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DÉCISION "HISTORIQUE" : PARIS VEUT RÉDUIRE LE TRAFIC AÉRIEN AU-DESSUS DE LA CAPITALE

DÉCISION

Moins d'avions dans le ciel parisien. C'est le souhait du Conseil de Paris qui a plaidé début juin pour une réduction du trafic. La capitale rêve de suivre l'exemple d'Amsterdam qui a plafonné le nombre de vols de l'aéroport de Schiphol, pourtant troisième aéroport le plus fréquenté d’Europe. Une réduction du trafic nécessaire pour respecter l'Accord de Paris.

Des turbulences sont à prévoir prochainement dans le ciel de la capitale. Le 7 juin dernier, le Conseil de Paris a adopté à l’unanimité le vœu déposé par le groupe écologiste appelant à la réduction du trafic aérien. Paris plaide désormais auprès de l’État et des aéroports franciliens pour baisser le trafic aérien à hauteur de 12% au-dessus de la capitale à l’horizon 2025 et ce, par rapport aux niveaux de 2022.

Passée inaperçue, cette décision est pourtant "historique", insiste auprès de Novethic le conseiller de Paris à l’origine de cet engagement, et auteur du rapport "Paris 50°C", Alexandre Florentin. Surtout à l’heure où le secteur pérore sur sa bonne santé retrouvée. Selon l’organisme Eurocontrol, le trafic aérien européen enregistre près de 83% de son trafic par rapport à 2019. À Paris, le groupe Aéroports de Paris (ADP) se porte également très bien. 57 681 avions ont décollé ou atterri rien que sur les aéroports d’Orly et Charles-de-Gaulle en juin dernier, soit un retour à 90,4% de son trafic pré-Covid.

L’aérien, un poids lourd dans le bilan carbone de Paris

Une bonne nouvelle économique, mais certainement pas climatique. À l'échelle du monde, le secteur aérien commercial, représente un milliard de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des émissions du Japon. En France, il est responsable de 5% des émissions globales du pays, selon l’Ademe. Mais lorsque les émissions de CO2 sont transposées dans le bilan carbone d’une ville, ce dernier explose.

À Paris, l’une des rares villes à le prendre en compte dans son empreinte carbone, l’aérien pèse très lourd. Il représente un tiers du bilan carbone de la capitale, avec 7,6 millions de tonnes de CO2. Or, ces chiffres vont à l’encontre de l’ambition de la ville d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. "En prenant cette décision, Paris a mis fin à un tabou car bien que la ville n’ait pas le contrôle sur les créneaux de décollage et d'atterrissage des quatre aéroports franciliens, elle a décidé d'envoyer un message fort à la communauté internationale et aux entreprises du secteur" précise Alexandre Florentin.

Economiquement, Paris pourrait être amputée d'une manne financière non-négligeable. Le tourisme représente 13% de son PIB et plus de 15% des emplois. Et l’adjoint au Tourisme, Frédéric Hocquart, en a bien conscience. "Cette démarche n’a pas pour objectif d’empêcher les touristes et les visiteurs de venir visiter notre belle Ville-Lumière, explique-t-il devant le Conseil de Paris. Au contraire, il s’agit d’impulser un changement des pratiques pour construire avec l’ensemble des acteurs un modèle de tourisme durable, éco-responsable et soutenable".

Réduire le trafic pour s’assurer un avenir ?

Alors que Paris en est encore au stade du plaidoyer, les Pays-Bas eux sont passés à l’action en limitant l’activité de l'aéroport de Schiphol à Amsterdam. N’en déplaisent à certaines compagnies aériennes déboutées par la justice qui ont décidé de se pourvoir en cassation contre cette mesure. Reste que cette décision reste pour l'instant marginale et fait craindre une augmentation du prix des billets. Un mal pour un bien pour Nicolas Meunier, responsable du Pôle mobilité chez Carbone 4. "Cela réduirait probablement la fréquence à laquelle on prend l’avion pour les vacances", avance-t-il.

C’est le vœu d’ailleurs plus qu’inattendu du PDG d’ADP, Augustin de Romanet, qui a "invité les gens à être plus raisonnables" tant que "le transport aérien n’aura pas été bout de son processus décarbonation". Un appel à la modération mais pas à la réduction du trafic. Le secteur aérien mise en effet sur les progrès technologiques via des carburants alternatifs pour limiter ses émissions. Or selon le cabinet B&L Evolution, même avec des leviers techniques poussés, une diminution du nombre de passagers comprise entre 2,5% et 4% par an est nécessaire. Il faudrait donc réduire de moitié le nombre de passagers d'ici 20 ans pour respecter l'Accord de Paris.

Le 15/08/2023

Source web par : novethic

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