Pouvoir au Maroc : Ouattassides, Saâdiens et Ottomans au XVIe

Le XVIe siècle marque une période mouvementée pour le Maroc, alors en proie à des luttes de pouvoir internes tout en résistant à l'influence croissante de l'Empire ottoman. Si le Royaume a su préserver son indépendance face à cette puissance tricontinentale qui dominait les Balkans, l'Égypte et une grande partie du Maghreb, des interactions complexes et des rivalités marquèrent les relations bilatérales entre le Maroc et les Ottomans.
Au cœur de cette période, le royaume était divisé entre les derniers représentants de la dynastie ouattasside, affaiblis, et les Saâdiens, une nouvelle force émergente du Souss. Ces derniers, portés par une légitimité chérifienne et soutenus par la confrérie jazouliya, se présentaient comme les défenseurs de la guerre sainte contre l'occupant portugais.
En septembre 1545, Mohamed Cheikh, un Saâdien déterminé, remporta une victoire décisive à la bataille d’Oued Derna, capturant le roi ouattasside Abou-l-Abbas et affaiblissant encore davantage la dynastie. En 1549, les Saâdiens prirent Fès, marquant la fin du règne ouattasside sur cette ville, tandis que le vizir Bou-Hassoun cherchait refuge dans le Rif avant de solliciter l’aide des puissances étrangères, notamment l'Espagne, le Portugal et même l'Empire ottoman.
L’intervention ottomane au Maroc
L'Empire ottoman, bien qu'étendant son influence sur le Maghreb oriental et central, voyait dans le Maroc une opportunité stratégique. En 1553, à la demande de Bou-Hassoun, Salah Raïs, beylerbey d'Alger et ancien compagnon de Barberousse, lança une expédition combinée terrestre et maritime pour soutenir la restauration ouattasside. Avec une flotte de 22 navires et des troupes janissaires, Salah Raïs parvint à rétablir Bou-Hassoun sur le trône de Fès en janvier 1554.
Cependant, cette victoire fut de courte durée. Rapidement, la population locale se retourna contre les troupes ottomanes, perçues non pas comme des libérateurs, mais comme des oppresseurs. Les pillages, les exactions et les violences exercées par les soldats turcs exacerbèrent les tensions. Bou-Hassoun, bien que soutenu par les Ottomans, fut contraint de payer des sommes considérables pour obtenir leur départ.
La fin des Ouattassides
Profitant de cette instabilité, Mohamed Cheikh revint à l'offensive, infligeant une défaite décisive à Bou-Hassoun en juin 1554, dans la province de Tadla. Ce dernier trouva la mort sur le champ de bataille, marquant ainsi la fin définitive de la dynastie ouattasside. Les survivants de la famille furent contraints à l'exil, certains trouvant refuge en Espagne ou en Italie.
Héritage et enjeux historiques
Cette période illustre les luttes complexes pour le pouvoir au Maroc, prises entre rivalités internes et influences extérieures. Elle met également en lumière la résistance marocaine face à l'expansionnisme ottoman, tout en révélant les fragilités des alliances fondées sur des intérêts divergents.
L'histoire des Ouattassides et des Saâdiens reste un épisode clé pour comprendre les dynamiques politiques et stratégiques du Maroc au XVIe siècle, une époque où le royaume jouait un rôle crucial dans l'équilibre des puissances en Afrique du Nord.
Le 06/01/2025
Rédaction de lanouvelletribune
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