Tourisme: Le couple public-privé bat de l’aile

Les doléances ignorées et plusieurs annonces restées sans lendemain
Des projets lancés sans la concertation des partenaires dans les régions
Le secteur, une grosse machine qui ne peut pas fonctionner toute seule
Dans le tourisme, les relations sont tendues entre les professionnels et le gouvernement. Le symposium international, organisé mercredi par le think tank CDS et la CGEM, en est la meilleure preuve.
Nadia Salah, directrice des rédactions du groupe Eco-Médias, chargée de prononcer le mot de clôture de cette rencontre très studieuse, l’aura relevé, à sa manière: «Vous avez voulu relancer le processus de dialogue avec le gouvernement. Il n’est pas là, à l’exception du ministre délégué de l’Intérieur».
Avant elle, Othmane Cherif Alami, président de Atlas Voyage, de la tribune a publiquement réclamé la suppression de l’Office national marocain du tourisme et la création d'une agence marocaine chargée du secteur. Une demande restée sans réponse d’autant que c’est le directeur de la stratégie et de la coopération du ministère du Tourisme qui a pris la parole.
Il a tout simplement ignoré cette doléance d’une profession favorable à une transformation en profondeur de cet Office qui fête cette année son centenaire, notera Nadia Salah par la suite.
Cette tension entre le public et le privé atteint son paroxysme lorsque le déficit de gouvernance et de concertation est flagrant. Ali Belhaj, ancien président du Conseil régional de l’Oriental, remettra les pendules à l’heure au sujet de «la concertation», mot galvaudé au cours de ces dernières années. Pour convaincre, il donne l’exemple de la station de Saïdia, construite sur une zone humide, sans tenir compte de la problématique environnementale.
Son avis est très négatif sur ce projet qui était le plus avancé du plan Azur. Il n’y a pas eu de concertation avec les partenaires dans la région et le projet a été conçu à Rabat, a-t-il indiqué. «C’est un échec et 6 ans après, on gère cette catastrophe écologique», soutient-il.
Les associations de protection de l’environnement, qui tiraient la sonnette d’alarme à l’époque, ont finalement eu raison. Le projet a consisté à plaquer des méga-hôtels dans cette zone humide qui était une force de ce littoral, à la frontière algérienne. «Aujourd’hui, cette station est un ghetto à touristes, une expérience totalement négative, sans aucune concertation entre l’Etat et la région», a martelé Ali Belhaj. Toutefois, ce n’est pas le cas de Marchica, le projet d’aménagement de la lagune de Nador où la concertation s’opère avec les partenaires locaux.
Omar El Kabbaj, président du Conseil régional du tourisme de Casablanca, a tenu à intervenir en tant que professionnel. Selon lui, la concertation est cette fois-ci l’initiative du secteur privé, lassé par l’abandon du gouvernemental enregistré depuis quelques années. Il a été décidé, à l’initiative de la CGEM et des professionnels, de relancer les amarres avec la nouvelle équipe, le ministre du Tourisme, Mohamed Sajid, et sa secrétaire d’Etat, Lamia Boutaleb.
Ainsi, un comité d’experts mis en place a fait un travail de qualité. Il a proposé d’engager la concertation entre les secteurs public et privé, mais avec l’impératif d’introduire la mise en œuvre. Les discussions sont en cours. Omar El Kabbaj s’est abstenu d’en dire davantage par obligation de réserve, dira-t-il. Toutefois, sur la concertation à Casablanca, il s’étonne qu’aujourd’hui, on parle encore du Palais des congrès alors que le projet a été signé en 2006.
Une disposition importante prévoyait sa livraison au plus vite. 12 ans après, le président de région discute toujours de sa réalisation. Une question s’impose: Pourquoi signer des projets si l’exécution ne suit pas, s’interroge-t-il. Idem pour la haute autorité du secteur qui n’a jamais vu le jour, rappelle Omar El Kabbaj. Le contrat-programme dont le dispositif de pilotage a été, non seulement défaillant, mais surtout inexistant.
Digitalisation
«Marche ou crève», les professionnels du tourisme n’ont plus le choix. Ils sont dans l’obligation de se mettre à la digitalisation, ils sont déjà en retard par rapport à d’autres qui ont franchi le pas. En effet, le digital est dans toutes les interventions. Il transforme et fluidifie le voyage, dira un spécialiste. Il est indispensable dans la mesure où 8 sur 10 personnes font des réservations par Internet. Toutefois, la réussite de la transformation digitale du secteur repose sur la capacité de l’écosystème à développer la coopération entre les partenaires publics et privés. Les entreprises qui opèrent dans le secteur doivent également se doter d’une digitalisation au niveau de leur organisation interne et au niveau du système d’information. Pour éviter «les irritants» avec des temps d’attente à l’aéroport ou dans les hôtels, la digitalisation est une meilleure rescousse. Mais pour cela, une forte dose de coordination entre les différents intervenants au niveau des aéroports est nécessaire. Cependant, cette digitalisation galopante induit un remplacement inéluctable des personnes qui se chargeaient de ces tâches. Un des intervenants a prédit la disparition des comptables dans les 10 ans à venir.
Quid de l’aérien
A fin 2017, le trafic aérien a enregistré une croissance de 11%, dépassant ainsi 20,4 millions de passagers. Une croissance qui vient des marchés émetteurs majeurs comme l’Europe (+12%) et le Moyen-Orient (+13%), a souligné le patron de l’ONDA. Incontestablement, le transport aérien est une composante essentielle pour le développement du tourisme. Dans la vision de la RAM, ce secteur est prioritaire au point qu’avec 4 millions de passagers, la compagnie est devenue le premier transporteur touristique du pays. Des compagnies low-cost interviennent également à hauteur de 40 % du trafic à travers Raynair, EasyJet et Transavia. Rappelons que la RAM a enregistré une croissance de 10% en 2017.
Le 13 Avril 2018
Source Web : L’économiste
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