Le Maroc na toujours pas tenu ses engagements avec le FMI
Compensation, déficit commercial et dépenses du personnel explosent Déficit budgétaire: On est loin du compte Attention à l’inertie sur la réforme des retraites La structure des dépenses du budget général entre avril 2011 et avril 2012 fait ressortir une hausse des dépenses du personnel et de la compensation au détriment de celles de l’investissement et du matériel Le Maroc est-il en phase avec les engagements pris auprès du FMI ? Du moins pour l’exercice 2011. La croissance économique a été de 4,8%, l’inflation limitée à 1,3% et le déficit budgétaire de 6,2% du PIB (50,1 milliards de DH). Dans un contexte de quasi-récession des principaux partenaires du Maroc, le taux de croissance est plutôt correct. Par contre le creusement des déficits jumeaux budgétaires et de la balance des comptes courants éloigne des engagements du gouvernement envers le Fonds Monétaire international. Le déficit extérieur paraît en effet, plus problématique que celui des finances publiques. Car, le dernier procède d’un choix volontaire de soutenir le pouvoir d’achat via la politique de compensation. Autrement, il n’y aurait pas eu déficit budgétaire dans la mesure où les montants alloués au soutien des produits de base, ont atteint 48,8 milliards de DH en 2011. En revanche, le déficit extérieur, est surtout lié à la faiblesse de l’offre exportable et dans une moindre mesure à la crise qui sévit en Europe. Le tout exacerbé par un modèle de croissance basé sur une demande intérieure en pleine expansion mais qui profite plus à l’import. Or, le rapport du FMI, publié à l’automne 2011, a axé ses recommandations sur trois fondamentaux: les finances publiques, la politique monétaire et la balance des paiements. Ceci, en prenant acte des engagements du gouvernement à ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB et le ratio de la dette/PIB à moins de 50% tout en augmentant les investissements et les dépenses de lutte contre la pauvreté. Surtout que la nouvelle Constitution fait désormais obligation au Parlement et au gouvernement de veiller à la maîtrise des équilibres des finances publiques. Mais le projet de la loi organique des finances tarde à être finalisé. La réforme du système de compensation et des régimes publics de retraites a été également actée par le Fonds Monétaire International. Mais là aussi point d’avancées. Certes des études et différents scénarios ont été produits mais aucune action concrète n’a été lancée pour la réforme. «L’augmentation des subventions et des salaires de la fonction publique en réponse aux demandes sociales a mis à mal l’équilibre des finances publiques à moyen terme», souligne le rapport. Le FMI préconise plutôt la réforme du système de compensation jugé «coûteux, inefficace et inéquitable», et un meilleur ciblage des produits à subventionner. Le FMI signale par exemple l’urgence de réformer les subventions du pétrole et du gaz butane tout en soulignant que cette mesure pourrait attirer au Maroc les foudres de certains lobbys. Mais à moyen terme, selon le rapport, «l’objectif des autorités marocaines est de limiter le coût des subventions y compris les transferts sociaux ciblés à 3% du PIB contre 5,7% en 2011».Le FMI préconise également la réforme du taux de la TVA afin de ne pas entraîner un déficit dans les comptes publics qui atteindrait, selon les estimations du fonds, les 7,5%. Il conseille également un assouplissement du régime des changes, qui doit s’accompagner obligatoirement de la réforme du système de compensation afin d’en assurer la viabilité budgétaire. L’évolution du régime des changes pourrait ainsi stimuler la compétitivité économique. Dans ces conditions, la croissance pourrait atteindre 4,5%, voire plus en 2012. Et si «la maîtrise des fondamentaux se maintient et que les réformes structurelles sont mises en œuvre» le fonds prédit même une croissance de 6% à terme. A défaut, la crise européenne pourrait annihiler les progrès réalisés sur la dernière décennie. Et déjà, les transferts des MRE et les recettes de voyage n’arrivent que légèrement à atténuer le déficit du compte courant face à l’explosion des importations. A fin mai, le déficit de la balance des marchandises dépassait la valeur des exportations. Chute libre des investissements Les indicateurs des quatre premiers mois 2012 donnent à réfléchir. Selon les données du ministère de l’Economie et des Finances, les dépenses ordinaires sont en hausse de 20,3% par rapport à la même période de 2011. Elles résultent de l’augmentation de 64%, des charges de la compensation et de la hausse de 16,7 des salaires. Les charges en intérêts de la dette ont flambé de 22,7%. Alors que les dépenses d’investissements ont chuté de 33,2% passant de 16,3 milliards de DH à fin avril 2011 à 10,9 milliards au terme des quatre premiers mois de 2012. Dans le détail, les dépenses de la compensation ont atteint 16,5 milliards de DH contre 10 milliards à fin avril 2011. Les salaires servis par la Trésorerie générale du Royaume sur la même période ont atteint 32,3 milliards de DH contre 27,7 milliards, une année auparavant. Ceci, en raison de l’impact des recrutements, des promotions et de la hausse de 600 DH décidée dans le cadre du dialogue social avec effet à partir de mai 2011. SOURCE WEB Par A. G. L’Economiste