Tourisme américain au Maroc : potentiel inexploité, stratégies de croissance face à la concurrence égyptienne et turque

Le marché touristique américain représente une opportunité à fort potentiel que le Maroc ne peut plus ignorer. Malgré des arrivées saisonnières fluctuantes, l'intérêt des touristes américains pour le Royaume reste constant. En 2024, il est temps de maximiser ce potentiel et de renforcer la position du Maroc sur ce segment stratégique. Voici un aperçu des enjeux.
Des chiffres encourageants malgré des variations saisonnières
À fin septembre 2024, le Maroc a accueilli 291.478 visiteurs américains, soit une légère hausse de 1% par rapport à 2023, mais un recul de 9% par rapport aux niveaux prépandémiques de 2019. « Ce segment offre un potentiel inexploité avec des touristes enclins à dépenser davantage et à rechercher des expériences uniques. Face à des concurrents comme l’Égypte et la Turquie, le Maroc doit affiner son approche », estime Zoubir Bouhoute, consultant en tourisme.
Les données mensuelles révèlent une volatilité marquée. Si janvier 2024 a enregistré une baisse de 18% par rapport à 2019, mai a connu un rebond spectaculaire (+30%). Cependant, des baisses significatives en juillet et août (-3% et -25%) rappellent la nécessité de structurer l’offre touristique pour garantir une fréquentation plus constante. Le lancement du vol direct New York-Marrakech par United Airlines pourrait jouer un rôle clé dans cette dynamique.
Marrakech domine, mais la diversification est essentielle
Marrakech reste la destination phare, concentrant 34% des nuitées des touristes américains. Casablanca (13%) et Fès (12%) complètent le trio de tête. D’autres destinations, comme Agadir, Rabat et Tanger (7% chacune), ainsi que Essaouira (4%) ou Ouarzazate (2%), restent secondaires.
« Le Maroc doit valoriser ses destinations moins connues pour capter une clientèle en quête d’expériences uniques », souligne Bouhoute. Des itinéraires thématiques et des circuits diversifiés pourraient attirer des visiteurs au-delà des villes emblématiques.
Un profil de voyageur à forte contribution économique
Les touristes américains se distinguent par leur propension à dépenser. En 2023, leurs dépenses moyennes ont atteint 14.782 dirhams par séjour, générant un total de 4,9 milliards de dirhams. Toutefois, leur durée moyenne de séjour (2,33 jours) reste inférieure à ce qu’une offre élargie pourrait permettre.
Ce segment privilégie les services haut de gamme, des hébergements premium aux expériences gastronomiques et culturelles. Les attentes clés incluent l’immersion culturelle, la découverte de la gastronomie locale et des escapades urbaines ou naturelles. Casablanca et Marrakech répondent particulièrement bien à ces besoins.
Concurrence régionale : se démarquer de l’Égypte et de la Turquie
Face à des destinations comme l’Égypte et la Turquie, le Maroc doit capitaliser sur ses atouts distinctifs : authenticité, diversité culturelle et patrimoine gastronomique. Actuellement cinquième sur le marché américain avec un capital d’équité de 9%, le Royaume a encore du chemin à parcourir pour améliorer sa compétitivité.
Avec un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de -3% entre 2019 et 2024, les arrivées américaines restent en deçà de leur potentiel. Pour inverser cette tendance, le Maroc doit investir dans :
- La diversification de son offre (itinéraires thématiques, nouvelles destinations).
- L’amélioration de la qualité des services et de l’accueil.
- Des partenariats stratégiques avec les compagnies aériennes et des agences de voyages spécialisées.
Perspectives : cap sur 2030
D’ici 2030, les États-Unis devraient devenir le troisième plus grand marché émetteur de touristes dans le monde, avec 146 millions de voyageurs. « Le Maroc doit anticiper cette évolution en renforçant sa position sur ce marché prometteur », conclut Bouhoute.
En adoptant des stratégies ciblées et en optimisant son offre touristique, le Royaume peut transformer l’intérêt croissant des Américains en un flux touristique régulier, durable et économiquement rentable.
Le 15/11/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
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