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#Changement_Climatique: Des dinosaures à nos jours, l'histoire passionnante du climat

#Changement_Climatique: Des dinosaures à nos jours, l'histoire passionnante du climat

De la disparition des dinosaures à la chute de l’Empire romain, de la révolution industrielle et ses lourdes conséquences au vent de climatoscepticisme qui souffle à l’inverse du consensus scientifique, l’histoire du climat constitue une épopée aux profondes implications politiques, sociales, économiques et philosophiques. (Cet article est extrait de T La Revue n°12 - « Climat : Et si on changeait nous aussi ? », actuellement en kiosque)

Il y a 65 millions d’années, les dinosaures règnent en maîtres. Pour peu de temps encore… Car le puissant impact d’une météorite et l’explosion de plusieurs volcans autour du globe entraînent une chute brutale des températures. En résulte la disparition de la moitié des espèces vivantes, dont les fameux dinosaures. C’est ici la première illustration de l’influence du climat sur la vie terrestre. (Crédits : Istock)

18 avril 2022, en plein Paris. Au pied de l'arc de la porte Saint-Denis, dans ce quartier à la circulation d'ordinaire intense, on entend cette fois-ci les bruits de la ville comme s'ils étaient lointains et étouffés. Sur le bitume, c'est une autre réalité qui se donne à voir : des tentes, des hamacs et des bottes de foin. Depuis trois jours déjà, une centaine de militants de l'association Extinction Rebellion bloquent l'accès à la chaussée pour dénoncer l'inaction climatique. Une des figures de ce « blocage festif » se fait appeler « Oeil de nuit ». Barbu, la petite trentaine, il arbore le même look que ses compagnons de « désobéissance non violente » : de jeunes urbains imprégnés d'éco-anxiété, à savoir l'angoisse de la nouvelle génération vis-à-vis d'une nature détruite et d'une planète en proie au réchauffement généralisé. « Aucun des deux candidats finalistes de la présidentielle n'a un programme écologique à la hauteur des enjeux actuels, clame le militant. On court vers la catastrophe, donc on est là pour mettre en avant ce sujet et mettre un gros coup de pression. » Il y a là de l'emphase et une vision sombre de notre avenir. Mais au programme, ni saccage ni destruction. Plutôt un emploi du temps alternatif rompant avec les habitudes bien ancrées de la société de consommation : débats, concerts, cours de yoga, hypnose de rue et ateliers de sensibilisation écologique. En somme, une nouvelle manière de mobiliser en faveur du climat à l'heure où les perspectives commandent, en France comme dans le reste du monde, de remettre en question nos modes de vie. Longtemps, il est vrai que le changement climatique constitua un non-sujet, comme s'il avait été un angle mort du débat démocratique. Pour que l'on s'en empare enfin, il fallut des décennies de pédagogie patiente et autres tentatives politiques plus ou moins fructueuses (lire notre analyse page 36) jusqu'à ce que le flambeau soit repris par une nouvelle génération de lanceurs d'alerte, cette fois bien visibles. Influents et bruyants, ceux-ci se nomment Greta Thunberg, Cyril Dion (lire notre interview page 92) ou Hugo Clément. Ils se déplacent en train ou en bateau plutôt qu'en avion, publient des best-sellers et font salle comble lorsqu'ils donnent des conférences. Mais surtout, ils influencent tout bonnement nos dirigeants à aller plus loin dans la transition vers le monde d'après. Politiquement, il ne fait aucun doute que l'activisme de la jeunesse en faveur de la planète et du climat a remplacé les luttes sociales de jadis dans leur ampleur comme dans leurs méthodes.

