Alarmant. L’humanité vit à crédit
Dans un rapport établi il y a quelques années déjà, le Haut-commissariat au plan avait tiré la sonnette d’alarme
Début août, c’est les vacances. Début août, c’est la bronzette sous le soleil d’été. Mais malheureusement, début août, et notamment son premier jour, est aussi synonyme du jour de dépassement. En effet, depuis mardi dernier, l’humanité a consommé bien plus de ressources que ce que la planète peut en produire en une année.
L’officialisation de l’information résulte d’un diagnostic réalisé par l'Institut de recherche Global Footprint Network. Ce groupe de réflexion, laboratoire d’idées indépendant basé aux Etats-Unis, en Belgique et en Suisse et identifié comme étant un organisme de bienfaisance à but non lucratif, détermine le « jour du dépassement » depuis le début des années 70. Et force est de constater que cette date fatidique est de plus en plus précoce, année après année. Pour s’en persuader, il suffit de souligner qu’en 1970, le jour du dépassement correspondait à la date du 23 décembre. Soit, un recul de près de 5 mois en moins d’un demi-siècle. Angoissant non ?
Quand on dit que la Terre vit à crédit, cela ne signifie pas qu’elle sera marquée par une pénurie de nourriture ou d’eau, mais plutôt que, d’une part, les êtres humains ont consommé plus que ce que la planète peut produire, et d’autre part, que nous avons émis plus de déchets et de gaz à effet de serre que la capacité d’absorption de la planète bleue. Scientifiquement, ce phénomène est nommé Bio capacité. En gros, cela veut signifier que nous ne laissons pas assez de répit et de temps aux sols, aux forêts et aux fonds marins pour se reconstituer. Ce qui implique une diminution des réserves de notre planète.
Interrogé par le quotidien français, Le Parisien, Arnaud Gauffier, chargé de l'alimentation au Fonds mondial pour la nature, prend l’exemple de la surexploitation de la mer pour renseigner l’opinion publique sur l’étendue des dégâts. « Certains écosystèmes sont déjà dans une situation critique : 90 % des stocks de poissons sont exploités au maximum ou surexploités » a-t-il précisé. Et d’ajouter : « Maintenant, Il est temps d'appuyer sur la pédale de frein ».
Toutes proportions gardées, en comparaison avec des pays comme l’Inde notamment, le Maroc, à l’instar des pays du monde entier, contribue à petite échelle à cette surconsommation. Dans un rapport établi il y a quelques années déjà, le Haut-commissariat au plan avait tiré la sonnette d’alarme concernant la gestion durable des ressources naturelles et de la biodiversité au Maroc. Il y est clairement explicité que l’accroissement démographique a eu comme premier impact l’accentuation de la pression sur les ressources : eau, sol, ressources végétales et animales. Une situation alarmante car, en dépit de la réduction du rythme d’accroissement, la pression n’a pas fléchi pour autant. La sécheresse cyclique a d’ailleurs accusé le déficit de ces ressources et accéléré le processus de dégradation. Et cette fâcheuse réalité pourrait aller de mal en pis. Toujours selon ledit rapport, le Royaume, pays de transition bioclimatique et écologique, possède des ressources fragiles, menacées de dégradation rapide, en cas de prélèvement excessif. Les sols sont très vulnérables et largement soumis à l’érosion. La forêt est en recul rapide, les espaces steppiques sont menacés par la désertification, les côtes sont érodées ou sur-occupées, les ressources de la mer en raréfaction, des biotopes précieux sont constamment et irrémédiablement perdus.
Maintenant, la question est de savoir s’il est possible de rattraper le coup et d’endiguer le phénomène. Evidemment, il ne s’agit pas d’imposer un quelconque contrôle des naissances pour limiter le nombre de ventres à remplir comme cela a été, un temps, le cas en Chine. Par contre, chacun de nous est en mesure de changer le cours de l’histoire. Comment ? Tout simplement en modifiant le contenu de notre alimentation. Par exemple, manger moins de viandes et éviter le gaspillage. Simple mais très efficace.
Le 03 Août 2018
Source web par : Libération
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