Au Maroc, les filles sont plus studieuses que les garçons
SCOLARITÉ - C’est l’un des enseignements des résultats du baccalauréat de cette année (et des précédents aussi). Les filles obtiennent toujours de meilleures notes que les garçons aux examens du baccalauréat. Les chiffres sont encore là pour le prouver.
Selon le ministère de l’Education, 158.933 candidats et candidates ont réussi au total l’examen du baccalauréat au terme de la session ordinaire de juin 2016. Chez les filles, le taux de réussite a atteint 48,69% alors que du côté des garçons, seuls 39,69% ont réussi à décrocher leurs diplômes.
L’année dernière aussi, l’écart entre les deux genres était bien perceptible. En 2015, 49.79% des filles avaient obtenu leur bac, contre 41.23% chez les garçons. Idem en 2014 avec 43,06% de taux de réussite chez les filles contre 36,25% chez les garçons). Et ce n’est pas tout.
Les filles major de promo nationales
Les meilleures notes au baccalauréat sont aussi généralement décrochées par les filles. Avec une note moyenne de 19,32, Nihal Chahbar est la meilleure bachelière du Maroc en 2016. La deuxième meilleure note (19,21) a été obtenue par Kassab Oumaima (encore une fille).
Pour la session ordinaire du baccalauréat 2015, les cinq premières notes enregistrées au niveau national ont été obtenues par des filles. À leur tête, Imane Moutaz Billah, originaire d’El Jadida, diplômée dans la branche sciences de la vie et de la terre (SVT), avec 19,46/20 de moyenne.
C’est le cas aussi ailleurs. En France par exemple, Marine Lo Iacono a décroché son bac scientifique avec mention "très bien", mais surtout, avec 21,05 de moyenne générale. Elle a ainsi obtenu la meilleure note de bac en France.
Mais pourquoi donc les filles réussissent-elles mieux que leurs compagnons de classe au masculin ? Plusieurs ministères et organisations dans le monde se sont intéressés à la question.
Un phénomène universel
Parmi ces études, on trouve le rapport "Filles et garçons sur le chemin de l'égalité, de l'école à l'enseignement supérieur", publié par le ministère français de l’Education nationale le 6 mars, soit deux jours avant la Journée internationale des droits des femmes :
"Plusieurs constats peuvent être tirés de ces données. Tout d’abord, les garçons réussissent toujours moins bien que les filles à l’école. Ils ont plus souvent des difficultés en lecture et poursuivent moins souvent des études longues: 17 % des garçons sortent de formation initiale sans diplôme, contre 12 % des filles.
Les filles obtiennent plus souvent le baccalauréat et plus souvent avec une mention 'bien' ou 'très bien', notamment en série S. Cette réussite scolaire des filles ne se traduit cependant pas dans la situation professionnelle à la sortie du lycée ou de l’apprentissage : à diplôme équivalent, les filles s’insèrent moins bien dans l’emploi que les garçons", explique-t-on dans le rapport.
L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) s'est elle aussi penchée sur le sujet. Selon une étude publiée en mars 2015 et relayée par Le Monde sur les élèves des 18 pays membres de cette organisation européenne, "les garçons de 15 ans consacrent en moyenne une heure de moins par semaine que les filles aux devoirs (5,5 heures, contre 4,5). Ils passent en revanche plus de temps devant Internet, les ordinateurs et les jeux vidéos ; ils lisent moins. Il leur arrive plus souvent de sécher les cours et d’arriver en retard".
Une question d'exigence?
D'après le chercheur québécois Egide Royer, spécialiste de la question et auteur de Pour la réussite des garçons à l’école, interrogé par Le Monde, "c’est en lecture que la différence est la plus marquée entre les deux sexes. Les garçons consacrent moins de temps à lire que les filles ; ils disent préférer regarder la télévision et considèrent souvent la lecture comme une activité féminine".
Comment expliquer l'écart de réussite? Selon plusieurs recherches faites sur le sujet, l'écart est dû non à une différence de cerveau, mais d’éducation. "Des filles, on attend qu’elles soient sérieuses et appliquées, voire ‘dociles’. Quant aux garçons, on considère presque normal qu’ils soient agités. Conséquence, les filles adoptent très jeunes des comportements qui vont leur permettre de mieux réussir à l’école. Elles lisent davantage et leurs cahiers sont plus soignés. Elles sont également moins absentes ou en retard aux cours et plus rarement renvoyées de classe", résume L'Etudiant dans un dossier consacré à la question.
Toujours est-il qu'en 1995, la neurobiologiste et directrice de recherche de l’Institut Pasteur avait tenté à trouver une explication cérébrale à cet écart intellectuel entre les hommes et les femmes. La chercheuse avançait, expériences à l’appui, que l’aptitude au langage mobilisait les deux hémisphères cérébraux chez les femmes, alors que les hommes n’en utilisaient qu’un seul. Cette théorie a été cependant infirmée par la suite dans plusieurs études, comme le relate Le Monde.
Le 23 Juin 2016
SOURCE WEB Par Huff Post Maghreb
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