Obama ne veut pas parler de guerre contre l'islam
(Photo AFP)
Le président américain, au cœur d’une polémique pour ses propos sur la religion, refuse l'idée d'un choc des civilisations.
Contrairement à ce que prétendent plusieurs organisations terroristes, l’Occident n'est pas en guerre contre l’islam, a défendu jeudi 19 février Barack Obama, dénonçant un «horrible mensonge» que «nous avons tous la responsabilité de rejeter».
«Cette notion est le socle sur lequel les terroristes construisent leur idéologie et sur lequel ils essayent de justifier la violence», a-t-il ajouté.
«Les communautés musulmanes, y compris les intellectuels et les responsables religieux, ont la responsabilité de lutter non seulement contre les interprétations erronées de l’islam mais aussi contre les mensonges selon lesquels nous serions engagés dans un choc des civilisations», a déclaré le président américain au dernier jour d’un sommet consacré notamment à la lutte contre les groupes jihadistes, devant les représentants d’une soixantaine de pays réunis en sommet à Washington.
Disant cela, Barack Obama suit les recommandations émises en mars 2008 par le Counter Terrorism Communication Center, centre officiel américain qui constatait alors l'échec de la propagande menée par l'administration Bush pour justifier ses interventions militaires. Ce centre préconisait alors, dans les discours sur le terrorisme, de «ne pas invoquer l’islam» car «bien que le réseau Al-Qaida utilise les sentiments religieux et essaie de tirer parti de la religion pour justifier ses actions, nous devrions le traiter comme une organisation politique illégitime, à la fois terroriste et illégitime».
Il expliquait aussi que «des termes comme "islamo-fascisme", qui sont considérés comme insultants par beaucoup de musulmans», sont à éviter. «Islamo-fascisme» : l'expression a fait son apparition dans la bouche du premier ministre, Manuel Valls, au début de la semaine. Rappelant qu’il avait lancé un appel en septembre 2014, lors de l’assemblée général des Nations unies à New York, à éradiquer l’extrémisme violent, le président américain a appelé tous les pays à avancer «des propositions concrètes» en ce sens lors de la prochaine session, à l’automne.
Cette position fait écho à la dernière polémique suscitée par le président américain. Lors d’un «petit-déjeuner national de prière», rendez-vous du 5 février au cours duquel Barack Obama a parlé de religion, le chef d’Etat a condamné fermement le « culte de la brutalité, les actes de barbarie » commis par l’organisation terroriste Da’ech. Le bât blesse lorsqu’il évoque des épisodes historiques de crimes perpétrés au nom de la religion, et plus précisément au nom du christianisme, afin de rappeler que le détournement et la perversion de la religion n’est pas propre à l’islam.
Ainsi Barack Obama déclare : «Plutôt que monter sur nos grands chevaux et dire que ce genre de choses n'arrive qu'ailleurs, souvenons nous que pendant les Croisades et l'Inquisition, les gens ont commis des actes terribles au nom du Christ. Dans notre propre pays, l'esclavage et la ségrégation ont trop souvent été justifiées au nom du Christ.»
Un parallèle très peu du goût de la droite américaine qui y voit non seulement un manque de fermeté de la part du président américain face à la montée du radicalisme, mais y perçoit également des propos jugés inappropriés et insultants.
Le site Slate précise que pour l'ancien gouverneur de Virginie Jim Gilmore, les commentaires d'Obama «sont les propos prononcés par un président les plus insultants que j'ai jamais entendu de ma vie. Il a insulté tous les chrétiens des Etats-Unis.» Bobby Jindal, le gouverneur de Louisiane, en a profité pour accuser le président de ne pas être assez ferme contre le terrorisme islamiste: «La menace chrétienne médiévale a été maîtrisée, M. le président. S'il vous plaît, occupez-vous de la menace de l'islam radical.»
Bien que les détracteurs du président le soupçonnent de nourrir une empathie particulière pour l’islam et les musulmans, ce dernier n’a pas manqué au cours de son dernier discours de saluer des «actes héroïques» qui doivent être source d’inspiration, rendant à cette occasion un hommage appuyé à Lassana Bathily, qui avait aidé des clients de l'Hyper Cacher à se cacher lors de la prise d'otages d'Amedy Coulibaly, le 9 janvier.
«Le monde entend beaucoup parler des attaques terroristes contre Charlie Hebdo à Paris, mais le monde doit aussi se souvenir du policier parisien, un musulman, qui est mort en essayant de les arrêter», a déclaré le président américain. «Le monde sait que des juifs ont été attaqués dans un supermarché casher à Paris. Nous devons nous souvenir de l’employé de ce supermarché, un musulman, qui a caché des clients juifs et leur a sauvé la vie», a-t-il poursuivi. «Et quand on lui a demandé pourquoi il avait fait cela, il a répondu : "Nous sommes frères"». «Nous venons de pays différents, de différentes cultures et de différentes religions, mais il est important de nous inspirer des actes héroïques de ce modeste employé», a insisté Barack Obama.
21 Février 2015
SOURCE WEB Par Medias24 Avec AFP
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