La face cachée du festival Ahwach 2014 de Ouarzazate
La 3ème édition du festival national d'Ahwach s'est déroulée à Ouarzazate du 8 au 10 août 2014. Les décors sont rangés, les éclairages remisés et les artistes ont rejoint leur douar, les yeux encore brillants de leur fougue mise, pendant ces 3 jours, à faire vivre en beauté leur tradition la plus authentique, celle du temps d'avant ; ces danses et ces chants qu'ils ont eu le coeur, comme enivrés eux-mêmes par ce don, de partager avec le public forcément ravi.
Le festival d'Ahwach 2014 est-il pour autant une réussite ? De l'avis général de la presse marocaine, l'opération fut un succès. Et pourtant, une polémique étrange est en train de poindre.
En effet, un journaliste marocain, résident dans la région d'Ouarzazate et correspondant de medias arabophones, s'est fait l'écho d'un étonnant texte (voir article) reprochant avec véhémence aux organisateurs du festival d'avoir mis de côté la presse locale. Ce texte a été adressé aux autorités publiques concernées, dont le gouverneur de la province de Ouarzazate, arguant que l'ensemble des moyens financiers disponibles auraient servi à accueillir avec confort la cohorte de journalistes invités depuis les grandes villes du Maroc. La direction du festival d'Ahwach a dans la foulée diffusé une réponse détaillée pour faire valoir que la communication du festival n'avait en rien fauté et que tout s'était déroulé comme il le fallait ; preuve en est, selon ses propos, du nombre de communiqué de presse envoyé.
Au delà de cette polémique, il demeure que les organisateurs ont dépensé plus de 100.000 Dhs pour la relation avec la presse. Les responsables de la communication du festival semblent avoir fait le choix de financer lourdement la présence sur le festival des grands médias du Maroc. Pourquoi pas ?
Ceci dit, si l'on cherche à évaluer l'impact d'un tel investissement, l'observation des articles publiés après le festival laisse perplexe : nous ne pouvons en effet que constater que l'ensemble des grands médias marocains n'ont fait que reproduire les propos du communiqué de presse officiel s'évertuant à célébrer en cette édition 2014 une pleine réussite. Au demeurant, un simple recherche sur le moteur de recherche google nous montre le peu d'articles concernés par le sujet, à savoir moins d'une dizaine.
C'est le meilleur service à rendre à Ouarzazate.
Au delà du malaise exprimé par ces journalistes locaux, il faut garder à l'esprit que c'est la 7ème fois que ce festival est organisé à Ouarzazate. Ne serait-ce pas le moment de poser une évaluation sérieuse sur la manière dont Ahwach ici est traitée ?
Oui, l'édition 2014 du festival Ahwach fut un bon moment de fête pour les ouarzazi mais pourquoi faire comme si tout état une réussite alors que manifestement, ce n'est pas le cas. Vu d'ici, il y a un gouffre entre ce qui s'est passé et ce qui en est dit dans les médias nationaux.
Car non, il n'y a pas eu 100.000 spectateurs comme l'ont répété les articles. Non, il n'y a pas eu de journalistes étrangers, non, il n'y a pas eu de touristes hormis ceux déjà présents. Non, il n'y a pas eu la reconstitution d'un village traditionnel sur la scène du spectacle. Non, toutes les compétences de Ouarzazate n'ont pas été mobilisées, non, la conférence n'a pas eu lieu comme annoncé, et non il n'y avait pas d'enfants venus découvrir les trésors de leur culture. Et le pire de tout : aucun professionnel du tourisme n'aura été impliqué dans la préparation de l'événement.
Pourquoi ? Tout simplement parce que c'était impossible de mobiliser quiconque en annonçant l'événement 3 semaines avant son déroulement et en diffusant les affiches et le programme le jour même.
L'équipe d'organisation a manifestement fait le maximum mais faire plus était impossible.
Alors pourquoi vouloir faire croire le contraire ? Nous sommes là dans des méthodes de communication d'un temps ancien. Dépenser ainsi une telle somme de 100.000 Dhs n'est pas efficace en terme de promotion de l'événement, et donc de Ouarzazate, car en 2014 aucun projet sérieux et donc durable ne peut se construire sur du bluff et les rédacteurs en chef des média nationaux feraient mieux de réveiller leurs journalistes afin qu'ils portent un regard de vérité sur Ouarzazate. C'est le meilleur service à rendre à Ouarzazate.
Le Maroc utile, c'est de mettre en oeuvre une nouvelle manière de faire vivre notre territoire
Un de mes compatriotes a eu le culot autrefois d'accoler les territoires du Sud Est du joli label de "Maroc inutile" et pendant des années, ce fut comme le cas, mais nous, ouarzazi de souche ou d'adoption, revendiquons aujourd'hui et pour tous l'utilité de mettre en oeuvre une nouvelle manière de faire vivre notre territoire. Sa Majesté Mohammed VI l'a clairement dit : le patrimoine immatériel, c'est de l'or. Et Ouarzazate a cet or dont elle a l'honneur d'être l'écrin, la tradition Ahwach, et il est plus que temps de prendre tout cela au sérieux et de mobiliser les vraies compétences pour que Ouarzazate, et donc tous, profitent vraiment de cette fortune.
Et pour ce qui concerne, le festival national d'Ahwach, mené sous le haut patronage de Sa Majesté Mohammed VI, il convient de l'organiser un an à l'avance, sous la responsabilité d'une association dédiée à cette unique action, comme l'a justement proposé le directeur artistique du festival, M. Hakim Takniouine, avec une vraie implication des écoles, de la faculté polydisciplinaire de Ouarzazate et tous ses jeunes talents en communication, dans une vraie coopération avec les agences de voyages, dans une saine et efficace harmonie avec les opérateurs touristiques de la ville.
Un an à l'avance pour dessiner une opération où toute la ville de Ouarzazate sera en fête, alors mise en lumière pour être vue par toute la planète comme l'un des phares du patrimoine du Maroc.
Il est plus que temps de mieux faire.
23 Août 2014-08-25_SOURCE WEB Par Eric Anglade rédaction Almaouja.com
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