Journée nationale de la femme marocaine
Encore du chemin à faire Des progrès ont été faits certes, mais la situation de la femme au Maroc laisse encore à désirer. Publié le : 10.10.2011 | 17h23 Une matinée ensoleillée et tranquille, les citoyens vaquent à leur occupations… Une jeune fille, tête baissée, marche sur le trottoir : jean, chemise et chaussures plats… Rien d'extravagant. Nonobstant son allure sérieuse et discrète, un motard l'aborde. On pourrait penser qu'une petite drague ne tue personne, si l'homme avait continué tranquillement son chemin. Mais non, malgré que la jeune fille n'ait nullement répondu à ses avances, celui-ci a quand même continué à la harceler tout le long du trottoir. Gênée et ne savant plus quoi faire, la jeune fille traverse de l'autre côté de la rue en espérant se débarrasser de son harceleur qui, n'appréciant pas que sa «victime» lui ait échappé entre les doigts, n'hésite pas à l'insulter avant de s'éloigner. «J'ai eu tellement peur. J'ai cru qu'il allait me faire monter sur sa moto de force», indique la jeune fille avant de reprendre son chemin. Autre quartier, autre scène. Un couple se dispute dans la rue. La jeune femme essaie de s'échapper lorsque l'homme la tient brusquement par le bras et lui colle une gifle. Ce genre de scènes est monnaie courante dans notre société. Le harcèlement est considéré, avec la violence, les maux les plus endurés par la femme marocaine, et malgré tous les efforts fournis par les autorités et les associations pour y remédier, les deux phénomènes persistent avec virulence. Selon Zahra Ouardi, membre de l'Union de l'action féminine (UAF), il existe encore des femmes opprimées par leur entourage masculin. «Dans le cadre de l'association, nous rencontrons beaucoup de femmes, dont le mari est au chômage, qui travaillent pour nourrir leur famille. Ce qui n'empêche pas le mari de les violenter et les humilier», confie-t-elle. «La femme est habituée à souffrir. Mais ce n'est pas grave. Le plus important, c'est qu'elle arrive à affronter et gérer les obstacles qui lui barrent le chemin», estime Meriem Othmani, présidente de l'Institution nationale de la solidarité avec les femmes en détresse (INSAF). Il est vrai que la femme en général et marocaine en particulier, a toujours fait preuve de beaucoup de volonté et s'est battue bec et ongles pour se faire respecter dans la société et obtenir la place qu'elle mérite. Il est vrai également que sa situation a énormément évolué au cours des dernières décennies, preuve à l'appui : proclamation du 10 octobre comme journée nationale de la femme marocaine depuis 2008. Journée décrétée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en personne. «Le Maroc en général connaît beaucoup d'évolution. La plus importante est sans aucun doute les réformes constitutionnelles qui ont apporté des résultats positifs et qui ont répondu à presque toutes les attentes à tout niveau. Parmi ces nouveautés constitutionnelles, la reconnaissance de plusieurs droits aux femmes», explique Ouardi. Et d'ajouter : «Il s'agit de droits largement mérités par la femme qui a démontré, au fil des années et des combats, qu'elle était apte à prendre des décisions et assumer les responsabilités qui lui incombaient. La preuve : toutes ces femmes ministres, juges, actrices associatives… qui, dès que l'occasion leur a été offerte, ont prouvé leurs compétences». Même son de cloche chez Othmani. «La femme marocaine a fait de grands progrès afin d'obtenir la place qu'elle mérite. Elle a d'énormes qualités qu'elle fait savoir», indique-t-elle. Pour ce qui est du regard du sexe opposé, la militante considère que ce dernier a beaucoup évolué au cours des années. «L'homme porte un regard différent sur la femme aujourd'hui. Il prend de plus en plus conscience que la femme est non seulement l'amie ou l'épouse, mais également la mère et la fille. Et Dieu sait que les hommes ont beaucoup d'estime pour leurs mères et rêvent d'un avenir meilleur pour leurs filles», souligne-t-elle. Pour Zahra Ouardi, le problème réside dans l'application des lois et le changement des mentalités. «Les droits qui sont accordés aux femmes se heurtent à certains obstacles et ont du mal à être appliqués sur le terrain. Certains responsables ignorent les lois et s'entêtent à ne pas les appliquer. Je pense qu'il faut veiller à changer les mentalités même si cela ne peut pas se réaliser du jour au lendemain», souligne-t-elle. «Il reste encore des défis à relever» Dans un entretien téléphonique avec Le Matin, Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, a indiqué hier que le 10 octobre a été décrétée Journée nationale de la femme marocaine en commémoration à l'instauration du code de la famille en 2003. «Nous nous réjouissons des progrès qui ont été faits dans le domaine de la parité et de la lutte contre la discrimination, que ce soit au niveau de la réforme constitutionnelle ou au niveau de l'agenda gouvernemental de la parité. Mais nous n'oublions pas qu'il subsiste encore certains défis que nous devons relever comme la violence, le travail domestique, le harcèlement sexuel et surtout la diffusion de la culture de la légalité», a affirmé la ministre. Et d'ajouter: «Nous allons célébrer la journée nationale de la femme marocaine en partenariat avec le ministère de la Justice. Mohamed Taieb Naciri, ministre de la Justice, va présenter le bilan de l'application du code de la famille, sachant que le nombre de mariages a nettement progressé. Par contre, il reste un fléau que nous devons combattre : le mariage précoce qui continue malheureusement à sévir. Ce sujet n'interpelle pas seulement le gouvernement mais également plusieurs autres acteurs comme les associations, les médias et les familles. Nous devons tous nous unir pour lutter contre ce phénomène». Repères De grands progrès La situation de la femme marocaine a connu une évolution ces dernières années. Beaucoup de ses droits ont été reconnus et sa place est de plus en plus importante dans la société. Des problèmes qui persistent Malgré tous les efforts fournis pour accorder à la femme la place qu'elle mérite dans la société, elle continue à souffrir de la violence et du harcèlement. SOURCE WEB Par Hafsa SAKHI | LE MATIN