Le graphique boursier le plus effrayant du monde
A l’aide d’un graphique, l’équipe de Société Générale pointe une anomalie dans le marché de la dette d’entreprises qui pourrait provoquer la prochaine récession.
« Les marchés ont mis trois jours pour digérer le Brexit , trois heures pour digérer l'élection de Trump et trois minutes pour digérer le non au référendum italien . » La formule a été reprise par tous les observateurs de marchés, soulignant la stupéfiante résistance de la planète finance aux grands chocs politiques de l'année 2016. « C'est à se demander si les marchés réagiraient à une invasion de la Terre par les martiens », ironise Albert Edwards, l'un des analystes vedettes de Société Générale.
Pour ce financier au pessimisme légendaire , cette déconnexion est alarmante. Et il en apporte la preuve avec un graphique que l'équipe de la Société Générale baptise tout simplement... « le graphique le plus effrayant du monde ».
Indice de risque plus élevé qu'en 2008 et 2012
De quoi s'agit-il ? D'après un indice créé par trois universitaires américains , le « global economic policy uncertainty index » (EPU), le risque politique et économique n'a jamais été aussi élevé. L'incertitude au niveau mondial dépasse même ses niveaux de 2008 (chute de Lehman Brothers) et de 2012 (la zone euro au bord de l'éclatement). En ces périodes de crise, l'indice avait atteint des pics respectifs de 201 et 218 points. Fin octobre 2016, au dernier comptage, il a bondi à 282 points !
Or, dans le même temps, sur le marché de la dette d'entreprise, le niveau des « spread » - la prime de risque ou la rémunération supplémentaire demandée par rapport à l'emprunt d'Etat de référence - est resté extrêmement bas. Comme le souligne Guy Stears, spécialiste du crédit chez Société Générale, « la corrélation entre les incertitudes de politique économique et les spreads de crédit était serrée [lors des précédentes crises]. Quand l'incertitude montait, les spreads suivaient le mouvement. Mais la situation actuelle est très différente ». Selon l'analyste, étant donné le niveau actuel d'incertitude, les « spreads » devraient être deux fois plus élevés.
Le marché des obligations d'entreprises, foyer d'une future crise
Comment expliquer cette anomalie? En Europe, la situation peut s'expliquer par l'action de la Banque centrale européenne, qui, en procédant à des achats massifs de dette d'entreprise , a fait chuter les primes de risques. Mais la tendance est la même outre-Atlantique. Selon Société Générale, sans même prendre en compte la question de l'incertitude politique, le seul niveau d'accumulation de dette par les entreprises - notamment les plus mal notées - justifierait une hausse des primes.
Ce faible « coussin de sécurité » pourrait se révéler bien insuffisant si les taux continuent de remonter, ce qui semble de plus en plus probable. Avec le risque que les marchés aient beaucoup plus de mal à absorber le choc. Mais les conséquences pourraient être plus importantes encore. Le Cassandre Albert Edwards estime que le marché de la dette d'entreprises américaines pourrait constituer le « vortex à l'origine de la prochaine récession ».
Le 03 Janvier 2017
SOURCE WEB Par Les Echos
Les tags en relation
Les articles en relation
États-Unis. Le doute s’empare de la Maison-Blanche
Les deux premières semaines du mandat présidentiel de Donald Trump ont provoqué de nombreuses contestations, au point de faire douter jusque dans les couloir...
CHANGEMENTS CLIMATIQUES Donald Trump et son rival démocrate, Joe Biden, s’opposent sur les causes
Le Président TRUMP en pleine CAMPAGNE assure que les incendies sont dus à une simple mauvaise "gestion forestière" et ce alors que les experts et élus démo...
Marocanité du Sahara : L’ambassadeur US en Israël promet d’accélérer l’opérationnalisatio
La reconnaissance par l’administration Trump de la marocanité du Sahara entre dans sa deuxième année. Une décision que le président Joe Biden n’a pas a...
Obama rappelle à Trump combien la question israélo-palestinienne peut être "explosive"
Le président américain Barack Obama s'est dit mercredi "profondément inquiet" face au conflit israélo-palestinien, lors de sa dernière conférence de p...
Procédure de destitution votée, cela se complique pour Donald Trump
Dans sa lancée de la procédure de destitution du président américain, la Chambre des représentants proposait au vote ce jeudi 31 octobre 2019, une résolut...
« Boris la menace » : Premiers pas vers un Brexit à tout prix
Le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson prétend résoudre la crise du Brexit qui dure depuis trois ans en trois mois seulement. Il réunit jeudi ...
Feu vert des 27 pour lancer des négociations «intenses»
Les 27 ont donné leur feu vert pour lancer des négociations «intenses» sur le Brexit avec les Britanniques, ont indiqué vendredi des sources européennes, ...
Message du roi Mohammed VI au président américain Donald Trump
Le roi Mohammed VI a adressé un message de félicitations au président des Etats-Unis d'Amérique, Donald Trump, à l'occasion de la fête de l'In...
La défaite des États-Unis en Afghanistan : un désastre annoncé
Pressés de quitter l’Afghanistan, les États-Unis ont fini par négocier avec les Taliban et marginaliser leurs alliés locaux. Pour beaucoup, considérer le...
Royaume-Uni Le Brexit réduit à néant les investissements dans l’automobile britannique
La production de voitures a chuté de 20% à 1,7 million au premier semestre. Ph. DR Les investissements dans l’industrie automobile britannique se réduis...
Les Etats-Unis ne mettent pas leur veto à la résolution de l'ONU contre les colonies israéliennes
Surprise à l'ONU. Ce vendredi 23 décembre, une résolution réclamant l'arrêt de la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens a ét...
Le Sahara occidental au menu du Conseil de sécurité de l’ONU sur fond de rupture entre Alger et
La situation dans l’ancienne colonie espagnole s’est « fortement dégradée » depuis la rupture il y a près d’un an du cessez-le-feu observé depuis 19...