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Le moussem de Tan Tan, patrimoine oral de l'humanité

Le moussem de Tan Tan, patrimoine oral de l'humanité

Farida Moha Le matin LE MATIN: Pouvez vous nous présenter cet ouvrage, "Le Moussem de Tan-Tan" ? AHMED JOUMANI: La reconnaissance du Moussem de Tan-Tan est le fruit d'un long processus d'inscription dans le patrimoine national et la reconnaissance dans le patrimoine international. Le livre du Moussem de Tan Tan s'articule autour de la description de l'inventaire globale des composantes du patrimoine saharien et des spécificités de l'environnement humain naturel et symbolique de ce patrimoine immatériel qui se fragilise avec le temps et qui comme d'autres cultures traditionnelles sont menacés. D'où l'importance du travail de l'UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine vivant et du patrimoine culturel immatériel qui favorise la diversité culturelle et qui a fait l'objet d'une convention ratifié par le Maroc dés son entrée en vigueur. Parmi les chefs-d'œuvre de l'expression culturelle et des espaces culturels représentatifs à travers le monde, la place de Jemaâ el-Fna y est inscrite comme le moussem de Tan Tan qui réunit plus d'une trentaine de tribus nomades du Sahara et qui a été proclamé chef-d'œuvre par l'UNESCO Quelles sont les composantes du patrimoine culturel saharien ? Il se décline sous plusieurs formes avec la tradition pastorale avec la Khayma, la culture orale hassanie des populations nomades de tout l'Ouest saharien avec la poésie, les contes et les proverbes, l'art culinaire et vestimentaire, la médecine traditionnelle, l'artisanat témoin d'une créativité et d'un savoir-faire exceptionnel. Toute cette culture est liée à l'environnement, c'est-à-dire à l'aridité du désert et au mode de vie de transhumance qui ont appris aux nomades à être autonomes et en même temps extrêmement créatifs et proches de nous. On ressent, en effet, la charge symbolique et identitaire que nous renvoie la présentation de l'esprit nomade. On ressent cette trace de cette culture nomade et sahraouie en en appréciant son authenticité, sa spécificité et son universalité. De là, sans doute, une obligation ardente de protéger, de préserver, de valoriser, de pérenniser ce patrimoine en se rappelant nos origines dans ce Maroc saharien et donc d'assurer une régularité du Moussem. Ce livre arrive, de manière construite et cohérente, à nous donner un aperçu sur toutes ces composantes qui sont la résultante d'un patrimoine. Le but c'est la présentation de cette civilisation saharienne mais aussi l'impérieuse nécessité de préserver ce monde si fragile par nous les Marocains mais pas seulement, car il y va de la responsabilité de tous. C'est ce qu'a compris le DG de l'UNESCO de l'époque, Koitchiro Matsuura qui était présent lors du Moussem de Tan Tan célébré le 18 septembre 2004 en présence de S.A.R. le prince Moulay Rachid et sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi. M. Matsuura a, du reste, qualifié l'ouvrage d'illustration parfaite de l'engagement du Maroc en faveur de la sauvegarde de ses cultures traditionnelles les plus représentatives et constitue un bel hommage aux cultures nomades par Kitin Munoz, l'un des auteurs de l'ouvrage qui est également ambassadeur de bonne volonté auprès de l'UNESCO. Ce livre, souligne l'ex-DG de l'UNESCO, constituera un des ouvrages de référence qui contribuent à la promotion de la sauvegarde du patrimoine immatériel du Maroc et de l'humanité toute entière ». C'est un message fort en terme de responsabilité de nous tous, mais aussi de rapprochement avec les autres cultures nomades. Dans l'introduction de l'ouvrage, il est dit que le Moussem, dés son origine, a réuni tout un « festival de tribus du Sahara, et de chameaux venus du Maroc, de la Mauritanie, du Sénégal, du Niger, du Mali et d'ailleurs. Le moussem, en fait, était un véritable carrefour ? Oui, c'était un espace fédérateur et Tan Tan est une charge symbolique au niveau de l'identité saharienne. Après l'opération écouvillon, des tribus entières étaient remontées vers Tan Tan pour fuir les bombardements. Elles ont construit le noyau, le foyer qui est un véritable espace fédérateur où l'on trouve toutes les fractions du Sahara. En cela, Tan Tan est un lieu unique, car chacun a une parcelle de nostalgie. C'est un creuset pour le patrimoine et la passion identitaire est toujours là Mais on ne parle pas que du passé. Dans l'ouvrage, on évoque également la «Mémoire de demain» et le «Patrimoine du futur» car il s'agit de préserver cette relation qui existe entre le Maroc et les populations sahariennes ? Pour comprendre cette question de passé, d'avenir et de survie des expressions culturelles traditionnelles, il faut lire et relire cette très belle préface de l'ex-directeur général de l'UNESCO, M. Matsuura qui a donné la priorité à l'action de l'UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine vivant. Que dit M. Matsuura ? À l'ère de la mondialisation, constate-t-il, les processus en cours menacent la survie des expressions culturelles des peuples. Le patrimoine culturel immatériel a été reconnu comme étant un facteur essentiel pour le maintien de la diversité culturelle du monde. D'où la mise en place d'une stratégie et de l'adoption d'une convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel que le Maroc a rapidement signé. En 2001, 2003 et 2005, l'UNESCO a proclamé 90 chefs-d'œuvre de plus de 70 pays parmi lesquelles le patrimoine de Jama el-Fna de la ville de Marrakech, et le Moussem de Tan Tan qui fait vivre la civilisation du désert. Il faut donc continuer à sensibiliser la communauté internationale sur la nécessité de sauvegarder ces patrimoines, il y va de la diversité du monde. SOURCE WEB Par Farida Moha Le Matin