Le CAM lance une opération de réhabilitation financière : Le Crédit agri
Vendredi 4 Mars 2011 Bonne nouvelle pour les petits et moyens agriculteurs : le Groupe Crédit Agricole du Maroc (CAM) vient de lancer une opération de réhabilitation financière à leur profit. Elle concerne aussi bien les agriculteurs ayant des impayés que ceux à jour et honorant régulièrement leurs échéances. Elle porte sur l'annulation des pénalités de retard et le réaménagement des encours. Des formules de financement, sous forme de pack par filière sont proposées et seront appuyées par l'expertise technico-financière interne au groupe CAM. L'objectif est de donner un nouvel élan à la petite agriculture et la faire bénéficier de la dynamique du Plan Maroc Vert En effet, le Crédit Agricole du Maroc s'est engagé à accompagner les projets initiés dans le cadre du Plan Maroc Vert à travers ses 3 systèmes de financement et en mobilisant une enveloppe de 20 milliards de dirhams pour la période 2009-2013, répartie en 1 MMDH à travers le micro-crédit, par le biais de la Fondation Ardi pour le microcrédit, 5 MMDH à travers la Société Tamwil El Fellah et 14 MMDH à travers le Crédit Agricole du Maroc. Le CAM compte près de 95.000 agriculteurs, dont 58.000 clients qui ne s'acquittent pas régulièrement de leurs dettes et 30.000 à 35.000 autres qui honorent régulièrement leurs échéances. Pour plusieurs agriculteurs endettés, l'opération de réhabilitation financière va constituer une vraie bouée de sauvetage. Une sorte de porte de sortie de crise pour une situation lamentable qui a tant duré. « Nos dettes et nos arriérés vis-à-vis du CAM, sont importants. Ils sont devenus une vraie menace pour nous et ont chamboulé notre existence », nous a déclaré Abdelwahad Saadia, client et membre d'une association d'agriculteurs, avant d'ajouter que beaucoup de ruraux vivent dans la peur de voir leurs biens saisis et sombrent de jour en jour dans le surendettement. « Si plusieurs jugements du tribunal de commerce ne sont pas encore exécutés, il reste qu'on vit dans une peur permanente », nous a-t-il confié.Pour lui, si le nouveau dispositif a été bien accueilli par les agriculteurs, il reste que ces derniers sont sceptiques. Ils s'interrogent sur les critères de choix des dossiers et les conditions d'éligibilité à ce dispositif. Ceci d'autant plus qu'une majorité d'entre eux estiment que les subventions, les exonérations et l'aide de l'Etat ont toujours profité aux grandes et moyennes exploitations, qui peuvent se passer de ces dons de l'Etat au détriment des petits agriculteurs. M. Abdelwahad se souvient encore avec amertume de l'amnistie fiscale de 2008 qui a concerné seulement quelques agriculteurs de la commune de Chtouka dans la province d'El Jadida et a exclu une grande majorité de personnes endettées jusqu'au cou et fortement touchées par les effets de la sécheresse. Notre interlocuteur se demande également sur le timing de l'annonce de cette nouvelle opération du CAM. Il se demande aussi si le nouveau dispositif est une réponse directe aux nombreuses lettres adressées au ministère de l'Agriculture et d'autres instances étatiques par plusieurs agriculteurs endettés ou si elle n'est qu'une simple opération de marketing qui s'inscrit dans la stratégie de lutte de la banque contre ses concurrents qui ont commencé à grignoter des segments importants de la clientèle de la banque verte. Mais, quelle que soit la réponse, le Maroc vit aujourd'hui une transition agricole vers des agricultures plus productives et rentables qui constitue un grand défi aux institutions financières rurales et qui demande de nouveaux instruments de travail. Les banques sont appelées désormais à adapter leurs produits de crédit, à réduire les coûts de transaction et à atténuer le risque du portefeuille des prêts. Pour certains observateurs, les services financiers à l'agriculture ne pourront être efficaces que s'ils sont insérés dans une économie rurale active, soutenue par des services fonctionnels (approvisionnement en intrants, commercialisation, conseil agricole et rural pour l'amélioration des techniques de production et de gestion, systèmes d'information sur les marchés, etc). Ainsi, un partenariat entre les acteurs financiers et autres prestataires de service en matière d'appui aux emprunteurs est fortement sollicité. SOURCE WEB Par Hassan Bentaleb Libération