Religion et droit, un audacieux colloque scientifique à Rabat
Salah El Ouadie, président du Mouvement Damir, récidive avec une initiative pertinente et audacieuse: une seconde édition du colloque “religion et droit“.
La religion, c’est la vérité révélée et d’ailleurs beaucoup de théologiens la considèrent comme intégralement immuable.
D’autres, théologiens ou pas, philosophes ou penseurs, juristes ou laïcs, trouvent une part d’immuable dans la religion et une (importante) part temporelle.
L’Etat moderne, celui que l’on appelle l’Etat de droit et Etat démocratique, est un Etat où le droit jouit d’une autonomie totale. Autonomie dans le sens d’une réflexion et d’une élaboration déconnectée du passé et sourcée uniquement dans le contexte de l’époque actuelle.
La dialectique entre l’immuable et le temporel, entre le passé et le présent, entre la charia construction humaine et l’autonomie du droit, est une question féconde, et surtout d’une forte actualité.
Deux exemples en passant: la moudawana marocaine de 2003, à laquelle s’étaient opposées (avant l’onction royale) des cohortes de dizaines de milliers de manifestants, fait aujourd’hui l’unanimité ou presque. Peut-on dire que le statut actuel de la femme marocaine n’est pas musulman? Le second exemple concerne la constitution tunisienne où on a bien vu à l’œuvre la dialectique entre l’ordre ancien et l’ordre nouveau avec le résultat extrêmement mitigé que l’on sait.
La question se pose dans tous les pays musulmans, à des degrés divers, avec des réponses diverses, mais elle est sur toutes les lèvres et elle est déterminante pour l’avenir.
Ali Mezghani, le grand juriste tunisien, lui a consacré un ouvrage superbe et définitif: “L’Etat inachevé. La question du droit dans les pays arabes“ (Gallimard). Il y démontre comment certaine charia est incompatible avec la notion d’Etat de droit. Il est d’ailleurs invité au colloque et sera peut-être parmi nous, à côté d'invités du Maghreb, du Machrek et d'Europe.
Selon le document de présentantion, le colloque soulèvera “des sous-interrogations afin de formuler quelques éléments susceptibles d’éclaircir cette problématique centrale:
“a- L’Islam serait-il, contrairement à toutes les religions, à la fois Etat et religion? L’Histoire ne nous montre-t-elle pas que toute entité ayant associé religion et Etat n’a engendré que le despotisme politique ?
“b- Serait-il possible, comme le prétendent les mouvements islamistes, de traduire les préceptes religieux en un acte politique, voire même juridique ?
“c- Quels rapports peut-on détecter entre la règle juridique et l’ordre religieux? Comment se positionner devant cette profusion croissante des fatwas qui tendent à se substituer aux lois censées régir la vie sociale et politique.
“d- quelle est la place de la religion dans le dispositif des articles de la nouvelle constitution marocaine ?
“e- L’intégration des statuts religieux dans le registre des règles juridiques (privées ou publiques) ne mène-t-elle pas à l’atteinte aux libertés et droits de l’homme ? La religion doit-elle freiner le processus de la législation civile?
“f- La question de la religion ne s’inscrit-elle pas profondément dans une problématique socio-historique dépassant de loin le simple cadre institutionnel, juridique et politique ?
“g- La critique de la pensée religieuse ne serait-elle pas finalement la condition, sine qua non, de l’institution d’un Etat moderne?“
Deuxième édition du Colloque Scientifique International
« Religion et droit »
20 et 21 novembre prochain - Rabat.
Droit et religion
Lieu: Bibliothèque Nationale du Royaume. Rabat
Organisateurs : Mouvement Damir. Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc. Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté.
Le 22 septembre 2015
SOURCE WEB Par Médias 24
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