Néandertal s'adapte

Dans notre intérêt ainsi réaffirmé pour la chose climatique, il serait tentant de ne voir qu'une matière jeune et le frisson de la feuille blanche. Or, si l'horizon 2100 fixé par le GIEC entend limiter et stabiliser le réchauffement climatique sous les 2 °C, il s'agirait de ne pas oublier que l'histoire du climat existe depuis bien plus longtemps qu'on ne l'imagine. Contre toute attente, cela fait même plusieurs siècles que la matière s'étudie et bien davantage que les hommes s'interrogent sur le climat qui les entoure. Chargé de recherche au CNRS, historien des sciences et spécialiste de l'histoire environnementale, Fabien Locher nous l'explique : « Les spécialistes de la climatologie historique travaillent - souvent en lien avec des chercheurs en "sciences dures" - à reconstituer les climats du passé (température, saisons) en se basant sur les sources historiques : des observations anciennes, des statistiques agricoles, des témoignages individuels, des mentions de récoltes désastreuses ou de grands hivers rudes. Tout ceci sert à affiner notre connaissance des climats du passé, y compris à l'échelle microlocale, pour nourrir l'étude de notre trajectoire climatique et comprendre comment le changement climatique causé par l'homme "se greffe" sur les dynamiques "naturelles" du climat. » À ce titre, une fois n'est pas coutume, notre grande fresque historique ne débute pas à la Préhistoire mais remonte bien plus loin encore. Il y a 65 millions d'années, l'homme ne peuple pas encore notre planète et ce sont les dinosaures qui règnent en maîtres. Pour peu de temps encore... Car le Crétacé qui correspond à leur âge d'or s'achève brusquement, avec le puissant impact d'une météorite et l'explosion de plusieurs volcans autour du globe. En résulte une chute brutale des températures entraînant la disparition de la moitié des espèces vivantes, dont les fameux dinosaures. C'est ici la première illustration, à la fois inquiétante et grandiose, de l'influence du climat sur la vie terrestre. Plus tard, les premiers hommes subiront, eux aussi, des fluctuations qui impacteront leurs modes de vie comme le développement de l'espèce, notamment au cours d'intenses périodes glaciaires. Des mouvements qui se déroulent sur plusieurs milliers d'années. 60 000 ans avant J.-C., les calottes polaires gagnent du terrain et transforment à nouveau la planète en un milieu hostile. Dans la foulée, en Europe, les températures chutent. Il fait 5 degrés de moins qu'aujourd'hui, ce qui n'a l'air de rien mais provoque un tourbillon de conséquences extrêmes, dont l'arrivée de glace jusque sur le territoire de l'actuelle Angleterre. Les sols s'appauvrissent, durcissent et s'assèchent. Tant bien que mal, l'homme doit s'adapter ou mourir. Et dans ce jeu de survie, Néandertal tire alors son épingle du jeu. Il s'avère être résistant, habile chasseur et dispose d'un atout de poids : la maîtrise du feu. Voici donc le premier des hominidés à savoir se réchauffer et réguler, en même temps, la température de son habitat préhistorique. Le climat impacte également son régime alimentaire. Avec des étés au cours desquels la température oscille entre 10 et 15 degrés, notre aïeul accède au gros gibier plus facilement quand la glace fond. Là encore, il compose avec l'existant, et pour longtemps. Des millénaires avant nos débats sur la décroissance ou la fin de l'abondance, voilà que s'impose déjà un mode de vie en adéquation avec les soubresauts météorologiques.

