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Projet de loi 03.23 : Entre modernisation judiciaire et libertés associatives sous tension au Maroc

Projet de loi 03.23 : Entre modernisation judiciaire et libertés associatives sous tension au Maroc

N'est ce pas couper le cordon ombilical entre capacité de donner un  équilibre possible entre efficacité judiciaire et implication de la société civile dans la gouvernance démocratique du Royaume du Maroc. Cette restriction ne peut être que perçue comme une entrave directe à la participation citoyenne dans la lutte anticorruption !

Le projet de loi n°03.23 relatif à la procédure pénale, actuellement en discussion au Parlement marocain, cristallise les tensions entre avancées juridiques et restrictions des libertés associatives. Si l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) salue certaines dispositions, elle s’alarme particulièrement d’une mesure controversée : l’obligation pour les associations de solliciter une autorisation préalable du ministère de la Justice pour se constituer partie civile. Cette restriction, perçue comme une entrave directe à la participation citoyenne dans la lutte anticorruption, mobilise désormais les partis politiques et ravive le débat sur l’équilibre entre efficacité judiciaire et implication de la société civile dans la gouvernance démocratique du Royaume.

Un débat politique intense

L’examen du projet de loi 03.23 en Commission au Parlement suscite de vives réactions. Alors que certaines dispositions marquent des avancées saluées par l’Instance nationale de la probité, d’autres inquiètent fortement. La possibilité pour les associations de la société civile de se constituer partie civile sans conditions supplémentaires est au cœur des débats. Les partis politiques se mobilisent : le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), le Parti de l’Istiqlal (PI) et l’Union socialiste des forces populaires (USFP) organisent des rencontres sur le sujet dans les prochains jours.

Un arsenal juridique modernisé mais controversé

Adopté par le Conseil du gouvernement le 29 août 2024, ce texte législatif s’inscrit dans une dynamique de modernisation de la justice pénale au Maroc. Parmi les avancées notables, on note l’introduction de procédures numériques pour fluidifier le traitement des dossiers et l’amélioration des garanties des droits de la défense. Cependant, la limitation imposée aux associations pour se constituer partie civile soulève des interrogations sur la volonté de maintenir un contrôle plus strict sur l’action judiciaire.

Les critiques de la société civile

De nombreuses organisations de la société civile et d’experts juridiques dénoncent cette disposition comme une régression. Pour elles, la lutte contre la corruption nécessite une participation active et sans entraves de la société civile. "Restreindre le droit des associations à se constituer partie civile revient à museler une force essentielle dans la détection et la dénonciation des abus", souligne un responsable d’une ONG locale.

La position du gouvernement

Du côté du gouvernement, on justifie cette mesure par la nécessité de prévenir les dérives et les abus potentiels. Selon le ministère de la Justice, certaines associations auraient par le passé utilisé leur statut pour poursuivre des intérêts personnels ou politiques. L’autorisation préalable serait donc une garantie de sérieux et d’impartialité.

Vers un compromis ?

Face à la levée de boucliers, certains observateurs appellent à un compromis. Une piste envisagée serait de prévoir des critères objectifs et transparents pour l’octroi de l’autorisation, afin d'éviter toute forme d'arbitraire. Par ailleurs, l’introduction d’un mécanisme de recours indépendant pourrait rassurer les associations tout en maintenant un cadre régulateur.

Conclusion

Le projet de loi 03.23, s’il témoigne d’une volonté de modernisation de la justice pénale, pose la question cruciale de l'équilibre entre contrôle institutionnel et liberté d'action de la société civile. Alors que le Parlement poursuit l'examen du texte, les discussions en cours pourraient aboutir à des ajustements destinés à préserver cet équilibre. Le débat reste donc ouvert, avec en toile de fond l'enjeu de la transparence et de la démocratie participative au Maroc.

Le 22/03/2025

Rédaction de lanouvelletribune

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