Des milliers de Marocains sur une poudrière en Libye
Ils sont 50.000 à être bloqués dans un pays frisant l’implosion
120.000 Marocains ont quitté la Libye à cause de la guerre, 50.000 y sont toujours bloqués alors que 5.000 autres sont en attente au poste frontalier tunisien de Ras Jedir, réputé être le principal point de passage entre la Tunisie et la Libye. C’est ce qui ressort de l’intervention de M'barka Bouaida, ministre déléguée aux Affaires étrangères et à la Coopération, mardi dernier devant le Parlement.
Comment peut-on expliquer ces chiffres ? Qu’en est-il de l'opération d'évacuation volontaire des ressortissants marocains ayant fui les violences en Libye diligentée en août 2014 et du travail de la cellule de suivi mise en place par les autorités marocaines et qui aurait permis d’évacuer 5.730 Marocains jusqu'au 5 mars dernier ?
Pour le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, l’opération de rapatriement piétine pour cause de destruction des infrastructures portuaires et aéroportuaires libyennes et de la poursuite des combats entre les groupes armés pour le contrôle des sites vitaux ainsi que de l'absence d'une autorité centrale et d'un tissu associatif marocain actif dans le domaine social à même d’aider les consulats marocains dans leur tâche.
Des
arguments qui ne semblent pas convaincre certains observateurs qui avancent que
les raisons d’ordre sécuritaire priment. Ces derniers estiment que
les autorités nationales redoutent que des terroristes s’infiltrent au
Maroc et notamment ceux qui sont proches de certaines fractions militaires
libyennes ayant fait allégeance à l’Etat islamique (EI). D’autres
estiment que beaucoup de Marocains sont bloqués en Libye faute de documents de
voyage récents ou par peur de se déplacer dans un pays où la sécurité fait
défaut.
De son côté, Othman Belbeisi, directeur du bureau de l’Organisation mondiale
de l’immigration en Libye (OIM), nous a déclaré que les statistiques
afférentes aux Marocains bloqués en Libye sont imprécises faute de sources
officielles viables. «L’OIM dispose de peu d’informations sur les
ressortissants marocains qui résident en Libye. Peu d’entre eux font appel
à nos services pour nous demander de les aider à retourner dans leur
pays. Ces derniers cherchent souvent de l’aide auprès de la
représentation diplomatique marocaine. Et une grande partie d’entre eux
s’est débrouillée seule par ses propres moyens pour regagner le Maroc », nous
a-t-il précisé.
Pourtant, Othman Belbeisi estime que les personnes désireuses de quitter la Libye sont de moins en moins nombreuses. «Aujourd’hui leur nombre est moindre par rapport à celui de 2011. Le nombre de demandes enregistrées varie d’un jour à l’autre, mais reste limité», nous a-t-il indiqué. D’après lui, beaucoup de personnes ont du mal à prendre une telle décision car elles risquent gros. «Elles sont installées en Libye depuis des années et ne peuvent pas tout quitter du jour au lendemain en laissant derrière elles le fruit de toute une vie de dur labeur», nous a-t-il précisé. Mais il n’y pas que ce risque qui les décourages de partir. La stabilisation de la situation sécuritaire dans quelques régions a renforcé chez certaines personnes la conviction de vouloir rester sur place. « La situation varie d’une région à l’autre. Il y a des zones sécurisées et sûres et d’autres où les combats se déroulent souvent à des rythmes irréguliers. On est loin du contexte de 2011 marqué par la violence des combats », nous a expliqué notre source. Un état des lieux qui est appelé, cependant, à changer dans un avenir proche d’après William Lacy Swing, directeur général de l’OIM, qui a déclaré récemment que des signes clairs prédisent que la situation en Libye deviendra incontrôlable et que des milliers de personnes extrêmement vulnérables auront besoin d’aide. A noter que l’OIM a aidé près de 200.000 migrants bloqués à quitter la Libye depuis que les violences ont éclaté en 2011. Des opérations jugées difficiles, par Othman Belbeisi, à cause de la violence permanente qui entrave l’action de l’OIM sur le terrain, mais aussi parce que de nombreux migrants bloqués ne disposent plus de titres de voyage originaux.
Le 24 Juillet 2015
SOURCE WEB Par Atlas Info
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