Quand le climat précipite la chute de l'Empire romain

Au fil des siècles, le climat change et rechange à nouveau. Progressivement, les glaces vont fondre, le niveau des océans va monter et les précipitations vont s'amplifier. Ainsi abreuvée en eau comme en soleil, c'est une végétation nouvelle, conquérante et diversifiée qui va prendre vie sur tout le territoire actuellement couvert par la France. Le climat qui s'instaure se rapproche alors de celui que nous connaissons aujourd'hui : il est tempéré, rend les plaines fertiles et riches en animaux de toutes espèces. Les scientifiques et les historiens s'accordent désormais à dire que si des rives du Nil aux collines romaines l'humanité va faire un bond de géant au cours de l'Antiquité, elle le doit largement à l'installation de phénomènes climatiques favorables et stables lui permettant de se nourrir, de croître et de progresser. « De nos jours, explique Vincent Boqueho, agrégé en sciences physiques, en introduction de son livre Les Civilisations à l'épreuve du climat (éd. Dunod), le climat est perçu surtout comme un facteur influençant notre bien-être et pilotant nos activités de loisirs : nous regardons la météo pour savoir si nous allons pouvoir sortir le prochain week-end, ou si nous allons pouvoir bien profiter de nos vacances... Le climat semble donc jouer un rôle mineur dans la richesse et la croissance d'un pays développé : seuls certains professionnels comme les agriculteurs ou les pêcheurs peuvent encore voir leurs revenus varier en fonction du temps qu'il fait. Or ce détachement apparent vis-à-vis de l'impact du climat est tout a? fait récent, et date de la révolution industrielle : l'histoire humaine avant ces deux derniers siècles a été dominée économiquement par le secteur agricole, fortement tributaire du climat. Le passage même de la Préhistoire a? l'Histoire trouve ses racines dans la mise en place d'une agriculture intensive de plantes domestiquées, a? l'époque néolithique : l'essor des premières grandes civilisations historiques s'est bâti sur le développement très pousse? de ces pratiques agricoles. » On l'ignore souvent mais c'est justement grâce à un phénomène naturel rare qui s'étendit sur près de 400 ans qu'Athènes et Rome purent se développer jusqu'à atteindre leur apogée. Baptisée « optimum romain », cette période anormalement clémente s'étend de 250 av. J.-C. à 400 apr. J.-C. Elle explique, en Europe et particulièrement sur le pourtour méditerranéen, pourquoi les récoltes furent si abondantes, permettant de nourrir une population toujours plus large et de garantir de solides bases économiques en Grèce et surtout dans l'Empire romain. « À son apogée, écrit l'historien Benoit Rossignol[1], Rome a bénéficié d'un "été" volcanique, que l'on appelle parfois l'Optimum romain. Elle est caractérisée par une stabilité climatique remarquable et des températures moyennes relativement chaudes, sans atteindre cependant la situation, hélas inédite et inquiétante, que nous expérimentons depuis quelques décennies. [...] On peut considérer que ce temps chaud et stable fut probablement favorable à la culture de la vigne. On a donc pu considérer que les températures plus clémentes liées à la période dite de l'Optimum romain avaient eu un effet positif sur l'économie romaine. » Mais voilà, les bonnes choses ont une fin. Et des dinosaures jusqu'aux empires, la chute s'explique souvent par un brusque changement de circonstances contre lequel on demeure impuissant. Le climat se refroidit et le rendement des récoltes diminue. Durant plusieurs décennies, la sécheresse va frapper et dérégler cette météo qui fut idéale. Et puisqu'une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, c'est au même moment que surgissent des confins de l'empire des peuplades barbares venues faire des razzias. L'aléa climatique aurait-il précipité la chute de l'Empire romain ? C'est bien possible. « Le destin de Rome a eu pour acteurs les empereurs et les Barbares, les sénateurs et les généraux, les soldats et les esclaves. Mais il a été également décidé par les bactéries et les virus, les volcans et les cycles solaires » écrit à ce sujet Kyle Harper, professeur d'histoire ? université d'Oklahoma, dans son essai Comment l'Empire romain s'est effondré (éd. La Découverte).

Quand les penseurs inventent la « Théorie des climats »

Ainsi, tout au long de l'histoire, le climat fluctue et influence, dans des proportions ignorées jusqu'alors, la survie des nations. Le Moyen Âge ne déroge pas à cette règle. Au-delà des idées reçues, les équipes de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP)[2] expliquent que « les populations médiévales n'ont pas vécu mille ans sous un climat humide et glacial », comme le montrent couramment les œuvres qui, de la peinture au cinéma, retranscrivent l'atmosphère prétendument sombre de l'époque. « Elles ont même connu une longue période de réchauffement climatique ! » Permettant notamment aux peuples européens de coloniser l'Islande d'abord, puis le Groenland, dès le Xe siècle. Dans le détail, cela donne « une certaine stabilité du climat aux IVe-Ve siècles » puis un VIe siècle qui se révèle « froid et très pluvieux ». Par la suite, et jusqu'au Xe siècle, le temps se réchauffe jusqu'à connaître, comme pour à l'Antiquité, un « petit optimum » jusqu'au XIIIe siècle. Jusqu'à ce qu'une nouvelle fois, la dynamique climatique s'inverse... Selon les données de l'INRAP, vers la fin du XIIIe siècle, des hivers très froids et pluvieux se multiplient entraînant une importante dégradation. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, c'est un « petit âge glaciaire » qui va s'installer, provoquant son lot d'inondations, de famines et d'épidémies.

