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Environnement des affaires. Vers la fin de l’attentisme?

Environnement des affaires. Vers la fin de l’attentisme?

La rentrée parlementaire et le prochain démarrage du débat sur le PLF 2018 permettront-ils une réelle reprise politique et économique? L'activité économique, le climat politique et le moral des patrons ont subi l'attente pendant une année entière. Tout le monde espère un vrai redémarrage de l'activité.

Les mondes politique et économique n’ont jamais été aussi connectés. Quand l’attentisme s’installe dans le premier, le deuxième est immobilisé.

Depuis la mi-2016, le Maroc a subi une succession de situations d'inertie et d'attente. A retenir entre autres les pré-législatives, les tractations de Benkirane qui ont duré six mois, les circonstances de l'arrivée du nouveau gouvernement, les guerres intestines au sein du PJD, la préparation des élections partielles et des congrès des partis, les conditions d’élaboration et d’adoption de la première loi des finances estampillée Elotmani… , le mois de ramadan, suivi des vacances estivales et enfin une rentrée automnale sous le signe de la morosité.

Le blocage politique a finalement eu un coût économique élevé, ne serait-ce que sur le moral des chefs d'entreprises. La confiance, facteur déterminant dans l’acte d’investir, n’a pas encore repris, ou alors pas totalement.

"Dans notre secteur, cohabitent deux activités diamétralement opposées. Lorsqu’il s’agit de travailler sur des marchés à l’international, la dynamique est réelle. Mais au niveau du marché local, il y a des freins à tous les niveaux. On ne peut même plus parler d’attentisme. C’est plutôt le sauve-qui-peut. Aucun business structuré ou informel ne peut rivaliser avec la contrebande et les chaînes low-cost. Nous avons multiplié les appels au secours. Le mal est profond. Il faut un courage politique pour y mettre fin. Mais nous n’avons reçu aucun signe positif. Alors qu’il suffit d’une bonne stratégie portée par une décision politique pour régler les problèmes de l’emploi, permettre la densification de l’industrie dans les régions…", estime Mohamed Tazi, DG de l’Amith (Association marocaine de l’industrie du textile et de l’habillement).

"Il faut du temps au nouveau gouvernement pour prendre ses marques. On ne peut pas le juger sur des éléments aussi profonds que l’emploi, l’investissement… et qui exigent des réformes sur le long terme", nuance Hakim Marrakchi, PDG de Maghreb Industries et président de la commission CGEM-international.

La première loi de Finances sous Elotmani doit être sur le bureau du parlement au plus tard le 20 octobre. Mais quelles que soient les mesures de soutien aux entreprises ou l'économie qu'elle pourrait comporter, une loi de Finances suffira-t-elle à relancer l'économie? Quid de l'investissement et du moral des patrons? Une source gouvernementale de haut niveau a partagé avec nous ses propres interrogations à ce sujet.

"Quand on parle d’investissement, il y a certes des principes de fonctionnement qu’il faut revoir, mais qui ne pourront pas être réglés d’un coup de baguette magique. Exemples: l’équité qui n’est pas respectée depuis très longtemps entre les différents intervenants économiques au Maroc, selon qu’ils soient producteurs ou  importateurs. Quand on signe des conventions d’investissement, on reconnaît que le cadre général n’est pas très compétitif et pourtant on le maintient pour les petits opérateurs. C'est dire que certains avantages sont donnés de façon dérogatoire selon des modalités qui sont peut-être justifiables, mais qui ne sont pas équitables sur le plan économique global", ajoute M. Marrakchi.

"Il existe une série de mesures de ce type qu’il faudra détricoter. Cette opération ne se fera pas via la seule loi de Finances. Mais retenons un point positif: aujourd’hui, en tant qu’opérateurs économiques, nous pouvons parler de ce qui ne va pas. Le gouvernement s’est montré attentif, créant les conditions du débat –Ndlr : réunion du 19 septembre entre la CGEM et le gouvernement durant laquelle des sujets prioritaires ont été abordés: délais de paiement, informel, emploi… -. Le discours du Roi a également donné le la en tapant sur la table et en citant le privé comme secteur compétitif. A partir de là, on ne peut plus parler d’attentisme. Des réformes sont plus complexes que d’autres et prendront donc plus de temps que d’autres. Certaines passeront via cette loi de Finances, d’autres devraient attendre", poursuit-il sur un ton optimiste.

"Les problèmes des arriérés de paiement, du manque de confiance, de la faiblesse des investissements… en font partie. Ils ne pourront pas être réglés par un coup de baguette magique".

Mais tout va-t-il si mal?

En face d’un moral en berne dans le monde des affaires, les  indicateurs macroéconomiques "confirment l’entrée dans une phase de dynamique de croissance soutenue", selon les termes utilisés par la direction des études et des prévisions financières (ministère des Finances) dans sa dernière note de conjoncture.

Quelques chiffres à fin août 2017:

- Le pouvoir d’achat des ménages qui devrait s’améliorer en raison de l’évolution modérée du taux d’inflation et de la bonne tenue des revenus des ménages,

- la poursuite de la dynamique de l’export de secteurs phares dont le phosphate, l’agroalimentaire, l’aéronautique et l’électronique. Cette dynamique n’a pas pu enrayer le creusement du solde commercial tiré par le poids de la facture énergétique.

- Les réserves internationales nettes s’établissent à 5 mois et 14 jours d’importation de biens et services.

- Le redressement des crédits bancaires à fin juillet: consommation (+5%), immobilier (+4%), équipement (+11%)…

- La hausse des flux des investissements directs étrangers (+27,6%) augurant de la confiance des investisseurs étrangers...

La croissance devrait atteindre 4,5% pour l'année en cours, voire davantage, selon une source gouvernementale. Des mesures importantes seront prises au profit des entreprises. Certaines passeront via le PLF 2018, d’autres seront annoncées avant la fin de l'année, selon la même source.

Rappelons également que dès janvier 2018, les établissements publics exerçant des activités commerciales obéiront eux-aussi aux règles de la  loi n°49-15 édictant des dispositions particulières relatives aux délais de paiement.

Le 27 septembre 2017

Source web par  Médias 24

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