Alternance par Mohamed Benabid
Un peu sur les traces d’Obama pour son discours au Caire, c’est finalement tout le monde arabe qui est interpellé par l’intervention de Christine Lagarde au CESE. Officiellement, l’analyse de la patronne du FMI se veut d’abord pédagogique. Les propositions pourraient cependant nourrir bien des agendas de réformes. En particulier pour une région toujours en effervescence et où il faut réactualiser les scénarios en permanence. Les crises au cœur du printemps arabe ont remis au goût du jour une conception rawlsienne où le libéralisme a des exigences d’efficacité en termes de répartition du développement. Valeur aujourd’hui, les attentes tout comme le diagnostic peut avoir un air de déjà-vu. L’incapacité à repenser les modèles économiques, la difficulté à trouver une vraie croissance inclusive, de replacer le secteur privé au cœur des stratégies, d’être imaginatifs sur les questions de l’emploi, d’éradiquer les freins qui brident la créativité. De capitaliser sur les politiques monétaires et inflationnistes, jusque-là judicieusement négociées. Ou encore de soigner la malédiction de la crise de la gouvernance qui fait des pays arabes les plus mauvais de la classe. Ce qui manque aussi c’est une politique de vérité pour apurer un débat vicié sur ce que devrait être les vraies priorités. Celles qui permettraient de remplacer des promesses juste idéalisantes et moralisatrices pour l’heure, par la vraie alternance.
NB Définition de la conception rawlsienne
La démocratie délibérative et la raison publique rawlsienne, qui s'opposent toutes deux aux théories agrégatives de la démocratie, sont communément associées. Elles impliquent pourtant deux conceptions différentes et inconciliables de la légitimité politique. Tandis que la démocratie délibérative fonde la légitimité des décisions collectives sur une délibération publique et non contrainte qui vise l'émergence d'un accord épistémique et moral entre citoyens, la raison publique la fonde sur un principe excluant les raisons privées de la justification publique et subordonne en conséquence la délibération à un accord préalable sur une conception politique de la justice. La première comprend d'abord la démocratie comme un idéal d'autogouvernement par le débat public, le second la conçoit avant tout comme un idéal de coopération équitable.
09 mai 2014_SOURCE WEB Par L’Edito de L’Economiste
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