TRANSPORT TOURISTIQUE UN CAHIER DES CHARGES, PLUSIEURS LECTURES
LES DÉLÉGATIONS RÉGIONALES N’ONT PAS LA MÊME INTERPRÉTATION
«CHARLIE HEBDO» A CLOUÉ 40% DU PARC AU GARAGE
Même après l’adoption du cahier de charges du transport touristique, le secteur en est encore à gérer les reliquats d’une gestion ubuesque. Bien qu’il ait introduit des évolutions –la possibilité de charger la clientèle résidente-, son application rencontre des problèmes dans plusieurs régions. Selon les professionnels, le nouveau cahier de charges conçu entre les ministères du Tourisme, et du Transport en concertation avec la profession, est diversement interprété. Il s’agit notamment de la disposition portant sur l’âge des véhicules. Sur le papier, aucun autocar en exploitation ne dépasser 12 ans. Pour les nouveaux entrants l’âge du car ne doit pas dépasser les 5 ans.
«La délégation de tourisme de Fès a élargi la disposition permettant d’utiliser des véhicules de moins de 12 ans même pour les nouveaux opérateurs ce qui peut représenter un risque sur la sécurité et la qualité du service», accuse Khalid Mohib, secrétaire général de l’association régionale des transporteurs touristiques de Casablanca. A Rachidia et à Ouarzazate, les fonctionnaires continuent ‘appliquer l’ancienne réglementation car ils n’ont pas reçu la mise à jour du cahier des charges.
Le plus grand challenge de ce secteur reste cependant sa rentabilité. D’ailleurs, cela sera le thème principal du forum régional que tiennent les professionnels mardi 24 mars à Casablanca. La raison en est que «le transport a été le maillon faible de la stratégie 2020 du tourisme», selon Bouamama Rachid, le président de l’organisation. Atomisé et composé uniquement de TPE et PME, le secteur trouve beaucoup de mal à relever la tête. Pour ces entreprises, il est dur d’atteindre un seuil confortable de rentabilité, ou même l’équilibre dans certains cas, avec une flotte moyenne de 5 véhicules par entreprise. La situation s’est encore compliquée après la baisse des arrivées due à l’attentat contre «Charlie Hebdo» qui a plongé l’activité. «40 % de la flotte est restée à l’arrêt les trois derniers mois», estime Bouamara.
Le transport touristique est également confronté à la concurrence du secteur de l’informel. Il faudra toutefois faire la distinction entre deux «informels». Des conducteurs de minibus, semblables à ceux utilisés par les opérateurs autorisés, opèrent sous l’œil «tolérant» des autorités. «Il existe même des hôtels qui transportent des touristes sans autorisations», indique Bouamama. Ce phénomène concernerait surtout les villes de Marrakech, Fès et Casablanca dans une moindre mesure.
Les grands taxis blancs sont également une redoutable concurrence. Il est arrivé que ceux-ci protestent et bloquent la circulation devant les hôtels à Casablanca quand les minibus du transport touristique prenaient des clients sans forcément avoir des vouchers (les attestations de commande livrées par les agences de voyages). «L’atmosphère devient tendue avec les taxis en temps de crise. D’autant plus que les anciens cahiers de charges étaient flous concernant cette question. Après que le dernier document nous ait formellement donné le droit de prendre des clients avec des manifestes de voyage, la situation est devenue claire et la tension est redescendue», reconnait le président de l’Association.
Encore une commission en attendant…
Une commission composée des autorités locales, des représentants des ministères de Tourisme et du Transport et de l’association professionnelle régionale, négocie des mesures pour plus de vigilance contre les opérateurs informels qui sévissent dans la ville. Les transporteurs essaient de pousser les autorités à être plus vigilantes à ces transporteurs illégaux.
20 Mars 2015
SOURCE WEB Par Mehdi LAHDIDI L’ECONOMISTE
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