Mode : Le FIMA promeut la création comme vecteur de développement en Afrique
Pour la deuxième fois, le Festival international de la mode en Afrique (FIMA) se tient au Maroc. Après avoir eu lieu à Dakhla en 2018, sa 14e édition est abritée par Rabat, du 7 au 11 décembre 2022. Outre la promotion de la création africaine en elle-même, l’événement aspire à être un catalyseur pour repenser le secteur, en tant que force économique prometteuse dans le continent.
Fondé par Alphadi, créateur de mode nigérien, né à Tombouctou (Mali), le Festival international de la mode en Afrique (FIMA) rassemble non seulement les stylistes et les mannequins de tout le continent. Il est aussi un point de rencontre des opérateurs en quête d’investissement, dans le secteur économique africain du futur que représente la mode dans toutes ses formes. Mercredi 7 décembre à Rabat, l’édition 2022 a été inaugurée pour durer jusqu’au 10 du même mois, au site du Chellah. Sous le thème «la synergie des cultures pour le développement de l’Afrique», cet évènement s’organise sous l’égide du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, en marge de «Rabat, capitale africaine de la culture», chapeautée par Cités et gouvernements locaux unis – CGLU Afrique.
Secrétaire général de GCLU – Afrique, Jean Pierre Elong Mbassi est revenu auprès de Yabiladi sur la genèse de cette édition, dans le cadre du développement des secteurs culturels à dimension continentale. «Ce sont nos membres, collectivités territoriales d’Afrique, qui ont décidé de faire de la culture le quatrième pilier du développement durable dans notre continent. Ils ont proposé que soit célébrée, tous les deux ans, une ville comme capitale africaine de la culture. Nous avons porté le choix sur Rabat, cette année, comme toute première capitale africaine de la culture, dont j’ai été fait président», a-t-il indiqué.
«J’ai lancé un appel, à tous ceux qui le souhaitent, pour contribuer à cette célébration qui dure jusqu’en 2023. Nous avons été joyeusement surpris de l’engouement que l’initiative suscite à travers le monde. Le tout premier à y avoir adhéré est Alphadi, qui a fait que la quatorzième édition du FIMA soit organisée dans ce cadre. Nous en avons été très honorés.»
Jean Pierre Elong Mbassi - CGLU Afrique
La mode, secteur culturel et économique émergent en Afrique
Le FIMA, c’est d’abord la mode, la créativité et la célébration du beau, de «l’excellence africaine, dans un domaine où l’Afrique parle à égalité avec le reste du monde», estime Jean-Pierre Elong Mbassi. «Justement, parce qu’on se positionne sur un pied d’égalité avec le reste du monde, nous voulons que ce soit aussi une occasion de réfléchir sur ce que ce festival et la mode africaine peut apporter à l’économie, à la valeur et à l’épanouissement dans l’emploi, à la création de postes et de métiers», a souligné le secrétaire générale de CGLU – Afrique, qui mentionne ainsi une série de tables-rondes pour dynamiser la réflexion collective sur ces questions, lors des séances de matinée. «Puis le soir, nous fêtons tous ensemble la beauté et la créativité», nous indique le responsable.
Père fondateur de cet événement, Alphadi a créé sa première collection de mode en 1983. En 1985, il a présenté sa première collection de haute-couture au Salon international du tourisme à Paris. Deux ans plus tard, la Fédération française de la couture et du prêt-à-porter lui a décerné l’oscar du meilleur styliste africain. Nommé président de la Fédération africaine des créateurs et ambassadeur de bonne volonté au Niger depuis 1994, le créateur de mode a organisé la toute première édition du FIMA au Niger, en 1998, dans le désert de Tiguidit dans la région d’Agadez, avec la participation de grands acteurs de la mode comme Yves Saint Laurent, Kenzo et Paco Rabanne. En 2018, il a organisé l’évènement dans la ville de Dakhla.
«Le FIMA, présent pour la deuxième fois en terre africaine du Maroc, s’inscrit dans la dynamique de la construction d’une Afrique consciente de la richesse de son patrimoine, de son génie créateur, l’espoir que la jeunesse africaine bénéficiera d’un héritage digne et durable. C’est un vecteur de développement qui insuffle une forte dynamique à tous les autres secteurs économiques clés.»
Alphadi
Alphadi
Cette quatorzième édition, tenue cette fois-ci à Rabat, a été l’occasion pour la Fondation Trophée de l’africanité de consacrer à Alphadi un hommage, en reconnaissance à son rôle dans l’écho international de la mode et des créateurs de l’Afrique. Président de l’organisation, Nasrallah Belkhayate a déclaré à Yabiladi que cette dernière encourageait toutes les initiatives de développement pour les femmes en Afrique. «Nous célébrons l’excellence d’Alphadi en lui remettant la médaille de la reconnaissance africaine ; nous avons récompensé, à ce jour, plus de 160 personnalités, dont une dizaine de chefs d’Etats, pour des initiatives qui contribuent à l’épanouissement du peuple africain», a-t-il indiqué.
«La culture est la base de toutes les sciences humaines et économiques. Lorsqu’on célèbre la culture africaine à travers la mode, avec Alphadi, on célèbre la créativité et la beauté collectives, cet esprit de croire en son rêve jusqu’au bout et d’oser créer son bonheur.»
Nasrallah Belkhayate - Fondation Trophée de l’africanité
Un vecteur de création d’emplois et de préservation du savoir-faire africain
Elue deuxième dauphine du concours de Miss Monde 2022 et première femme de l’Afrique francophone à obtenir ce titre, Olivia Yacé, également Miss Côte d’Ivoire 2021, prend part à l’événement dans cet esprit-là, à l’occasion d’une première venue au Maroc. «C’est un moment historique, d’abord parce que le Maroc, vient de se qualifier aux quarts de finale de la Coupe du monde de football ! Lorsque j’ai atterri hier soir ici, je me suis trouvée dans cette belle ambiance. Je suis fière en tant que représentante de beauté africaine d’être là, dans ce carrefour des cultures de l’Afrique, ce rassemblement de festivités, de bonheur, de musique, de création, qui célèbrent notre continent, ses valeurs, ses traditions et son avenir à la fois. Je remercie Alphadi de m’avoir invitée», nous a-t-elle déclaré.
Olivia Yacé
Première dame du Cap Vert et marraine officielle du FIMA, Déborah Katisa Morais Brazao Carvalho a indiqué, pour sa part, que «lorsqu’on parle de mode, on ne parle pas uniquement de culture». «C’est à la fois une question d’économie, d’emploi, de créateurs, de femmes, de changements climatiques et de messages qu’on véhicule à travers la mode. Il ne s’agit pas seulement du vêtement qu’on aime présenter, mais de promouvoir des valeurs africaines et une certaine idée de l’épanouissement, d’autant que notre habillement coloré reflète un certain art de vivre qui est un hymne à la joie. La mode comme secteur économique doit permettre tout cela», a-t-elle plaidé.
Le 08/12/2022
Source web par : yabiladi
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