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Migration et développement en Afrique La politique migratoire du Maroc citée en exemple par un rapport de la CNUCED

Migration et développement en Afrique La politique migratoire du Maroc citée en exemple par un rapport de la CNUCED

Le rapport a essayé de corriger les faux «mythes» relatifs à la migration. Ph MAP

Le Maroc a abrité hier pour la première fois le lancement du rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Présenté sous le thème «Le développement économique en Afrique 2018 : les migrations au service de la transformation structurelle», ce document analyse le rôle de la migration intracontinentale dans le développement de l’Afrique. Dans ce cadre, le Maroc a été félicité pour sa stratégie innovante en matière de gestion de son flux migratoire.

«Les mesures promues par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en tant que champion de l’Union africaine sur les questions migratoires sont considérées comme un exemple à suivre dans la région», a fait savoir l’économiste Lisa Borgatti, qui a présenté hier à Rabat les conclusions du rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Selon la responsable onusienne, le rapport atteste que la stratégie migratoire répond aux besoins spécifiques de l’économie nationale en matière de main d’œuvre dans la mesure où elle a supprimé les obstacles légaux et réglementaires liés à l’accès des migrants au marché intérieur du travail. En effet, en se basant sur la régularisation de la situation des étrangers en situation irrégulière sur son territoire, estime la même responsable, le Maroc a pu offrir une meilleure protection à cette catégorie vulnérable, ce qui a facilité son intégration dans le tissu économique et par conséquent sa participation à la croissance nationale, notamment à travers le paiement des impôts. «Le Maroc a supprimé la préférence nationale dans le secteur privé pour les migrants, ce qui a garanti à ces derniers un meilleur accès au marché de l’emploi. En outre il a réduit les délais de demande de visas et de contrôle de certificats d’activité. Cette stratégie peut être considérée comme un modèle à suivre, même si nous estimons que plus d’attention devrait être accordée à l'amélioration des compétences des mains-d’œuvre moins qualifiées, notamment à travers les formations et les partenariats», a indiqué Mme Borgatti.

Intitulé «Le développement économique en Afrique 2018 : les migrations au service de la transformation structurelle», ce document, présenté à quelques mois de la conférence intergouvernementale de Marrakech en décembre 2018 qui devra adopter le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, constitue une référence pour la définition d’une position africaine sur ce volet.

Dans le détail, le rapport analyse donc le rôle de la migration intracontinentale dans le développement de l’Afrique, la stimulation de la croissance et la transformation positive de la structure de l’économie du continent. Ainsi, en s’appuyant sur une histoire fictive de deux personnages : Mamadou et son épouse Ramatoulaye, deux jeunes migrants en provenance du Sénégal et ayant migré à plusieurs reprises dans des pays voisins à la recherche d’un mode de vie plus prospère, le rapport identifie les avantages de la migration, mais aussi ses difficultés.

Le rapport s’attèle également à corriger les faux «mythes» relatifs à la migration, notamment l’idée selon laquelle des millions d’Africains quittent le continent pour l’Europe ou encore le cliché qui dit que la migration contribue au chômage dans les pays de destination ou tirent les salaires vers le bas. Selon Mme Borgatti, la migration intra-africaine constitue un levier important pour le commerce et le développement du continent sachant que 53% des migrants africains choisissent de migrer au sein de leur propre continent. En effet, d’après les conclusions de ce rapport, la contribution potentielle des migrants au PIB par habitant en Afrique a été mesurée à 19% en Côte d’Ivoire en 2008 et 13% au Rwanda en 2012.

Par ailleurs, le rapport indique que les envois de fonds vers l’Afrique ont augmenté en moyenne de 38,4 milliards de dollars entre 2005 et 2007 à 64,9 milliards de dollars entre 2014 et 2016. Ces apports ont représenté ainsi 51% des flux des capitaux privés vers l’Afrique en 2016 contre 42% en 2010. «Ce qui amène à la conclusion que les migrants intracontinentaux et extracontinentaux représentent une double nécessité pour soutenir la transformation structurelle de l’Afrique», souligne la même responsable.

Le rapport estime enfin que les pays africains peuvent tirer d’autres avantages des migrations en alignant les politiques en matière de migration, de commerce et d’investissement sur les objectifs de développement et en tirant parti des envois de fonds et en mobilisant la diaspora pour des investissements productifs. Il est également recommandé d’adopter des mesures politiques soucieuses du genre afin de libérer le potentiel des femmes migrantes pour qu’elles puissent bénéficier de la migration et contribuer au développement de l’Afrique.

Le 29 Mai 2018

Source Web : Le Matin

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