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Gestion des déchets Des décharges à haut risque

Gestion des déchets   Des décharges à haut risque

Publié le : 01.01.2012 | 12h05 L'enfouissement sans pré- traitement des déchets engendre l'infiltration du lixiviat, un liquide dangereux, dans le sol et des émanations hautement toxiques pour les habitants. Tous les matins, les voyageurs par train entre Rabat et Mohammedia sont surpris par les odeurs toxiques, qui envahissent les wagons. Ces odeurs qui proviennent d'une décharge à la frontière entre Ben Slimane et Bouznika, viennent rappeler aux responsables de la gestion des déchets que ce cas n'est pas unique et qu'il est appelé à se généraliser à l'échelle nationale. Dans plusieurs villes, des habitants souffrent de ces odeurs toxiques comme celles émises notamment par la décharge de Médiouna à Casablanca, Oum Azza à Rabat... Ces odeurs qui se dégagent de ces lieux d'enfouissement n'est que le biogaz, un produit dangereux résultant de la fermentation de la fraction organique des déchets ménagers comme les résidus de repas, les déchets verts, le bois, le carton, etc. Selon des experts, l'exposition continue au biogaz produirait des cancers, à long terme. L'enterrement sans pré-traitement des déchets n'engendre pas seulement les émissions de biogaz, mais aussi l'infiltration du lixiviat, un liquide toxique, dans le sol et qui pollue les nappent phréatiques. «La politique de tout enfouir a montré ses limites en raison des impacts ressentis en termes de lexiviat et d'odeurs de biogaz», a souligné Hassan Chouaouta, président de l'Association marocaine des experts en gestion des déchets et en environnement (AMEDE). Pour les spécialistes, une politique de gestion durable des déchets exige d'enterrer le minimum de déchets. Cela nécessite la mise en place d'installations de traitement des déchets. «Dans les pays développés, il y a obligation de faire un pré-traitement des déchets avant leur enfouissement. Ce qui permet d'éviter le lexiviat, le biogaz et en même temps cela favoriserait une meilleure gestion de la décharge», a ajouté M.Chouaouta. Au Maroc, le taux d'urbanisation sera d'environ 75% à l'horizon 2025. Ce basculement à grande échelle vers la société de consommation générera davantage de déchets. Fin 2011, ce sont32 % de déchets ménagers qui sont enfouis dans des décharges contrôlées et gérées par le privé. Avec la décharge de Casablanca en cours d'installation et celles programmées (Beni Mellal, Mohammedia...), ce taux atteindra 62% à fin 2012. Sans changement de cap en matière de gestion des déchets, les décharges émettrices de gaz toxiques se multiplieront et le foncier nécessaire pour installer de nouveau sites deviendra rare. A titre d'exemple, les conseils municipaux de Kénitra et de Tanger ont du mal, depuis des années, à convaincre les communes de tolérer la présence de décharges sur leur territoire. «Il faut changer de stratégie et investir dans le traitement, le pré-traitement, le recyclage et la valorisation des déchets. Nous avons besoin d'un cadre réglementaire qui définit ces conditions. Il est également nécessaire de mettre en place un système de recouvrement des coûts de gestion des déchets et de renfrcer le contrôle environnemental par l'État et les communes notamment des décharges», a noté M. Chouaouta. Par ailleurs, les responsables de la gestion des déchets sont appelés à accélérer le processus d'élaboration des plans directeurs provinciaux et préfectoraux des déchets pour avoir plus de visibilité en termes d'investissement et de renforcement des capacités locales. En attendant, le voyageur par train en provenance de Marrakech à Oujda ou à destination de Tanger, peut voir défiler devant lui la quantité de déchets déversée des deux côtés des rails. Un spectacle qui altère fortement l'image touristique du pays. Incapacité technique Devant l'incapacité technique et financière des communes et la nécessité de mobiliser des fonds pour financer des infrastructures (décharges contrôlées et renouvellement du parc des camions), il y a eu recours au privé. La première participation du privé pour la collecte des déchets a été enregistrée en 1997 à Hay El Hassani à Casablanca. Depuis cette date, des dizaines de contrats ont été signés, soit pour la collecte et le transport des déchets soit pour la mise en place de décharges contrôlées. La gestion des déchets a nécessité la mise en place d'un cadre réglementaire et le renforcement de la législation par l'adoption de la loi (28.00) sur les déchets ainsi que la publication d'un certain nombre de décrets de complication. Par ailleurs, les pouvoirs publics ont lancé également un Plan national de gestion des déchets ménagers et assimilés (PNDMA). Repères Prix Aujourd'hui, le prix appliqué ne permet pas un traitement poussé du lexiviat et du biogaz (70 DH en moyenne pour la tonne au Maroc contre 300 DH dans les pays européens). Budget Un Programme national de gestion des déchets ménagers et assimilés (PNDM) a été élaboré avec un budget de 40 milliards de dirhams. Horizon Ce Programme vise à réaliser des décharges contrôlées des déchets ménagers et assimilés au profit de toutes les communes urbaines à l'horizon 2015. SOURCE WEB Par Rachid Tarik | LE MATIN