Transition énergétique Le Maroc montre la voie

Avec le plan solaire, le Royaume est devenu «l’un des pays les plus innovants»
Une expérience d’électrification exportable vers les Etats subsahariens
Plaidoirie pour un marché régional intégré d’électricité
En lançant le plan solaire, «le Maroc a très vite compris qu’il peut miser sur ses atouts», constate Rachida Dati. Elle n’a pas hésité à recadrer Ban Ki-moon, sans le nommer, en avançant que «ceux qui s’attaquent au Royaume doivent épargner leur énergie et prendre l’exemple de ses réalisations» (Ph. AFP)
«La quasi-totalité des guerres est liée à des facteurs énergétiques». Le constat de Rachida Dati, euro-députée, au Crans Montana Forum, montre le caractère vital des ressources en énergie. Surtout «qu’on ne peut pas parler de développement économique et social en l’absence d’une sécurité énergétique», a noté, pour sa part, Amina Benkhadra, DG de l’Onhym. D’où l’importance de doter les Etats africains de solutions pour assurer leur approvisionnement en énergie. Il s’agit du continent le moins électrifié, avec à peine 38%. Globalement, «l’Afrique consomme 16 fois moins d’énergie que la moyenne mondiale par habitant», a indiqué Toufiq Mouline, président de l’Institut royal des études stratégiques (IRES).
Face à la demande énergétique de plus en plus importante dans le continent, il est urgent de résorber le gap. Sauf que les ressources utilisées restent, pour le moment, «conventionnelles, polluantes et coûteuses», selon Benkhadra. Or, le potentiel est énorme en Afrique, notamment pour le développement d’énergies renouvelables, grâce à l’abondance du soleil et du vent. Le continent est appelé à franchir le pas pour que son «développement se fasse dans une approche énergétique propre», a-t-elle ajouté. D’où la nécessité de «renforcer la coopération et la coordination dans ce domaine». Le Maroc, qui a déjà lancé des plans solaire et éolien, avec une agence chargée de chapeauter le déploiement de la stratégie des énergies renouvelables, peut jouer un rôle décisif dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Il s’agit d’un pays qui «a très vite compris qu’il peut miser sur ses atouts, même si ses émissions en gaz à effet de serre restent limitées», a rappelé l’ancienne garde des Sceaux française. Le Maroc émet à peine 2,7 tonnes par habitant et par an, au moment où l’Europe affiche un taux de 7,3 tonnes, pour une moyenne mondiale de 4,9 tonnes. Et au-delà de répondre aux besoins en approvisionnement énergétique en Afrique, il s’agit aussi «d’une opportunité de croissance et de création d’emplois», a-t-elle dit. Gilles Pargneaux, député européen, a plaidé pour «un Plan Marshal au profit de l’électrification du continent». De son côté, Rachida Dati n’a pas fait dans la dentelle en mettant en avant le rôle que peut jouer le Maroc dans ce domaine. «C’est le seul pays à pouvoir aider au développement en Afrique, grâce notamment de la crédibilité dont jouit le Roi dans le continent. Ce ne sont pas des fondations ou des personnalités en mal de reconnaissance dans leurs pays, ou nostalgiques d’une réalité qui n’existe plus en Afrique, qui vont le faire», a-t-elle martelé. Aujourd’hui, de l’avis de plusieurs intervenants, Rabat est devenue l’une des «puissances industrielles les plus innovantes et un leader mondial, notamment grâce au plan solaire».
D’ailleurs, le déploiement de cette stratégie est sur les rails au point où il est prévu de «dépasser l’objectif de 42% du mix énergétique à l’horizon 2020», a fait savoir Mohamed Ali Zerouali, directeur de la coopération à Masen. Ces avancées permettront au Maroc de répondre également à la demande européenne et africaine en énergie. En plus de la connexion du réseau électrique national avec l’Espagne, «nous travaillons actuellement sur le renforcement des lignes vers les provinces du Sud, parallèlement au développement des infrastructures électriques en Mauritanie et au Sénégal», a indiqué Benkhadra. Pour elle, l’objectif est de favoriser «la mise en place d’un marché régional intégré». Gilles Pargneaux a mis l’accent sur l’urgence de relancer le projet de «l’Union de l’énergie». selon lui, «une partie de l’énergie européenne sera produite en Afrique».
Le Maroc pourra également exporter son expertise d’électrification du monde rural vers les Etats subsahariens. Ce «modèle innovateur d’électrification est basé sur des solutions locales, comme les kits solaires pour les zones enclavées, et mis en œuvre dans le cadre d’un financement tripartite, mettant à contribution les populations», a expliqué l’ancienne ministre de l’Energie et des Mines. Autre solution mise sur la table: des projets régionaux, comme des barrages drainant une puissance hydraulique pour la production d’électricité, qui pourraient profiter à 2 ou 3 pays.
Mobilisation pour les Etats du Pacifique
Le Crans Montana Forum a été l’occasion pour le Maroc de mobiliser les efforts en faveur des Etats insulaires du Pacifique, très touchés par les effets des changements climatiques. Cyclones, réchauffement, hausse du niveau de l’eau de mer… autant de catastrophes de plus en plus fréquentes dans ces pays. Cette situation risque par exemple de détruire 60% du PIB du Trinidad, une des îles les plus connues des Caraïbes, comme l’a expliqué son ministre de l’Environnement, Mark Antony Brantley. Celui-ci a tenu une réunion avec ses homologues des autres Etats du Pacifique ainsi qu’avec Hakima El Haité, au siège de la wilaya de Dakhla, vendredi dernier. La ministre de l’Environnement, également envoyée spéciale pour la COP22, a lancé un appel de solidarité internationale avec ces pays. Car il s’agit pour eux d’une «question de survie», a-t-elle indiqué.
Le 21 Mars 2016
SOURCE WEB Par L’économiste
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