Enjeu majeur Par Nadia Salah

Lors du référendum sur la Constitution, les débats se sont polarisés sur la place du Trône: il y avait ceux qui trouvaient qu’elle était trop rognée, et en face, ceux qui pensaient le contraire. Il faut reconnaître que ces derniers ont fait beaucoup de bruit.Il n’empêche qu’on ne peut pas les rendre coupables d’un phénomène insidieux: la portée du texte n’a pas été bien intégrée. Or, cette portée est immense. Elle est d’autant plus grande qu’au lieu de se contenter de prescrire ou de proscrire, elle fixe des pôles de pouvoirs/contre-pouvoirs. De plus, elle protège ceux qu’elle ne cite pas expressément. Elle pose des voies pour que chacun, s’il le veut bien, ait les outils pour participer au mieux à la vie commune. En cela, le texte est proche de l’esprit américain, mais surtout il fait revivre des usages sociaux et politiques anciens où les tribus avaient des places établies dans la construction de l’Empire chérifien. Aujourd’hui, ce ne sont pas les tribus qui sont installées dans cette position, ce sont les citoyens, seuls ou avec leurs diverses appartenances.Sous cet angle, il est évident que la démocratie en construction ne passera pas uniquement par les élus des partis politiques. Au contraire, ceux qui ne font pas la preuve de leurs compétences risquent d’être écrasés par des acteurs plus performants. Pour le meilleur et pour le pire.La mise au secret des commissions de la Chambre des représentants est un bon moyen pour disqualifier les autres pôles sociaux, culturels, économiques, politiques… dans le pays, en leur coupant l’information opérationnelle. D’autres faits vont dans le même sens: pas moins de trois lois ou projets contiennent des dispositions anticonstitutionnelles: concurrence, corruption et code pénal. Autant de faits montrant que le monde politicien a du mal à s’adapter aux nouvelles règles.

Pourtant, l’enjeu est majeur.

17 juillet 2014_SOURCE WEB Par Nadia Salah L’ECONOMISTE

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