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Engrais : l’Office chérifien des phosphates joue sa partition au Nigeria

Engrais : l’Office chérifien des phosphates joue sa partition au Nigeria

CAP. L’OCP inaugure, au Nigeria, sa première usine de mélange d’engrais ultramoderne. Objectif : stimuler la production locale et renforcer la capacité d’exportation du pays.

La guerre en Ukraine, en provoquant une crise alimentaire et énergétique majeure, a amplifié l'urgence pour le monde et encore plus pour l'Afrique – toujours dépendante de l'extérieur pour ses besoins alimentaires – de renforcer sa souveraineté. Depuis le déclenchement du conflit, les denrées agricoles ont vu leur prix flamber, conséquence de l'effet conjugué de la pandémie de Covid-19, de la hausse mondiale du coût du transport et, plus récemment, de la guerre en Ukraine. Les alertes se multiplient sur l'aggravation de la faim et de la pauvreté sur le continent. Au Nigeria, la flambée des prix est en train de faire basculer de plus en plus de ménages sous la ligne de flottaison. Selon la Banque mondiale, le géant d'Afrique de l'Ouest compterait désormais quelque 95 millions de pauvres, soit presque la moitié de la population.

Afin de relever les défis de la sécurité alimentaire, le Nigeria a décidé de combler son besoin vital en engrais. D'autant plus que le président Muhammadu Buhari a fait de l'autosuffisance alimentaire l'un de ses leitmotivs. Ces dernières années, le pays le plus peuplé d'Afrique subsaharienne s'est tourné vers le Maroc qui détient les plus grandes réserves de phosphate de la planète et en est le troisième producteur, derrière la Chine et les États-Unis. Le gaz, dont le Nigeria regorge – transformé en ammoniac et combiné à l'acide phosphorique importé du Maroc –, permet de fabriquer des engrais phosphatés.

Couvrir l'ensemble de la chaîne de valeur agricole

À la manœuvre : l'Office chérifien des phosphates (OCP), l'un des leaders mondiaux du secteur, détenu à 95 % par l'État marocain. Dans le sillage du partenariat entre l'industriel marocain et le gouvernement nigérian enclenché en 2018, la première usine de mélange d'engrais dernière génération a été inaugurée mercredi 19 octobre à Kaduna, dans le nord du Nigeria. S'étendant sur 10 hectares, et doté d'une capacité de production de 120 tonnes par heure, elle fait partie des trois unités prévues, les deux autres sont en cours de construction à Ogun et à Sokoto. « Cette installation n'est pas seulement destinée à la production d'engrais, mais aussi à avoir un impact profond sur la chaîne de valeur agricole du pays », a déclaré le directeur général d'OCP Africa, Mohamed Anouar Jamali. « OCP Africa s'est engagé à contribuer à la transformation du système alimentaire sur le continent, et le Nigeria représente un hub stratégique pour notre groupe », a-t-il ajouté. À terme, les trois usines combinées produiront 500 000 tonnes d'engrais par an.

« Chaque nouvelle usine, chaque nouveau magasin, chaque nouveau complexe industriel génère des emplois et des revenus qui aident à soutenir les familles et à réduire la pauvreté dans notre État », s'est enthousiasmé le gouverneur de l'État de Kaduna, Nasir Ahmad El-Rufai. « L'usine vient également élargir également l'accès de nos agriculteurs aux engrais », a-t-il ajouté, notant que « cela contribue à améliorer la disponibilité d'un composant très essentiel pour l'agriculture ».

Évaluée à 1,3 million de dollars, l'usine a pour objectif d'aider les agriculteurs nigérians à améliorer et à augmenter leurs rendements afin d'atteindre la sécurité alimentaire. OCP Africa vise le long terme et a donc prévu de faire de son usine de Kaduna un espace de partage d'expériences, de connaissances et de savoir-faire entre le Groupe et les acteurs du secteur agricole au Nigeria.

Ce vaste projet s'inscrit également dans l'ambition de l'Office de renforcer ses investissements sur l'ensemble du continent africain, pour lequel l'OCP a spécialement créé une filiale en 2016.

Les engrais, levier crucial pour l'agriculture africaine

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le continent compte 65 % des terres arables non exploitées au niveau mondial et la moitié des travailleurs africains tirent leurs revenus de l'agriculture. Cependant, les rendements agricoles restent très faibles, estimés autour de 1 tonne et 2 tonnes par hectare. Au Nigeria, ce chiffre se situe à environ 1,5 tonne. Ces faibles rendements s'expliquent par des facteurs climatiques, le sous-développement des infrastructures rurales, l'insuffisance des installations de stockage post-récolte et aussi par le fait que les paysans africains recourent peu aux engrais, avec comme conséquence la perte de 30 % à 40 % sur chaque récolte. Ils sont freinés dans leur usage, car cela peut leur coûter cher, ils doivent tenir compte des marges importantes des intermédiaires et des coûts de transport des engrais, le sous-développement des infrastructures rurales, etc. Mais, plus que les engrais, c'est l'ensemble des intrants qui fait à ce jour défaut aux systèmes agricoles du continent.

Au-delà de la construction des infrastructures, OCP Africa a annoncé mi-octobre vouloir mettre à disposition du continent quatre millions de tonnes d'engrais dès l'année prochaine afin de sécuriser les récoltes à venir. Le géant marocain mise également sur l'adoption par l'Afrique d'engrais spécialisés, c'est-à-dire produits localement et adaptés aux sols et aux besoins du fermier, une tendance émergente dans les pratiques agricoles mondiales. Le géant marocain des phosphates estime que l'utilisation efficace des engrais spécialisés est l'un des meilleurs moyens d'augmenter la productivité des agriculteurs et donc d'assurer la sécurité alimentaire et leur permettre de dégager des revenus.

Le 22/10/2022

Source web par : le point

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