Conseil de Bank Al-Maghrib: la croissance 2022 revue à la baisse à seulement 0,7%, le taux directeur maintenu à 1,5%
A l’issue de sa réunion de ce mardi 22 mars 2022, le conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur à 1,5%. Croissance, finances publiques, comptes extérieurs, inflation, crédit bancaire... Voici les prévisions macroéconomiques de la Banque centrale pour 2022.
Le conseil de Bank Al-Maghrib a tenu ce 22 mars sa première session de l’année 2021. Retour sur les principaux points du communiqué de la banque centrale, diffusé ce mardi.
Lors de cette réunion, il a procédé à une analyse approfondie de l’environnement international marqué par les évènements liés à la guerre en Ukraine à un moment où la reprise économique mondiale fait déjà face à plusieurs défis, notamment le renchérissement des matières premières, la persistance des perturbations des chaînes mondiales de production et d’approvisionnement et de fortes pressions inflationnistes.
Ces développements ne sont pas sans conséquence sur l’économie nationale confrontée, par ailleurs, à des conditions climatiques particulièrement défavorables caractérisées par un important déficit pluviométrique.
Le Conseil a pris note du niveau extrêmement élevé des incertitudes qui entourent les projections macroéconomiques élaborées par les services de la Banque. Ces dernières font ressortir notamment une baisse sensible de la valeur ajoutée agricole, ainsi qu’une certaine consolidation des activités non agricoles, favorisée par l’avancée notable de la campagne de vaccination, l’assouplissement des restrictions sanitaires, ainsi que le maintien du stimulus monétaire et des mesures de soutien sectorielles. Elles tablent également sur une forte accélération de l’inflation cette année parallèlement à une relative résilience des équilibres extérieurs et des finances publiques.
Dans un tel contexte, et prenant en compte le retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023, le Conseil a décidé de maintenir l’orientation accommodante de la politique monétaire et ce, pour continuer à soutenir l’activité économique et atténuer l’impact de l’environnement international défavorable. Il a décidé en conséquence de garder le taux directeur inchangé à 1,50%.
Le Conseil a relevé que l’inflation poursuit son accélération entamée en 2021, tirée par les pressions d’origine externes liées à la flambée des prix des produits énergétiques et alimentaires et la hausse de l’inflation chez les principaux partenaires économiques. Ainsi, après un taux de 1,4% en 2021, l’inflation devrait ressortir à 4,7% en 2022 avant de revenir à 1,9% en 2023. De même, sa composante sous-jacente augmenterait de 1,7% à 4,7% puis décélèrerait à 2,6%.
Pâtissant de conditions climatiques particulièrement défavorables, la campagne agricole devrait enregistrer, selon les prévisions de BAM, une production céréalière autour de 25 millions de quintaux et ce, après 103,2 millions de quintaux un an auparavant. La valeur ajoutée agricole devrait ainsi baisser de 19,8%, ramenant la croissance économique à 0,7% en 2022 après un rebond qui aurait atteint 7,3% en 2021. En 2023, sous l’hypothèse d’une récolte moyenne de 75 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole augmenterait de 17%, portant la croissance à 4,6%. Pour ce qui est des activités non agricoles, elles devraient se consolider graduellement, avec une progression de 3% de leur valeur ajoutée en 2022 et en 2023.
Sous l’effet essentiellement de la flambée des cours des matières premières, le déficit du compte courant se creuserait à 5,5% du PIB en 2022 après 2,6% en 2021, avant de revenir à 3,7% en 2023. Les importations progresseraient en effet de 14,9% en 2022 en lien avec l’alourdissement de la facture énergétique et l’augmentation des acquisitions des produits agricoles et alimentaires et des biens de consommation.
En 2023, la hausse se limiterait à 1,1%, sous l’effet notamment de l’allègement prévu de la facture énergétique. En parallèle, les exportations devraient s’améliorer de 12,5% en 2022 et de 3,4% en 2023, tirées principalement par l’accroissement des ventes de la construction automobile et par la hausse de celles des phosphates et dérivés en 2022. Tout en restant à des niveaux inférieurs à ceux d’avant crise, les recettes de voyage connaîtraient une reprise graduelle, passant de 34,3 milliards de dirhams en 2021 à 47 milliards en 2022 et à 70,9 milliards en 2023.
