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Editorial 2012 comment peut-on être optimiste

Editorial   2012    comment peut-on être optimiste

Publié le : 01.01.2012 | 15h00 Une année s'achève, une autre commence ! S'il ne s'agissait que d'un bornage de temporalité, tout eut été facile. Or, voilà que le cours du temps justement franchit d'abord la conscience que l'on s'en fait et nous incline à prendre gravement sa réelle mesure. L'année 2011 aura été la pire, ou l'une des pires que l'humanité ait connues. Une crise internationale aggravée – dont on ne voit guère le bout – semble s'instaurer avec le spectre de la récession, sur fond d'inquiétude et d'agitation. Sa globalité n'est pas aussi prosaïque et abstraite qu'on le pense, elle couvre le plus large spectre planétaire, excepté quelques pays qui appartiennent à la zone nouvelle d'émergence, ce qu'on appelle les BRIC, mais surtout la Chine et le Brésil… La récession se profile donc et l'Europe avec laquelle nous avons tissé depuis toujours des liens plus ou moins approfondis menace elle aussi de basculer dans l'œil du cyclone de la grande dépression, emportée par le tourbillon de la Grèce surtout. Les irresponsables de chez nous peuvent gloser à tout bout de champ et dire encore que le Maroc a été épargné. C'est un euphémisme dangereux, un insoupçonnable aveuglement, doublé d'une mauvaise foi. C'est ignorer que l'économie marocaine, pas plus que d'autres, pas moins que celles qui sont frappées de plein fouet par la crise, reste interdépendante des échanges et en partie de l'évolution régionale et mondiale. Le pouvoir d'achat, l'emploi, l'investissement, bref ce que le terme de confiance recouvre comme particularité sont d'autant plus secoués qu'il n'est pas de solution miracle à leur issue. Le Maroc fait face aux retombées de la récession européenne et internationale. Certes, mais on ne se console pas de si peu, autrement dit de ce perfide raisonnement que le malheur ne frappe que les autres, qu'une mur inexpugnable nous protège du vent de la fronde. Le Maroc vient de construire un modèle politique et institutionnel nouveau, il peut se targuer d'avoir parachevé dans le calme et la concertation un cycle inédit propre à hisser notre ambition démocratique. Un gouvernement de consensus, apparenté à une union nationale des forces démocratiques, voit le jour et illustre, en dernière analyse et en dépit des péripéties, la stabilité institutionnelle. Cependant, au-delà du schéma politique, il y a l'irrésistible réalité économique et sociale qui répercute indubitablement ses questionnements graves. Notre pays a accompli sa propre révolution politique au prix de changements institutionnels majeurs. Il a résisté aux tempêtes, renforçant l'image et la nature de son modèle. Certes, mais il reste confronté à la menace de la crise économique et sociale qui s'est installée dans l'antichambre pour les mois à venir. Le nouveau gouvernement devrait en réalité, outre l'espérance collective qu'il porte, insuffler une dynamique économique nouvelle et redonner ses lettres de noblesse à la notion de croissance qui, d'une promesse à un démenti, s'est trouvée depuis quelques temps malmenée sous l'effet de propagandistes, triturée même au risque de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.La problématique sociale étant intimement liée et imbriquée avec l'économie, elle est plus que jamais actuelle, elle nous pend au nez. C'est si vrai que ses expressions ressurgissent à présent à tour de bras. Il faudra au gouvernement non seulement de la patience, mais faire preuve d'une grande capacité d'écoute dont ses prédécesseurs n'avaient guère besoin, parce que la crise n'avait pas atteint un tel paroxysme et que les mouvements sociaux restaient marginaux. Puisque, aux dires des thuriféraires, notre modèle s'inspire de la pensée autarcique – ce qui est faux -, il nous faudra concentrer nos efforts sur la refondation de notre modèle, l'appui aux investissements et le renforcement de nos infrastructures. Le défi majeur demeure celui de l'éducation, de la santé et de l'emploi. Ils constituent le talon d'Achille de notre système, ils attendent depuis des années de mûrir et faire profiter de leurs fruits, en vain. Ce sont des centaines d'enfants qui décrochent en pleine scolarité ou qui abandonnent également entre 12 et 13 ans, parce que l'école est loin, ou l'encadrement au lycée peu incitatif… Ce sont également des diplômés de quatre ou cinq ans après le «bac» qui attendent au portillon de l'emploi, un système de santé peu conforme à la carte médicale du Maroc… Autant dire que l'année 2012 nous mettra à l'épreuve de la pertinence politique, économique, sociale et humaine. Nous ne désespérons point. SOURCE WEB Par LE MATIN