France Suspicions autour de la Justice par Ahmed CHARAI
Ahmed CHARAI
Le scandale des écoutes téléphoniques de Nicolas Sarkozy et son avocat n’a rien à voir avec l’affaire des enregistrements de Patrick Buisson. Dans ce second cas, il s’agit d’une félonie individuelle d’un conseiller qui a trahi son employeur. Les dégâts collatéraux, politiques, sont importants, mais cela reste un acte individuel dont on ne connaît toujours pas les motivations. Dans le cas des écoutes concernant Nicolas Sarkozy et son avocat, on est dans un problème plus grave, parce qu’il met en jeu, les institutions et donc l’Etat ainsi que le fonctionnement de la Justice. L’ancien chef de l’Etat Français a été, est peut-être toujours, sur écoute depuis avril 2013, de la même manière que deux de ses anciens ministres, et ce dans le cadre d’une enquête sur un éventuel financement de la campagne de 2007 par le tyran Kadhafi. Le débat, « l’affaire », prend en France des proportions énormes, et c’est normal ! Il s’agit de l’un des principaux fondements de l’Etat de droit, à savoir l’indépendance de la Justice et l’égalité de tous devant la règle de droit. Il faut être clair, M. Sarkozy est un justiciable comme les autres, mais la question qui s’impose : Le traite-t-on en tant que tel ? Ecouter un homme politique, pendant un an, est sûrement un fait exceptionnel en démocratie. Intercepter les contacts entre un avocat et son client est scandaleux. La confidentialité de ces contacts est assurée par toutes les démocraties. L’Etat de droit suppose de respecter les droits de la défense et le secret professionnel de l’avocat en est l’un des fondamentaux. D’ailleurs, 800 avocats de renom ont signé une pétition pour défendre leur profession. Parmi eux, les plus grands noms du barreau, y compris les socialistes. Le sénateur Vallini, qui était pressenti pour le poste de garde des sceaux après l’élection de François Hollande, est l’un des premiers signataires. Toute la France se pose la question aujourd’hui sur les motivations des magistrats instructeurs. Sontils devenus des acteurs politiques ? Ont -ils été manipulés ? En tous les cas, une bonne partie de la classe politique française pense que c’est une dérive qui ne peut que nuire à la démocratie. Celle-ci n’est viable que si la séparation des pouvoirs est réellement étanche. Visiblement, le doute s’installe ! Le quotidien français Le Figaro révèle que la garde des sceaux, Madame Taubira, aurait adressé une circulaire le 31 Janvier dernier à tous les parquets de France, dans laquelle elle « intime l’ordre de l’informer des affaires sensibles dans le moindre détails ». Nous, les francophiles de la rive sud de la Méditerranée, n’avons jamais caché notre respect pour la démocratie française, fille de la révolution des droits de l’Homme. Mais autant de couacs nous interpellent. Les soupçons d’instrumentalisation de l’appareil judiciaire à des fins politiques sont de plus en plus forts, sans que l’on sache qui mène la danse. Par exemple, quand un juge d’instruction provoque une crise diplomatique entre la France et le Maroc, en requérant la présence d’une personnalité sécuritaire, sur la foi d’une plainte déposée par un trafiquant de drogue, Adil Lamtalsi, qui a été arrêté en 2008 à Tanger pour avoir tenté d’expédier une tonne et demie de drogue, on a le droit de se poser la question : Ce juge agit-il en homme de droit, selon ses convictions, ou sur ordre d’une quelconque officine ? Le débat actuel en France est très important pour tous les démocrates. Nous savons tous que l’image des hommes politiques dans nos sociétés est très négative. Leur impuissance à offrir des solutions pour sortir de la crise y est pour beaucoup. Les « affaires » successives mettant leur probité en doute y contribuent. Le recours restait la justice. L’égalité de tous devant la règle de droit paraissait être l’acquis le plus fondamental pour préserver la démocratie. C’est ce socle qui est aujourd’hui remis en cause. Ce n’est pas une catastrophe, c’est un séisme
14 mars 2014._SOURCE WEB Par Ahmed CHARAI, L’Observateur Infos
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