Plan Azur l'Etat reprend en main la réalisation des stations balnéaires
Il veut sécuriser la construction des stations par le biais de la Caisse de dépôt et de gestion et la Société marocaine d'ingénierie touristique. Des négociations sont en cours avec les aménageurs pour reconfigurer les tours de table. Le nouveau modèle de partenariat expérimenté à SAIDIA. Il se confirme de plus en plus que les pouvoirs publics sont en train de changer leur fusil d’épaule pour faire avancer les chantiers du plan Azur, c’est-à-dire la construction des stations balnéaires prévues par la Vision 2010 et réinscrits dans la Vision 2020, faute d’être achevés ou entamés. En effet, devant les défaillances des investisseurs étrangers, les valses dans les tours de table et toutes sortes d’embûches qui n’ont épargné aucune des 6 stations balnéaires, le gouvernement, par le bais de la Société marocaine d’ingénierie touristique (Smit) est en train de renégocier tous les contrats avec les aménageurs développeurs en adoptant une approche nouvelle consistant à redimensionner ces stations et à donner la priorité à la partie hôtelière et d’animation. Le rythme de développement des parties résidentielles est laissé à la discrétion des promoteurs immobiliers qui en ont la charge. Ainsi, et selon une source à la SMIT, l’Etat ne cherche plus, comme par le passé, des aménageurs développeurs pour ériger plusieurs établissements hôteliers, mais uniquement des développeurs. En d’autres termes, en tirant les leçons du passé, il est déterminé à se donner les moyens de faire avancer les projets sans rester à la merci du bon vouloir d’investisseurs qui jettent l’éponge à la première alerte. Les infrastructures de base n’ont pas suivi à Saïdia La nouvelle configuration du nouveau tour de table de Saïdia est à cet égard édifiante. Désormais, ce sont la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et la SMIT, à travers le Fonds marocain d’investissement touristique (SMDT) qui tiennent les rênes. Il faut dire que cette station de l’Oriental dans laquelle on avait placé beaucoup d’espoir pour le développement de la région, s’est avérée, en raison de son isolement, et aussi en raison de la pauvreté des infrastructures de base environnantes, incapable de constituer un moteur de développement. De surcroît, et à cause d’une communication surdimensionnée sur la station, on semble avoir découvert sur la tard, qu’il s’agit d’une station saisonnière qui a besoin de beaucoup de temps pour s’asseoir comme destination de premier ordre. En témoigne les commerçants de la Marina qui sont en train de se rouler les pouces et demandent à ce que leur contrat de location soit reconsidéré. Ouverte en 2009, cette station abrite trois hôtels, l’ex-Barcelo (600 chambres) repris par Atlas Hospitality, Ibérostar (484 chambres) et Be Live (488 chambres). Loin de Saïdia, c’est le même schéma de reprise en main qui a aussi été adopté à Taghazout qui a connu plusieurs embûches et dont le tour de table est aujourd’hui stabilisé autour de la CDG, la SMIT, Alliances Développement et le consortium Sud Partners, un actionnariat marocain, pour donner un nouveau départ à la station avec un investissement qui dépasse les 10 milliards de DH. L’Etat met la pression sur Kerzner pour la 2e tranche De source bien informée, on apprend que des négociations sont aussi en cours avec les aménageurs des autres stations, en l’occurrence Alliances pour la station Lixus pour reconstituer le tour de table. Bien qu’ayant réalisé une partie du volet résidentiel, ce groupe immobilier peine à faire émerger des hôtels dont l’ouverture du premier était prévue pour l’été 2011. La même approche est menée pour la Société d’aménagement d’Essaouira Mogador (SAEMOG) parce que la station, l’une des plus prometteuses du plan Azur qui abrite un Sofitel de 140 chambres, a besoin d’atteindre une taille critique pour pouvoir être commercialisée dans les règles de l’art. Même Mazagan dont la première tranche de 500 chambres a été développée par Kerzner, aménageur développeur et gestionnaire de sa propre enseigne, l’Etat met la pression pour que la deuxième tranche soit lancée. L’on assiste là aussi à des négociations pour le remodelage du tour de table. Ce qui est sûr, c’est que pour les tranches à venir, il n’y aura pas la même configuration que pour la première, c’est-à-dire que les pouvoirs publics cherchent à peser plus sur la décision en faisant rentrer des organismes publics dans le capital. Six stations : loin des ambitions affichées au moment du lancement de la Vision 2010 Le plan Azur, colonne vertébrale de la Vision 2010 pour le tourisme, lancé en 2001, suite à la signature du contrat programme entre le gouvernement et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), visait la construction de 6 stations balnéaires nouvelle génération (Taghazout, Mogador, Saïdia, Mazagan, Lixus et plage Blanche) pour diversifier et structurer l’offre balnéaire nationale, avec comme corollaire, accueillir 10 millions de touristes dès 2010. Ce dernier objectif a été presqu’atteint, puisque l’année 2010 a été clôturée avec 9,3 millions arrivées aux frontières, soit 5 millions de plus qu’en 2001, année de base durant laquelle le Maroc avait reçu 4,3 millions de visiteurs. Sauf que cette performance n’a pas été réalisée grâce aux nouvelles stations balnéaires prévues par le plan Azur, mais à la progression du tourisme, avec le développement du trafic aérien et de la capacité litière. C’est l’exemple de Marrakech dont la capacité d’hébergement est passée de 20 000 lits en 2001 à 43 000 lits en 2009 et tend vers les 60 000 lits hôteliers classés en 2012, sans parler de l’hébergement non classé et informel. De fait, on est loin des ambitions affichées au moment du lancement de la Vision 2010, ambitions maintenues jusqu’ en 2010, ne serait-ce que pour le volet hôtelier. En effet, les trois unités hôtelières de Saïdia sont insignifiantes quand on se réfère au plan d’aménagement de la station qui prévoyait 29 unités hôtelières (9 hôtels, 8 résidences touristiques ,12 villages de vacances). Il en va de même pour Mogador où était prévue la construction de 11 unités hôtelières et d’une zone de maisons d’hôtes totalisant 6 800 lits. SOURCE WEB Par Mohamed Moujahid. La Vie éco