Bientôt, la conquête de nouveaux mondes va amplifier le besoin de compiler le savoir et les données climatiques : « Dans nos sources historiques, confirme Fabien Locher, on voit que quelque chose de spécifique se passe avec l'exploration et la conquête de l'Amérique : c'est un énorme choc civilisationnel, qui bouleverse tous les savoirs en Europe, et notamment ceux sur le climat... pourquoi en particulier, se demande-t-on, est-ce que les climats sont différents en Europe et en Amérique, sous les mêmes latitudes ? C'est parce que, répond Christophe Colomb dès les années 1490, et bien d'autres voyageurs et savants à sa suite, l'Amérique n'a pas été "mise en valeur", défrichée, ses habitants n'en ont pas "amélioré" le climat - ce qui est aussi une façon de dire qu'ils sont inférieurs et qu'on peut s'emparer de leurs terres puisqu'ils n'en auraient "rien fait" ».

Initialement perçue comme une matière expérimentale et anecdotique, l'étude du climat va devenir, dès la Renaissance, un des fondements de la politique de colonisation entreprise par l'Espagne, le Portugal et la France. Et plus encore : une manière d'apporter un blanc-seing scientifique sur une volonté de conquête. À cela s'ajoute un empirisme philosophico-scientifique cherchant dans les fluctuations du ciel de grandes lois naturelles. Cette théorie, puissamment suivie du XVIe au XVIIIe siècle, engrange de fervents supporters. Baptisée « Théorie des climats » elle rassemble Boileau, Montesquieu et Rousseau, apportant chacun sa pierre à cet édifice placé sous le signe du bon sens de l'époque. Dès 1674, Boileau ouvre le bal. Dans L'Art poétique, ce dernier écrit : « Des siècles, des pays, étudiez les mœurs. Les climats font souvent les diverses humeurs. » C'est ensuite Montesquieu qui, en 1748, dans la troisième partie de son Esprit des Lois lui emboîte le pas : « Ce sont les différents besoins dans les différents climats, qui ont formé les différentes manières de vivre ; et ces différentes manières de vivre ont formé les diverses sortes de lois. » La thèse est finalement simple : le climat et la température plus exactement formeraient la disposition de caractère. De quoi distinguer le nordiste et le méridional, le scandinave ou le latin. Une vision, précisons-le, évidemment contestée, puis infirmée par la science. Quelques années avant la Révolution française, Jean-Jacques Rousseau se convertit lui aussi à la théorie, de manière plus lyrique. « Les climats, écrit-il dans Du Contrat Social, les saisons, les couleurs, l'obscurité, la lumière, les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine et sur notre âme. »

Le tournant des révolutions politiques et industrielles

Dans cette fresque du climat, la Révolution française constituera un tournant. Pour Fabien Locher, il s'agit plus précisément « d'un moment de bascule où, dans un contexte de remise en cause des formes de gestion des forêts, et des ressources de la France en général, par la Monarchie, montent des inquiétudes intenses en rapport avec cette question des changements climatiques ». L'heure est à la remise en cause du pouvoir du Roi et de l'arbitraire qui l'accompagne. Locher reprend : « Les Révolutionnaires accusent la monarchie d'avoir dégradé les climats de la France en dégradant ses forêts. S'ensuit plusieurs décennies de luttes politiques intenses, entre les camps politiques, sur cette question du changement climatique et autour de la grande question suivante : qui est légitime - et efficace - pour gouverner la nature : la noblesse ? La bourgeoisie ? La paysannerie ? Les ingénieurs des corps d'État comme celui des Eaux et Forêts ? Ou bien encore le marché ? » Le contexte est, à cette époque, bouillonnant. D'autant plus que l'opinion de l'époque a bien compris que la connaissance des mécanismes du climat était synonyme de stabilité politique et de croissance économique. C'est notamment à cette époque qu'apparaissent les premiers bulletins météorologiques imprimés. Des prévisions bien plus larges qu'à l'heure actuelle puisqu'elles dressent une météo complète des risques épidémiques, des prévisions de gel qui impacteraient les routes et donc le transport de biens et de denrées, de sécheresse pour savoir quand moissonner et quand récolter. « Bien plus que pour nous, le rapport au "temps qu'il fait" constitue à ce moment un "fait social total" » poursuit Locher. L'étude du climat, quant à elle, se perfectionne rapidement. Dans le sillage de l'abbé Richard qui expliquait que son Histoire naturelle de l'air « n'est pas une étude de simple spéculation », mais qu'« elle est utile au grand art de gouverner les hommes », on fonde partout des instituts et sociétés météorologiques. La science devient alors un enjeu de pouvoir, étroitement lié au contrôle du territoire. Ce nouvel outil précis et précieux se dote bientôt d'une méthodologie propre. Finis l'empirisme des débuts et les intuitions tantôt géniales tantôt fumeuses de nos grands humanistes ! On se dote de thermomètres et autres instruments mesurant la pression atmosphérique et le taux d'humidité, on interroge les anciens, on sonde et on recoupe les textes et les archives à la recherche de signes permettant d'écrire une histoire cohérente des changements climatiques à l'échelle locale puis nationale et bientôt continentale. Un travail bientôt renforcé par des méthodes encore plus pointues, comme l'étude des « lignes de vie » des troncs d'arbre et, plus tard, des carottages dans la glace.

