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Roses du Dadès : Des oeuvres intégrées de Chabâa et Melehi menacées de vente aux enchères

Roses du Dadès : Des oeuvres intégrées de Chabâa et Melehi menacées de vente aux enchères

Depuis une dizaine de jours, les «intégrations» de Mohammed Chabâa et Mohamed Melehi ont été retirées de l’hôtel les Roses du Dadès à Kelâat M’gouna, en vue de leur vente aux enchères. Pourtant et comme leur nom l’indique, ces œuvres font partie intégrante de la conception de ce joyeau architectural construit en 1971. Les ayants droit dénoncent une spoliation de l’art moderne marocain.

Les héritiers et ayants droit de Mohamed Chabâa, Mohamed Melehi et Abdeslem Faraoui ont signé une lettre ouverte appelant le ministère de la Culture et la Fondation nationale des musées (FNM) à stopper une vente aux enchères, prévue le 30 mai prochain par la société française Arcurial, installée à Marrakech. Des membres de la société civile, des travailleurs culturels et des architectes concernés par la question ont joint leurs noms à cet appel publié samedi 24 avril et qui porte sur les «intégrations» de Mohammed Chabâa et Mohamed Melehi. Il a d’ailleurs été signé par d’anciens compagnons de route des deux artistes, dont les écrivains Abdellatif Laâbi, Mohamed Bennis, Mostafa Nissabouri et Tahar Benjelloun.

Il s’agit d’«œuvres pensées pour et intégrées de manière pérenne à l’architecture», indiquent les signataires, rappelant que «ces panneaux peints pour plafond et ces claustras en bois sculpté furent conçus de manière intégrale et organique avec le bâtiment qui les accueille et de concert entre artistes et architectes», à savoir l’hôtel les Roses du Dadès. Ce dernier a été construit en 1971-72 à Kelâat M’gouna par les architectes Abdeslem Faraoui et Patrice De Mazières. Les héritiers saisissent les pouvoirs publics aussi «pour interdire toute exportation des œuvres concernées hors du Maroc, qu’elle soit temporaire ou définitive, afin d’éviter leur défiguration et spoliation».

«Il est extrêmement choquant qu’à des fins purement spéculatives et mercantiles on ait laissé faire ce démantèlement d’un joyau artistique ; emblématique de l’âge d’or de l’art moderne marocain, notamment avec les artistes du Groupe de Casablanca, aujourd’hui célébrés de par le monde», dénoncent les signataires. Pour eux, «quelles que furent les motivations du propriétaire des lieux pour se défausser de ses responsabilités, touchant à la fois à l'entretien et à la conservation de ces intégrations, il est d’autant plus choquant que les héritiers et ayants droit de Chabâa et Melehi n’aient nullement été tenus au courant».

L’intégration de l’art «et» de l’architecture crée «une symbiose entre deux disciplines complémentaires, voire à certaines époques, en totale fusion ; que ce soit à la fin du Moyen-Age et à la Renaissance dans le monde occidental ou, en un sens, comme l’ont révélé et revendiqué Chabâa et Melehi, encore plus au Maroc où l’intégration des arts plastiques à l’espace de vie est toujours allé de soi», rappellent les ayants droit. En effet, des projets tels que Roses du Dadès, Gorges du Dadès Taliouine, conçus aussi par Faraoui et De Mazières, ont fait que «le Maroc qui fut un pays pionnier pour les collaborations artistes/architectes, peut jouir d’exemples quasi uniques dans le monde arabe et sur le continent africain».

Les ayants droit n’ont pas été consultés

«D’aucuns se sont crus autorisés à s’approprier des fragments d’architecture intérieure profanant un lieu pensé peu ou prou comme public», dénoncent encore les signataires, insistant que «ne pas conserver ces bâtiments dans leur intégralité revient à oblitérer la mémoire de l’art moderne marocain». Cet appel rappelle que «dans le cas où la procédure d’inscription au patrimoine national (loi 22-80) ne permettrait pas de protéger à temps un bâtiment et ses intégrations, il revient aux pouvoirs publics (le ministère de la Culture et la Fondation nationale des musées) d’intervenir».

Le 13 avril dernier, le ministre de la Culture Othman El Ferdaous a confirmé que son département avait été prévenu du retrait des œuvres de Melehi et de Chabâa, en préparation à cette vente aux enchères. Le ministre a indiqué avoir lancé une procédure de classement sur la liste du patrimoine national de certaines œuvres des deux artistes peintres et plasticiens.

Les oeuvres de Melehi-Chabâa retirées de l'hôtel Les Roses du Dadès pour une vente aux enchères Artcurial https://t.co/GN9VzONrWB via @LeDesk_ma #LeDesk #Maroc

— Le Desk (@LeDesk_ma) April 13, 2021

Sur Twitter, il a rappelé aussi qu’«il est interdit de détruire, de dénaturer ou d’exporter tout objet d’art et d’antiquité mobilier qui présente pour le Maroc un intérêt historique, archéologique, anthropologique ou intéresse les sciences du passé et les sciences humaines en général». Il a par ailleurs souligné que le ministère «peut accorder des autorisations d’exportation temporaire à l’occasion des expositions ou aux fins d’examen ou d’étude», ce qui implique une restitution.

Le 26/04/2021

Source web Par : yabiladi

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