Décès tragique du ministre d’Etat Abdallah Baha Les islamistes du PJD pleurent le meilleur d’entre eux
La nouvelle du décès tragique du ministre d’Etat Abdallah Baha est tombée aussi violente que le choc du train navette rapide qui l’a percuté dimanche soir non loin de Bouznika et à proximité du pont Cherrat qui a vu la mort, il y a un mois, jour pour jour, du socialiste Ahmed Zaidi.
Ce dimanche 7 décembre, il est près
de 20h30 quand l’information de la mort d’Abdallah Baha a commencé à circuler
avant de se répandre, une heure plus tard comme une traînée de poudre sur la
Toile. Le responsable
gouvernemental, numéro 2 du PJD, celui-là même qu’Abdelilah Benkirane a toujours considéré comme le vice-premier
ministre, est décédé dans un accident ferroviaire. C’est un communiqué
officiel du ministère de l’Intérieur qui l’annonce vers 22 heures. L’homme a été écrasé par un train sur
le pont de la commune de Cherrat. Il était à pied, sur la voie ferrée.
Selon une source autorisée, il était environ 18 heures. Que faisait-il à cet
endroit précis et à la tombée de la nuit? La question n’en finit pas
d’intriguer une classe politique encore abasourdie par la mort de cette figure
islamiste.
Abdallah Baha aurait quitté le domicile familial en fin d’après-midi. Il aurait
informé ses proches qu’il se rendait à Bouznika pour voir de plus près le lieu
de l’accident qui a coûté la vie à un autre homme politique, le socialiste
Ahmed Zaidi, emporté par les eaux du fleuve Cherrat, le 9 novembre
dernier.
Abdallah Baha serait parti seul et sans chauffeur sur les traces de l’accident d’Ahmed Zaidi. Il est descendu de sa voiture –ce dimanche, il avait emprunté son véhicule personnel et non pas la berline ministérielle- et s’est rendu sur la voie ferrée. Les enquêteurs ont retrouvé sa voiture à une centaine de mètres du drame.
Branle-bas de combat sur les lieux de l’accident
La Gendarmerie Royale est alertée.
Très vite, et dès que l’identité de la victime a été découverte, le gouverneur
de Bouznika s’empresse d’informer le ministre de l’Intérieur. Un ministre
d’Etat vient de perdre la vie, percuté par un train alors qu’il était à
pied.
A l’annonce de la disparition de celui qui a été le plus proche
collaborateur mais aussi l’ami de 40 ans du chef du gouvernement, le personnel
politique a afflué, dès dimanche soir, au domicile de M. Benkirane, dans le
quartier des Orangers à Rabat. Les deux hommes qui ne se sont jamais quittés étaient
d’ailleurs voisins. Abdelilah Benkirane venait à peine de rentrer de Paris où
il avait assisté à une conférence organisée à la Maison des mines. Les
représentants de la majorité sont tous là. Le leader du PPS, Nabil Benabdallah,
apprend la nouvelle alors qu’il est en mission en Australie. C’est Khalid
Naciri, membre influent du Bureau politique et le ministre de la Culture
Amine Sbihi qui présentent les condoléances au patron de l’Exécutif. Le
président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, fait partie des
tout premiers arrivés. Peu à peu, des figures de l’opposition arrivent à leur
tour. La plupart des ministres ont fait le déplacement pour présenter leurs
condoléances au chef du gouvernement et à la famille du défunt. Les membres
du gouvernement qui ont vu Benkirane nous ont parlé d’un homme «éperdu de
douleur, effondré, presque dans un état second». «C’est le meilleur d’entre
nous», disait le chef du gouvernement quand il parlait d’Abdallah
Baha.
Visiblement très affecté, Mostafa El Khalfi, le ministre de la Communication et
porte-parole du gouvernement, n’en finit pas de répondre au téléphone pour
confirmer l’information à la presse nationale et internationale.
Au même moment, c’est le branle-bas
de combat sur les lieux de la tragédie. Un cordon de sécurité est formé.
Mustafa Ramid, le ministre de la Justice et des Libertés, et Abdelaziz Rabbah,
celui en charge de l’Equipement, des Transports et de la Logistique sont sur
place. Ils ont du mal à faire face à des images insoutenables. Dans la
nuit, une ambulance transporte la dépouille d’Abdallah Baha. Une enquête
est ouverte pour déterminer les circonstances exactes de l’accident. Une
autopsie a été ordonnée. «Les résultats de l’enquête seront communiqués
dès son achèvement», précise le communiqué du département de
l’Intérieur.
Benkirane, sans Baha
La disparition tragique d’Abdallah Baha ne va pas être sans conséquences sur la vie de sa famille politique, le PJD, et surtout sur l’exercice du pouvoir par les islamistes. Celui que la presse avait surnommé la boîte noire du chef du gouvernement est volontiers présenté comme «le sage» et «le pondéré» du parti de la Lampe. «Sa capacité à fédérer mais aussi à désamorcer les crises nous a toujours impressionnés au sein du gouvernement. On avait l’habitude de comparer Benkirane à une haute tension et Baha au régulateur de cette haute tension», confie un ministre. Les deux hommes au caractère diamétralement opposé ont tout vécu, tout partagé dans une étrange communauté de destin. De la rupture de la Chabiba islamya d’Abdelkrim Moutii à la création, en 1981, de la Jamaa Islamya, Abdelilah Benkirane et Abdallah Baha ont su conduire le PJD jusqu’aux cimes du pouvoir. Depuis l’installation du leader des islamistes à la Primature, les deux compagnons de route ont développé des liens encore plus forts, plus solides. Même l’épouse du chef du gouvernement s’y est habituée derrière la boutade révélée à la presse par Benkirane himself : «Benkirane et Baha, c’est 1+1=1 !». Depuis dimanche soir, les témoignages se multiplient trempés à la même encre de l’hommage sincère. D’un bout à l’autre de l’échiquier politique, c’est le même homme simple, ouvert, modéré et à l’écoute qui est décrit. « Abdallah Baha était originaire du Souss. Il n’a jamais oublié ses origines», commente ce parlementaire de la capitale. Cet ingénieur agronome était député depuis 2002 –il a été élu à la circonscription de Rabat Chellah- et ne cèdera son siège qu’à sa nomination au gouvernement.
Les obsèques d’Abdallah Baha auront lieu à Rabat aujourd’hui, à la prière d’Ad dohr. Il avait 60 ans.
9 Décembre 2014
SOURCE WEB Par Narjis Rerhaye Libération
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