Après s'être émancipée politiquement grâce aux Lumières, la révolution industrielle donne au citoyen la capacité de viser le développement économique. À compter du XIXe siècle, en Angleterre d'abord, puis en France, une nouvelle ère s'ouvre. Un essor qui se fera largement au détriment du climat. Car l'idée qui émerge est celle d'une lutte acharnée de l'homme contre la nature, en vue de la dompter. En d'autres termes, il s'agit d'asservir la nature pour en tirer le plus de fruits possibles et de sortir de la pauvreté. À la fois carburant symbolique et concret de cette industrialisation en marche, le charbon que l'on extrait et qui nourrit les machines devient omniprésent, quasi vital. Fleurissent rapidement, partout sur le continent, des usines qui modifient les paysages, redessinent les villes et les banlieues en occasionnant, à grand renfort de charbon, de véritables dommages au milieu naturel. Des usines qui, en tournant à plein régime, polluent. De Manchester à Paris, les citadins s'habituent à de nouvelles visions étranges comme celle du brouillard de pollution qui les fait tousser et les plonge, même en pleine journée, dans une atmosphère lugubre. On dit alors que c'est le prix à payer pour la modernité... On sait aujourd'hui mesurer les conséquences de l'ère industrielle, depuis ses débuts. L'Institut de recherche en science de l'environnement (IPSL) indique ainsi qu'un groupe international de chercheurs vient de montrer que le réchauffement climatique dû aux activités humaines aurait débuté il y a près de deux siècles, soit au début de la révolution industrielle. « Les résultats[3] obtenus par les chercheurs sont clairs : le réchauffement climatique auquel nous assistons a commencé au tout début de la révolution industrielle, il y a environ 180 ans. Cette étude met donc en évidence un réchauffement plus précoce que les scientifiques ne l'avaient envisagé jusqu'à présent. [...] En montrant que l'incidence des gaz à effet de serre sur les températures est détectable même à leurs faibles niveaux du début de l'ère industrielle, ce travail illustre l'extrême sensibilité du climat à de telles perturbations anthropiques. » Dater le début de l'influence humaine sur le réchauffement climatique n'est pas sans intérêt. Si les ravages occasionnés par la pollution, l'ère du tout-pétrole et la surconsommation au cours du siècle suivant ont largement été documentés, c'est contre un fléau d'un nouveau genre que les scientifiques se battent : le climatoscepticisme. Un courant de pensée déniant la réalité du réchauffement climatique et les dynamiques complexes exposées tout au long de cet article. Propulsé outre-Atlantique par les mandats Trump et Bolsonaro et diablement habile sur les réseaux sociaux, il constitue le énième développement de cette matière hautement inflammable que sont le climat, son étude et son histoire. Bien plus qu'un fait strictement environnemental, il y a là, indéniablement, un enjeu social et politique majeur. Une clé pour comprendre notre XXIe siècle.

Le 10/12/2022

Source web par : yabiladi

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