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Parité Les inégalités perdurent sur le marché du travail

Parité  Les inégalités perdurent sur le marché du travail

Les inégalités entre hommes et femmes face à l’emploi ont la peau dure. Malgré les efforts consentis pour l’amélioration du taux d’employabilité de la femme et les lois sur la parité, le pari de l’équité dans le monde du travail est loin d’être gagné.

Les femmes continuent toujours de faire face à d’importants obstacles qui entravent leur pleine participation économique. Il semble même que nous allons vers un monde où les inégalités sont plus marquées. C’est en tout cas ce qui ressort du dernier rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), publié la semaine dernière, sous le titre «Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances 2018». Selon l’OIT, les inégalités persistent dans la situation sur le marché du travail et les écarts entre hommes et femmes sont, à cet égard, particulièrement préoccupants. «En moyenne, les femmes sont moins susceptibles de participer au marché du travail, les inégalités mondiales entre les sexes dépassant les 26 points de pourcentage, et ont moins de chances de trouver un emploi lorsqu’elles y participent. Ces écarts sont particulièrement marqués en Afrique du Nord et dans les États arabes, où les femmes risquent deux fois plus que les hommes d’être au chômage. Une fois qu’elles occupent un emploi, les femmes sont confrontées à la ségrégation en termes de secteur, de profession et de type de relation de travail, ce qui entrave leur accès à un emploi de qualité. Par exemple, 82% des femmes occupent des emplois vulnérables dans les pays en développement en 2017, contre 72%

des hommes».

Ce constat sonne le glas. De par le monde, il y a plus de chômage chez les femmes, et quand elles travaillent, leurs emplois sont souvent de qualité inférieure. Ce qui signifie aussi que les femmes gagnent souvent moins que les hommes.

Le Maroc ne fait pas l’exception malheureusement, les statistiques nationales traduisent une situation aussi vulnérable qui démontre que le marché du travail, même en pleine mutation, n’arrive pas à absorber le chômage des femmes au même rythme que celui des hommes. Plusieurs obstacles persistent empêchant la femme de jouer pleinement son rôle dans la croissance économique du pays. Ce constat a été révélé par de nombreuses études notamment celle réalisée, en mars 2017, par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) et OCP Policy Center, intitulée «Égalité de genre, politiques publiques et croissance économique au Maroc». Ainsi, relève l’ouvrage, le taux d’activité pour les femmes n’était que de 25,3% en 2014 (après 30% en 1999) contre 72,4% pour les hommes, soit un écart de plus de 47 points. Une faiblesse accentuée par le fait que les femmes sont essentiellement embauchées dans les secteurs à faible productivité, pour occuper des emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés. Cet écart est davantage significatif en milieu urbain, où le taux d’activité des hommes est plus de trois fois supérieur à celui des femmes, contre un écart de plus du double en milieu rural. Ce qui renvoie au constat que les femmes urbaines, notamment celles diplômées de niveau supérieur, sont plus concernées par le chômage, avec un taux moyen de 22,8% entre 1999 et 2014 contre 14,9% pour les hommes. L’évolution de la parité homme/femme au niveau de l’emploi indique ainsi que les hommes sont 3  fois plus nombreux que les femmes à occuper un emploi.

Cette tendance n’a pas trop évolué si l’on analyse le dernier rapport du Haut Commissariat au Plan (HCP), intitulé «La femme marocaine en chiffres», édition 2016. En effet, selon les statistiques du HCP, le taux d'emploi de la population féminine âgée de 15 ans et plus s’est établi à 22,2% en 2015, alors que chez les hommes, ce taux était de 64,8%. Le taux de chômage avait lui atteint 10,5% chez les femmes en 2015, pour marquer, en 2016, une légère baisse (9,9%) puis repartir à la hausse en 2017 avec 10,1% et se fixer à 10% en 2018, selon les récentes prévisions de l’OIT.

Pourtant, les compétences chez les femmes ne sont plus à démontrer. Beaucoup d’études révèlent des corrélations entre la présence de femmes aux postes de direction et la performance d’une entreprise. Et ce n’est pas nouveau ! Déjà en 2007, le cabinet de conseil McKinsey &Company publiait une étude qui établissant un lien impressionnant «entre l’excellence organisationnelle et la présence de femmes aux organes de direction». Cette étude se basait sur neuf critères précis : leadership, vision, environnement de travail et valeurs, responsabilité, coordination et contrôle, compétences, motivation, innovation et ouverture sur l’extérieur. Et même au niveau des PME, des études ont constaté que les structures dirigées par des femmes sont plus nombreuses à connaître une croissance significative de leur chiffre d’affaires que celles dirigées par des hommes. De plus, la présence de femmes dans les entreprises serait souvent à l’origine de l'amélioration des conditions de travail et du bien-être. Il semble en effet, selon des enquêtes, que la mixité réduit significativement l’absentéisme, le stress, les accidents de travail ou encore l’usure professionnelle et le taux de turnover. Alors, allons-nous attendre encore très longtemps pour parvenir à une parfaite parité ?

Les évolutions tangibles que l’on note nous disent que non. La situation est en train de changer. On note par exemple que cette année, sept femmes ont présidé le Forum économique annuel de Davos qui s’est déroulé du 22 au 26 janvier. Cette grande première reflète la place croissante des femmes au sein des institutions internationales. Au Maroc aussi,

la tendance est prometteuse et se fait ressentir en pratique, et la dernière décision royale de permettre aux femmes d’exercer le métier de Adoul en est un bon exemple à méditer.

Imane Haddouch, consultante RH, coach et formatrice «Femmes, la clé du changement est en vous !»

Il est important de séparer deux axes importants dans la vie professionnelle et la vie généralement :

• La zone de contrainte (la loi de la réalité, les faits, ce qui ne dépend pas de nous, ce que nous ne pouvons contrôler ou maîtriser).

• La zone de pouvoir (ce qui dépend de nous, ce que nous pouvons changer ou améliorer, sur quoi nous pouvons agir concrètement de manière directe et indépendante).

Et si la réalité est autre que ce que nous souhaitons, si elle ne correspond pas à nos attentes, mais que les lois, les pratiques, les décisions ne dépendent pas de nous, il nous reste la zone de pouvoir, qui dépend complètement de nous et qui nous permet d’agir : nos attitudes, notre posture, notre manière de nous positionner, nos actes quotidiens qui fondent le changement.

L’approche genre c'est aussi une affaire personnelle et une attitude personnelle, les lois et les champs d’application sont bien évidemment nécessaires, mais entretemps, toute femme est invitée à développer son leadership féminin, et appliquer ses concepts au quotidien pour s'imposer de manière naturelle et progressive. Le changement de paradigmes et d’idées cliché, commence par nos changements d'attitude. Il y a bien des choses qui ne se donnent pas, et ne s'accordent pas, elles se cultivent et s’imposent, dont les droits, la liberté, le respect, le leadership.

Le 28 Janvier 2018

Source Web : Le Matin

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