Barcelone : Restrictions sur les locations et bataille juridique

La bataille entre les autorités locales et les propriétaires de locations de courte durée à Barcelone s'intensifie en cette fin d'année, marquant un tournant décisif. Les propriétaires dénoncent ce qu'ils qualifient "d'expropriation déguisée" et réclament une indemnisation inédite dans l'histoire des conflits liés au tourisme. Ils exigent plus de 4,28 milliards d'euros, une somme colossale qui reflète l'ampleur du désaccord.
Barcelone, pionnière des restrictions sur les locations touristiques
Depuis plusieurs années, Barcelone est en première ligne en Europe pour réguler drastiquement l'économie des locations de courte durée, souvent comparée à des mesures similaires à New York. La capitale catalane a récemment adopté une décision radicale : supprimer 10 000 licences de locations touristiques d'ici 2028, sans possibilité de retour en arrière. Cette décision est motivée par la pression croissante exercée par les habitants, excédés par les nuisances sonores, la hausse des loyers (+68 % en 10 ans) et la spéculation immobilière.
Les tragédies humaines amplifient le débat : le suicide de deux sœurs, menacées d'expulsion par un propriétaire souhaitant transformer leur logement en location touristique, a profondément marqué l'opinion publique.
Les propriétaires ripostent
Pour les propriétaires, cette mesure viole leur liberté d'entreprendre et de tirer profit de leurs biens immobiliers. Regroupés au sein de l’association Apartur, ils dénoncent une politique qu’ils jugent injuste et inappropriée. Ils affirment que les logements touristiques ne représentent que 1 % du parc immobilier total et que leur suppression ne garantit pas leur conversion en logements résidentiels.
En parallèle, ils soulignent l’apport financier des locations de courte durée : 160 millions d’euros de taxes par an à Barcelone, soit presque l’équivalent du budget annuel de la ville pour le logement social. Selon eux, flécher ces revenus vers le logement social permettrait de doubler la capacité de la ville à construire des logements pour les personnes en difficulté.
Les retombées d’une décision controversée
Barcelone, destination touristique majeure attirant près de 170 000 visiteurs quotidiens, tire 14 % de son PIB du tourisme. Malgré la suppression des licences de locations meublées, la ville prévoit la création de 15 000 chambres d’hôtel supplémentaires, confirmant sa volonté de rester une grande capitale touristique, mais en privilégiant l’hôtellerie traditionnelle.
Cependant, la résistance des propriétaires s’organise à l’échelle locale et européenne. Outre les recours devant la Cour constitutionnelle espagnole, la Commission européenne enquête sur une possible violation des réglementations communautaires. La Fédération catalane des appartements touristiques a également déposé une plainte auprès des institutions européennes.
Un conflit aux répercussions européennes
Les décisions à venir pourraient transformer la régulation des locations saisonnières à travers l’Europe. Avec des villes comme Paris et Berlin confrontées à des défis similaires, le cas de Barcelone pourrait servir de modèle ou de mise en garde pour les politiques publiques face à la montée des tensions entre résidents, autorités locales et propriétaires.
Le 30/12/2024
Rédaction de lanouvelletribune
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