Les transferts des MRE devraient retrouver progressivement leur niveau d’avant crise, revenant à 79,3 milliards en 2022 et à 70,8 milliards en 2023, après un niveau exceptionnel de 93,3 milliards en 2021. Concernant les IDE, les recettes avoisineraient l’équivalent de 3% du PIB en 2022 et 3,5% en 2023. Au total, et tenant compte notamment des financements extérieurs prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve se situeraient à 342,8 milliards de dirhams à fin 2022 et à 347,3 milliards à fin 2023, assurant ainsi une couverture autour de 6 mois et demi d’importations de biens et services.
Sur le volet des finances publiques, en dépit de l’accroissement important des dépenses de compensation du gaz butane et du blé, le déficit budgétaire devrait quasiment se stabiliser à 6,3% du PIB en 2022, à la faveur d’une mobilisation exceptionnelle des ressources à travers notamment les mécanismes de financement spécifiques et les recettes de monopoles. En 2023, il s’allègerait à 5,9% du PIB, résultat essentiellement de l’amélioration prévue des rentrées fiscales.
Enfin, au regard des fortes incertitudes qui entourent les développements géopolitiques liés à la guerre en Ukraine et leurs implications aux niveaux international et national, Bank Al-Maghrib continuera d’assurer un suivi étroit de l’évolution de la conjoncture économique et financière et procédera à une actualisation régulière de ses prévisions et de ses analyses.
Le 22/03/2022
Source web par : le360
Les tags en relation
Les articles en relation
Paiement mobile : Ça bloque toujours du côté des marchands
Le paiement mobile est un chantier important pour le royaume, dans le cadre de sa stratégie d’inclusion financière. Celui-ci vise à permettre la démocrati...
Comment le paiement mobile va changer la vie des Marocains ?
Lancé en 2018 par la Banque centrale et l’Agence nationale de réglementation des télécommunications, le dispositif réglementant le paiement mobile nourri...
Aux Etats-Unis, la reprise est là et les créations d’emplois s’accélèrent
L’économie américaine a créé 916.000 emplois en mars, le rythme le plus élevé depuis août, grâce à la montée en cadence de la vaccination permettant...
Aziz Akhannouch : Des mesures audacieuses pour soutenir le pouvoir d'achat des Marocains malgré les
Lors de la Rencontre nationale des administrateurs et cadres administratifs du RNI, organisée ce dimanche à Casablanca, Aziz Akhannouch, chef du gouvernement ...
Mobile : 47,5 millions d’abonnés à fin septembre 2019, mais ça bloque toujours pour les service
Le Maroc dispose d’un large parc d’abonnés mobile, c’est ce qui ressort des dernières données de l’Agence Nationale de Réglementation des Télécomm...
#MAROC_La_saison_touristique_d_hiver est bel et bien morte et enterrée (Fouzi Zemrani)
Après un été plus que clairsemé en termes d’arrivées étrangères, la saison d’hiver sur laquelle reposaient tous les espoirs des hôteliers est plus q...
Vous devez prendre l'avion ? Ryanair annonce une mauvaise nouvelle cet été
Ryanair vient d'annoncer une mauvaise nouvelle pour les clients de la compagnie cet été. Son patron fait le point après deux ans de pandémie et une ann�...
Israël : des doutes émis quant à l'efficacité du vaccin pour certains cas contre le variant Delt
Le nombre de cas en hausse liés au variant Delta, alors que plus de la moitié de la population est entièrement vaccinée avec Pfizer/BioNTech, fait craindre ...
#MAROC_Mohamed_Benchaâboun: Il a été l'invité de la 1ère édition des « Matins HEC »
Présidé par Hamza Laraichi, et composé de Jamal Harouchi, Hassan Belkhayat, Lisa Ivers, Othmane Mrabet, Jihane Ajijti, François Marchal et Hiba Mrani Alaoui...
Le CRI de Dakhla accompagne 400 porteurs de projets
Programme intégré d’appui et de financement des entreprises Dynamique entrepreneuriale : L’une des composantes principales de ce programme est l’ac...
Maroc : Des dizaines de milliards pour éviter l’explosion sociale, même le FMI applaudit
Le FMI vient de décerner son brevet de satisfecit au Maroc, pour la bonne tenue du pays en dépit des contrecoups de la guerre en Ukraine, pour les investissem...
Le Maroc afficherait la plus faible croissance de la région MENA cette année (Banque mondiale)
Dans un nouveau rapport, la Banque mondiale table sur une croissance de 5,5% pour la région MENA en 2022, son taux le plus élevé depuis 2016. Cette évolutio...