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Le problème de perception entre générations pas encore résolu

Le problème de perception entre générations pas encore résolu

Pourquoi les jeunes boudent toujours Les réseaux sociaux, un levier sous exploité Facebook, Youtube, Twitter… les réseaux sociaux ont «rendu la politique plus accessible». Faute d’implication dans des structures organisées, les jeunes ont opté pour ce moyen alternatif qui leur a permis de se réapproprier la sphère politique Les jeunes marocains sont-ils apolitiques? Les différents sondages d’opinion réalisés les dernières années ont montré qu’ils ont un faible intérêt pour la vie politique. L’Enquête des jeunes de L’Economiste a montré que 65% des sondés ont déclaré ne pas être allés voter en 2007 et que 44% ne comptaient pas le faire en 2011. L’Etude a également souligné que seule une minorité de «contestataires» (13%), comme les qualifie la typologie mise en place par l’Enquête, semble être engagée dans la vie publique. Même s’ils sont peu nombreux, ils restent très remuants, notamment à travers les mouvements sociaux comme le 20 février, initié essentiellement par des jeunes. Ceci traduit leur relation mitigée avec la politique, comme l’ont souligné la plupart des intervenants au débat organisé mercredi dernier à l’ESIG à Casablanca. Car, «les jeunes ne sont pas une entité homogène et s’expriment de façon plurielle», estime le sociologue Abdelbaki Belfkih. De façon générale, «la politique est perçue par les jeunes comme une pratique permettant de militer pour une approche horizontale qui rompt avec l’approche verticale dominante», ajoute l’universitaire. Cela s’est manifesté à travers le Mouvement du 20 février issu de «la globalisation de la démocratie», selon le politologue, Nabil Eddahar. Le développement des nouvelles technologies de l’information n’est pas étranger à cette évolution. Grâce aux réseaux sociaux, «la politique est devenue plus accessible et les jeunes ont l’occasion d’influencer la sphère politique en dehors des institutions», souligne Tarik Neshnash, fondateur des sites reforme.ma et marsad.ma. Ce qui a permis une prise de conscience des jeunes de l’importance de l’implication dans la vie politique. Reste que cette implication ne signifie pas forcément une adhésion à des structures organisées. Les jeunes ont préféré s’impliquer autrement à cause de l’absence d’une tradition de l’action politique dans la société marocaine. Ceci a conduit à la dépolitisation des jeunes pendant plusieurs années. Cette situation serait due à «un processus qui remonte aux années 80 qui ont été marquées par le désengagement de l’Etat des services publics comme conséquence de la politique d’ajustement structurelle imposées par le FMI», explique le politologue. Cette dépolitisation ne concerne toutefois que «la politique institutionnelle», précise-t-il. Reste que les jeunes sont loin de déserter la scène politique, et ont «des exigences plus importantes que leurs aînés, qu’ils ont exprimées à travers des mouvements sociaux», note Eddahar. Les acteurs politiques ont ainsi la lourde tâche «de réinventer la relation des jeunes à la politique», selon les différents intervenants. Ce qui renvoie à un autre problème générationnel qui oppose jeunes et moins jeunes au sein de la sphère politique. «Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait», selon l’adage bien connu. Une équation qui résume le problème de perception entre les leaders historiques et la nouvelle génération à la recherche d’une position au sein des instances dirigeantes. Ceux qui ont choisi de militer à l’intérieur des institutions ont souvent été déçus. Car, «il faut beaucoup de patience avant d’accéder aux instances dirigeantes des partis», estime Jaâfar Heikel, membre du Comité central du RNI. Cette déception est également le résultat d’une incompréhension des actions entreprises par les leaders. «Les jeunes sont candides pour ne pas dire naïfs. Ils cherchent à comprendre la logique de certaines décisions alors que la politique n’est pas toujours rationnelle, notamment au niveau des alliances, du non-respect des promesses électorales», explique-t-il. Ce qui n’exclut pas l’importance de favoriser l’accès des jeunes aux postes de responsabilité. Pour y arriver, «il faut que les vieux aient le courage de partir et que les jeunes aient le courage d’intégrer la sphère politique», concède Heikel. Sauf que «les vieux ne vont pas partir de leur plein gré, il faut que les jeunes arrachent leurs places», avance Anouar Zyne, membre de l’UC. Mais pour réussir en politique, «les jeunes doivent d’abord faire leurs preuves dans un autre domaine et faire partie d’une élite», précise-t-il. A cela s’ajoute l’importance de «disposer d’une culture politique afin de pouvoir juger», signale Ahmed Zaki, membre du PPS. Cette absence de culture politique est «l’une des raisons de la dépolitisation des jeunes», de l’avis de Nabila Mounib, pressentie à la tête du PSU. Car, «ils ne sont pas informés sur le fonctionnement de la machine politique. Ils doivent savoir où se situe le pouvoir réellement», ajoute Mounib. Ceci est également dû à la déficience du rôle des partis dans l’encadrement des jeunes. Une présence que seul le PJD semble assurer selon Zyne qui estime que le parti islamiste a «recueilli les fruits de son travail sur le terrain». Les autres formations sont ainsi appelées à «comprendre la leçon et se mettre à niveau pour être au rendez-vous des prochaines élections», conclut Heikel. SOURCE WEB Par Mohamed Ali MRABI L’Economiste