Le projet d’adhésion du Maroc à la CEDEAO passé à la loupe à Rabat
Un aréopage de chercheurs et de journalistes débat de la question sous tous ses angles
Un parterre d’experts s’est réuni ce mardi au siège du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) à Rabat pour débattre d’une question d’actualité, à savoir l’adhésion du Maroc à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lors d’une conférence sur le thème « L’adhésion du Maroc à la CEDEAO : entre les questions procédurales et politiques ».
Au début de cette conférence organisée conjointement par le SNPM et le Centre d'études pour l'Afrique et le Moyen-Orient (AMES Center) sur le thème «L’adhésion du Maroc à la CEDEAO : entre les questions procédurales et politiques », Abdallah Bakkali a appelé au renforcement des relations entre les journalistes et leur syndicat, d’une part et les centres d’étude et de recherche tels que l’AMES Center, d’autre part. « Nous avons besoin de tisser des liens entre les journalistes et les chercheurs et les centres de recherche », a-t-il précisé.
Le président du SNPM a affirmé que le thème de la conférence est d’une importance capitale, car, selon lui, « l’opinion publique ne connaît pas grand-chose à propos de ce sujet » et pour cela « elle a besoin de connaître des réponses à des questions et des problématiques» concernant l’adhésion du Maroc à cette organisation régionale.
Abdallah Bakkali a estimé que lorsqu’on donne au citoyen les informations nécessaires à propos d’un sujet quelconque, on étouffe les rumeurs et les non-dits.
Khalid Chegraoui, professeur-chercheur à l’Institut des études africaines et membre de l’AMES Center, a pour sa part, souligné que l’adhésion du Maroc à la CEDEAO doit être accompagnée d’un changement de discours chez les décideurs politiques.
« Le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle africaine est plus facile que son adhésion à la CEDEAO, mais elle ne se fera pas du jour au lendemain», a-t-il néanmoins reconnu.
Pour cela, les autorités publiques doivent informer les Marocains de toutes les questions et problématiques en rapport avec ce sujet comme celles de la monnaie unique, de la migration, etc.
Concernant les réticences et les critiques émanant de certains milieux d’affaires, voire de lobbys des pays de la CEDEAO, le chercheur marocain a tenté de minimiser leur impact, estimant que cela ne signifie absolument pas qu’il y a une animosité envers le Maroc. «Certaines critiques émanent de pays considérés comme des pays amis tels le Sénégal et la Côte-d’Ivoire. Elles n’émanent pas des institutions officielles, mais des lobbys », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Ce sont des positions programmatiques qu’il faut traiter normalement ».
Il a également fait allusion à l’étude de la CEDEAO sur les implications juridiques, économiques, sécuritaires et humaines de l’adhésion du Maroc à cet espace communautaire avant d’évoquer un autre aspect des relations du Maroc avec les pays africains, surtout avec ceux des bassins des fleuves Sénégal et Niger. Pour lui, certains milieux reprennent des clichés et des discours dépassés concernant l’histoire des relations entre le Royaume et les pays de cette région.
L’intervenant a, dans ce sens, exhorté les autorités marocaines à prendre au sérieux cet aspect important, en multipliant, dès maintenant, les études et les recherches destinées à mettre en pièces de tels discours.
Le chercheur universitaire a, par ailleurs, considéré que la CEDEAO est l’une des expériences unitaires les mieux réussies comparativement aux autres organisations régionales africaines. Dans ce sens, il a rappelé que les forces de sécurité de la CEDEAO ont été déployées pour régler les crises qui avaient secoué certains pays membres sans avoir eu recours à l’aide des forces onusiennes ou occidentales.
Dans son intervention en l’occasion, Hafid Hicham, professeur-chercheur à l'Institut des études africaines de Rabat et chercheur associé au Centre d'études pour l'Afrique et le Moyen-Orient (AMES Center), a mis l’accent sur les différences existant entre les pays de la CEDEAO en termes de diversité culturelle et linguistique ainsi que de disparités économiques.
Pour sa part, la chercheuse Fatima Ait Bel Madani a abordé la question des défis migratoires dans le cas d’une éventuelle adhésion du Royaume à cette organisation. Selon elle, les Marocains craignent «une invasion » des citoyens de ces pays et ceux qui forment cet espace économique craignent que les terroristes s’infiltrent chez-eux, ce qui est caricatural, a-t-elle précisé en appelant à dépasser ces idées préconçues de part et d’autre.
Quant à l’aspect religieux, il a été abordé par Rachid Belbah, chercheur à l’Institut des études africaines qui a exhorté les décideurs marocains à élaborer une stratégie à même de permettre de répondre à trois réticences évoquées par l’étude d’impact menée par la CEDEAO. Il s’agit notamment des questions ayant rapport à la relation entre la religion et l’Etat, à la place de la religion dans la société marocaine et à l’intégrisme et au terrorisme.
Il a, par ailleurs, indiqué que le Maroc qui a initié depuis 2004 une réforme du champ religieux, peut contribuer positivement à la restructuration du champ religieux dans plusieurs pays de cette zone et dans l’encadrement religieux.
Il convient de rappeler que le Maroc avait officiellement formulé, le 24 février dernier, une demande d’adhésion à la CEDEAO où il a pour le moment un statut d'observateur.
En juin 2017, lors de leur 51ème session ordinaire tenue à Monrovia, au Liberia, les leaders ouest-africains y avaient donné leur accord tout en demandant à la Commission d’examiner les implications d’une telle adhésion conformément aux dispositions du Traité révisé de la CEDEAO, et d’en soumettre les résultats à la 52ème session tenue récemment au Nigeria. Laquelle a en reporté l’examen au début de l’année prochaine.
Le 19 Décembre 2017
Source Web : Libération
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jeudi 21 décembre 2017
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