annonçant une visite d'État prochaine au Maroc. Sur invitat...

Energies renouvelables : Le Maroc au deuxième rang de la région MENA d'ici 2030
Global Energy Monitor a affirmé, cette semaine, que le Maroc occupera le deuxième rang de la région du Moyen Orient et d’Afrique du Nord (MENA) en termes d...

TOTALENERGIES ET ALLÉGATIONS DE NEUTRALITÉ CARBONE : LA PLAINTE DÉPOSÉE POUR GREENWASHING JUGÉE
Le Tribunal judiciaire de Paris a jugé recevable le recours de Greenpeace France, des Amis de la Terre France et de Notre Affaire à Tous déposé contre Total...

#MAROC_France_Algérie: Macron reçoit les propositions Stora pour une réconciliation mémorielle
L'historien français Benjamin Stora remet ce mercredi à Emmanuel Macron son très attendu rapport sur la colonisation et la guerre d'Algérie (1954-19...

Ouverture à Bruxelles du sommet UE-UA
Le président français Emmanuel Macron a officiellement ouvert, jeudi, le sixième sommet entre l’Union Africaine et l’Union Européenne à Bruxelles, fixa...