Gouvernement, il y a ministres et ministres…
Avec les récentes nominations royales, attendues depuis plusieurs semaines, le gouvernement El Othmani est enfin au complet.
Une bonne nouvelle pour tous ceux qui considéraient que l’intervalle entre l’éviction spectaculaire de trois ministres et d’un ministre délégué en octobre 2017 et leur remplacement à la mi-janvier 2018 commençait vraiment à se faire long.
Désormais, les postes et responsabilités assurés jusque-là par des intérimaires forcément pris par leurs propres charges, seront pleinement assumés par des ministres qui, forts de la leçon donnée, sauront que leur nomination sera assortie d’un nécessaire corollaire, celui de la reddition des comptes.
Oui, mais…
Mais, en toutes vérité et franchise, on avouera que ces nouveaux ministres, qu’on ne saurait critiquer avant de les voir à l’œuvre, nous donnent comme un sentiment d’insatisfaction, d’inachevé…
Une telle impression ne vient ni de leurs personnalités, ni de leurs parcours, mais, hormis le ministre délégué aux affaires africaines qui est issu du privé et apolitique, de leurs «marques de fabrique», puisque le ministre de l’Habitat et celui de la Santé sont estampillés Parti du Progrès et du Socialisme, tandis que le ministre de l’Éducation et le secrétaire d’État à la Formation professionnelle sont issus du Mouvement Populaire.
Mis à part la remarque que le PPS aurait pu dégager un architecte urbaniste pour le poste précédemment occupé par M. Nabil Benabdallah et un professionnel de la Santé pour remplacer le Dr Houcine El Ouardi, les choix opérés indiquent que l’on a choisi des fidèles plutôt que des experts…
Et c’est sans doute à ce niveau que le bât blesse…
En effet, bien qu’il ne soit absolument pas question ici de critiquer ou de contester la charpente politicienne qui a présidé à la constitution du gouvernement El Othmani, et encore moins de rejeter la réalité d’une équipe gouvernementale structurée à partir d’une coalition parlementaire, les résultats, en termes de ressources humaines dégagées pour la «ministrabilité» pourraient être bien meilleurs.
Cette remarque, au demeurant, ne vaut pas uniquement pour les PPS et MP, mais pour toutes les formations qui participent au gouvernement.
Certes, ce sont des partis politiques, au rôle incontournable dans l’édifice démocratique national, défini d’ailleurs par des dispositions constitutionnelles aussi claires qu’éloquentes, qui ont la charge de pourvoir aux postes ministériels requis par leur participation à une coalition majoritaire.
Certes, c’est une prérogative essentielle qui leur est dévolue, dans le cadre d’une tradition, celle de présenter plusieurs candidats pour un même poste, et parmi lesquels sera choisi le ministre nommé par le Souverain.
Mais, ces obligations, habitudes, voire traditions ne sont pas incompatibles avec la possession des qualités exigées pour remplir au mieux possible une charge ministérielle de grande envergure…
Aujourd’hui, lorsqu’on examine les profils des membres du gouvernement El Othmani, force est de reconnaître que très peu d’entre eux ont été choisis pour leurs aptitudes reconnues dans les domaines où ils s’activent désormais en tant que titulaires de maroquins ministériels.
A quelques exceptions près, ce sont surtout des dirigeants de partis ou leurs plus proches, des fidèles parmi les fidèles, des obligés que l’on veut récompenser, quand il ne s’agit pas de leaders régionaux ou de chefs de factions.
Le 26 Janvier 2018
Source Web : INT
Les tags en relation
Les articles en relation
Maroc : 19 ministres rempilent dans le nouveau gouvernement
Le nouveau gouvernement, nommé mercredi par le roi Mohammed VI, comprend dix-neuf membres qui figuraient déjà dans l'équipe menée par Abdelillah Benkir...
Les jeudis de l’habitat La relance du secteur passe par la résolution de la grande problématique
Selon les chiffres du département de l’Habitat, le secteur du bâtiment et des travaux publics maintient le seuil d'un million d’emplois. En 2015, le s...
VERS UN PROCHAIN REMANIEMENT MINISTÉRIEL
Plusieurs ministres et secrétaires d’état ne sont pas assurés de garder leurs postes dans l’actuel gouvernement dirigé par Saad Eddine El Othmani et ser...
Ceux qui dominent (vraiment) le Maroc
Al Hoceima. Neuf mois de surplace. On a déplacé la moitié d’un gouvernement, on a enquillé les promesses, on a laissé les vieux démons sécuritaires mor...
Algérie
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika se représentera aux élections présidentielles d’avril. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour les Maro...
Une bombe dans le projet de loi de finances
Le gouvernement a discrètement glissé un amendement dans le projet de loi de finances, accordant à l’État et aux collectivités territoriales la possibili...
Fini les projets de loi lancés pour la forme !
Ils devront obligatoirement être accompagnés d’études d’impact A partir de l’année prochaine, le 2 janvier 2018 précisément, les projets de loi d...
Virus Zika: “Risque très très faible au Maroc“
Le Maroc suit de près l’évolution de l’épidémie de virus Zika. Lahoussine Louardi, ministre de la Santé, a exposé à Médias 24 les dispositions prise...
Enquête : ce que pensent les Marocains du gouvernement
Près de 89% des Marocains ne sont pas satisfaits du gouvernement d’El Othmani. C’est ce qu’a révélé une enquête publiée sur Assabah et dont les rés...
Le dernier combat de Louardi contre les pharmaciens fantômes
Quatre officines ont été fermées et 21 autres pharmaciens devraient être sanctionnés pour absentéisme Les responsables mènent une campagne contre l’...
Après la privation de vacances, des ministres interdits de quitter le territoire
C’est un « double » fait inédit et qui démontre que les événements commencent à prendre une tournure dont les conséquences sont imprévisibles. Ain...