Commerce : Les bazars se vident
Florissantes en d'autres temps, les boutiques d'artisanat sont de plus en plus désertées par les touristes comme par les locaux. Publié le : 27.07.2011 | 10h32 Sur la trentaine de bazars qui bordent le boulevard Houphouët Boigny (ex Al Hansali), les acheteurs se font rares. Nous sommes pourtant en pleine saison estivale. Moment qui connaissait, en temps meilleurs, bien entendu, une affluence considérable des touristes friands de l'artisanat marocain. Les propriétaires de ces échoppes ouvrent de bonne heure et arrangent avec minutie la devanture de leurs boutiques. C'est le même rituel et le même optimisme empreints de courage affichée au quotidien par ces propriétaires. Car depuis quelque temps, les acheteurs ne se bousculent pas pour acquérir des œuvres artisanales. « Les bazars sont presque toujours vides. Rares sont les touristes qui viennent jeter un coup d'œil sur nos marchandises et encore moins ceux qui achètent un produit », indique un vendeur dans un magasin d'artisanat. Et d'ajouter qu'il est obligé d'attirer le plus grand nombre de visiteurs qui seraient des clients potentiels mais aussi de chercher des produits impeccables à même de séduire les touristes devenus de plus en plus méfiants. Dure besogne, puisque le produit artisanal, très souvent fait à la main, coûte cher. Il se voit d'ailleurs concurrencé par les produits d'autres pays comme la Chine, la Turquie, l'Espagne, beaucoup plus accessibles. Toutefois, une grande partie de la clientèle des bazars notamment les Casablancais et MRE ne cachent pas son mécontentement vis-à-vis du comportement d'une partie de ces commerçants. «Certains bazars affichent des prix souvent exorbitants. Je préfère ainsi acheter des produits artisanaux durant mes visites aux autres villes», explique un Marocain résidant en Belgique En effet, les bazars du boulevard Houphouët Boigny vendent des articles au prix double par rapport aux bazars des autres villes. Conscient de cette énorme différence de prix et vu son pouvoir d'achat, le client marocain a définitivement boudé la marchandise de ces boutiques. « Il est vrai que les propriétaires des bazars essaient de diversifier leurs étalages en proposant des motifs en bois sculpté, des lampes en fer forgé ou même la fameuse «Chicha», leurs produits restent trop chers par rapport à leur prix de base», explique un guide touristique. Face à cette réalité, les bazars diversifient leurs étalages et adaptent les articles proposés à la demande générale. Ils privilégient aussi les nouveaux articles qui ne coûtent pas très cher. Babouches, sandales en cuir et paillettes, poignards, petites boîtes en bois sculpté, lampes en fer forgé et poufs constituent l'essentiel des produits les mieux vendus. Quelques bazars en sont arrivés à vendre d'autres marchandises disparates comme des tableaux, des valises, des planches de surf pour amateurs et d'autres objets qui n'ont rien d'artisanal D'autres ont trouvé une autre alternative : le change. Un service que certains offrent avec l'autorisation des banques et de l'Office des changes et que d'autres, le plus souvent, proposent au noir. «Notre gain en change de devises est bien maigre. On essaie juste de survivre», explique un propriétaire de bazar. « En outre, on rend un grand service aux touristes vu que les banques ferment à trois heures et ne travaillent pas le week-end», rétorque un autre. Tant de façons ingénieuses ou maladroites sont donc inventées par ces propriétaires de bazars, vendeurs de produits d'artisanat, pour survivre ! Vision 2015 La nouvelle stratégie nationale de l'artisanat vise à répondre à un double objectif. D'une part, adopter une politique volontariste pour créer suffisamment de nouveaux emplois. D'autre part, illustrer le nouveau rôle de l'administration qui doit passer d'une administration de gestion à une administration de développement En d'autres termes, l'Etat devient un entraîneur qui choisit des axes de développement et oriente et encadre les acteurs privés. Le secteur privé pour sa part, se voit investi de la mission de mise en œuvre de ces axes de développement et de création d'emplois. Cette stratégie de développement du secteur de l'artisanat résulte d'une démarche d'analyse poussée qui a nécessité plusieurs mois de travail (chiffres clés du secteur, recensement de tous les opérateurs existants, diagnostic, plan d'action détaillé, etc.). Elle s'inscrit également dans le cadre du Plan Emergence (étude Mc Kinsey) qui a identifié les différentes branches d'activités économiques que notre pays gagnerait à développer comme locomotives pour l'exportation. Repères Produits marocains L'artisanat de consommation pour la clientèle nationale. L'artisanat de production culturel vendu aux nationaux et aux touristes étrangers (ex : lampes en fer forgé pour la décoration). L'artisanat à fort contenu culturel de production et de service destiné à l'export. SOURCE WEB Par N.O | LE MATIN