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Education nationale : Une charte d’éthique pour les responsables

Education nationale : Une charte d’éthique pour les responsables

Le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle a fait signer aux directeurs des académies régionales et aux directeurs provinciaux, nouvelle appellation des  « délégués », une charte d’éthique et de déontologie dans l’objectif de « consolider les principes de la bonne gouvernance visant une   moralisation de la gestion des affaires publiques, à lier la responsabilité avec la reddition des comptes et à installer durablement un sentiment et une culture  d'appartenance au secteur ».

Une initiative louable dans un secteur budgétivore  qui souffre de dysfonctionnements multiples et que les résultats se font toujours attendre. Mais le pire destin pour une charte déontologique  serait de ne pas la faire vivre. C’est-à-dire  de ne pas prévoir des mécanismes de contrôle susceptibles d’inscrire  l’engagement dans la durée  pour passer des bonnes intentions à la mise en œuvre effective dans toutes les pratiques professionnelles des responsables du secteur .

Tout non-respect constaté dans l’application de la charte doit être immédiatement traité, mesuré et suivi. Tout écart est à sanctionner.

Mais force est de constater que malgré plusieurs rapports des inspections dépêchées par le ministère de l’Education lui-même, par la Cour des Comptes sur les dysfonctionnements, voire dans certains cas de dilapidations de fonds publics concernant le fameux plan d’urgence, l’opacité est totale et aucun responsable n’est amené à rendre des comptes sur ces affaires qui relèvent du pénal. Comment donc spéculer sur le respect d’une charte pour des responsables qui ont transgressé parfois les lois en vigueur ? Ils n’ont pas eu peur de la répression légale, seront-ils sensibles à la prévention que cherche la charte ?

Ne fallait-il pas commencer par assainir le secteur, rendre publics tous les rapports sur le plan d’urgence, poursuivre, le cas échéant, les accusés de dilapidations de fonds, saisir l’occasion des nouvelles nominations pour écarter tout responsable suspecté avant de se lancer dans l’optique d’une charte d’éthique ?

Autre bémol, pour entraîner l’adhésion de tous les responsables dans ce secteur, cette charte devait impliquer les directions des établissements, les chefs de divisions et de services et même les enseignants afin de réussir la mobilisation de tous les acteurs et créer les conditions de l’efficience du dispositif. Faire signer les responsables régionaux et provinciaux en grande pompe donne l’impression de succomber à une mode et interroge  les motivations affichées par le ministère.

Si cette charte de déontologie s’inscrit dans une démarche d’amélioration des pratiques professionnelles, elle devrait s’adresser à  tout le personnel du ministère de l’Education et devrait essayer de réguler une situation de fait, que le droit ne régule que d’une manière insuffisante, l’exemple criard dans ce secteur, ce sont les pratiques en classe.

Tout le problème de l’enseignement-apprentissage se situe en classe et toutes les réformes ont échoué par leur incapacité à accéder dans les classes. On peut contrôler les absences et retards des enseignants, les directions des établissements sont là pour rendre compte de chaque situation. Mais dès qu’un enseignant ferme les portes de la classe, il est face à son sentiment du devoir. Et là, oui, une charte déontologique pourrait être envisagée.

Pour les responsables régionaux et provinciaux, la législation en vigueur, à condition de la faire respecter, est suffisante. Evaluer leurs actions, surtout dans l’octroi des marchés publics et le respect de la législation en matière de nomination, mutation, affectation, octroi des logements de fonction  avec  transparence, équité et sans discrimination et surtout sanctionner à temps toute entorse à la loi est susceptible de leur faire prendre conscience qu’ils sont comptables de leurs actions . Et c’est exactement cela le principe de lier responsabilité et reddition des comptes. Tout le reste n’est qu’opération de communication et mode passagère vouée à s’estomper.

Le 09 Mars 2016
SOURCE WEB Par L’opinion

 

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