Les géants du net s'allient pour connecter les pays émergents
L'Alliance pour un internet abordable défend les valeurs d'un internet ouvert à tous.
Capture d'écran / Alliance for affordable Internet
L'Alliance pour un internet abordable a vu le jour, lundi 7 octobre. Soutenue par une trentaine d'entreprises et d'organisations, dont les géants de l'internet Google, Facebook et Microsoft, cette nouvelle organisation cherche à mieux connecter les pays émergents en leur offrant des moyens de connexion au web plus abordables.
Rendre internet plus accessible dans les pays émergents, tel est l'objectif des géants du net réunis au sein de l’Alliance pour un Internet abordable (« Alliance for affordable Internet », A4AI). Lancée à Abuja, au Nigeria, lundi 7 octobre, cette nouvelle organisation regroupe une trentaine d’organisations et d’entreprises – dont Google, Yahoo!, Microsoft et Facebook – sous l’égide de la World Wide Web Foundation, créée par le « père du web » Tim Berners-Lee.
Le but de cette nouvelle alliance : faire passer le coût de connexion à internet dans le monde sous la barre des 5% du revenu mensuel moyen de chaque pays, un objectif déjà affiché par l’ONU. Car si 39% de la population mondiale – soit 2,7 milliards de personnes – sont connectées à internet, ce sont en grande majorité (77%) les habitants des pays développés qui bénéficient d’une connexion internet à un coût raisonnable (contre 31% dans les pays émergents).
Fracture numérique
Une fracture numérique que l'organisation entend diminuer. « Le vrai frein, aujourd’hui, ce sont les politiques et les lois qui empêchent la concurrence et qui maintiennent les prix à un niveau inabordable », explique Sonia Jorge, directrice exécutive de l’organisation. Et l’Alliance compte bien faire sauter ces barrières. Car selon l’Union internationale des télécommunications(UIT), le coût de la connexion internet représente 30,1% du revenu mensuel des habitants dans les pays émergents, contre 1,7% dans les pays développés.
Avec l’appui de plusieurs États et d’organisations de la société civile, l’organisation souhaite réformer les politiques et les régulations dans les pays émergents pour y créer un marché de l’internet « du haut débit ouvert, compétitif et innovant ». Notamment en Afrique, premier continent visé par l’Alliance, où seule 16% de la population est connectée. Car le désenclavement des régions grâce à l’internet fixe haut débit est devenu un enjeu gouvernemental et international, afin de soutenir le développement économique et social des pays africains.
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« C’est une décision consciente, l’Afrique est le continent qui a le plus de pays où l’abordabilité est un problème majeur », précise Sonia Jorge en prenant, à titre d’exemple, la politique éthiopienne en matière de télécommunications. « Un exemple parfait » des situations que l’Alliance espère contrer : sur une population de près de 90 millions d’habitants, l’Ethiopie ne comptait que 27 000 abonnements à internet en 2011. Et pour cause : le marché de l’internet étant détenu en quasi-monopole par l’entreprise publique Ethio Telecom, les prix de connexion comptent parmi les plus élevés au monde. Mais les pires élèves en matière d’accès à internet restent la Gambie et l’Erythrée, comme le souligne le site Le Monde.fr. Le coût mensuel d’une connexion internet correspond, respectivement, à 747% et 720% du Produit national brut par habitant.
Se plaçant en garant des valeurs d’un internet ouvert à tous, l’organisation projette d’influer sur des politiques et régulations, tant à l’international qu’en local, pour faire fondre les coûts de connexion. « Nous nous impliquerons pour construire des ‘‘coalitions" et faciliter le développement et l’implantation de bonnes propositions de réformes », souligne Sonia Jorge en précisant que tous les acteurs (étatiques, locaux, civils, privés ou publics) seront impliqués dans la démarche.
L’Afrique, un marché prometteur
Mais derrière cette initiative aux allures philanthropes, les géants du numérique américain s’assurent un accès privilégié au marché de l’internet dans les pays émergents, sans réelle concurrence. Car s’ils soutiennent ce projet mondial, c’est aussi car les pays émergents, en particulier l’Afrique, représentent un marché prometteur pour développer les innovations technologiques.
Google et Facebook n’ont d’ailleurs pas attendu l’arrivée de cette alliance pour investir massivement afin de développer l'accès à internet en Afrique. « Sponsor d’or » de l’Alliance pour un internet abordable, Google a d’ores et déjà entamé le développement de réseaux sans fil destinés aux pays émergents. Le groupe a d'ailleurs lancé son projet de ballons connectés « Loon », pour pouvoir connecter un milliard de personnes à internet. Le géant de l’informatique Microsoft a, lui, récemment investi 75 millions de dollars pour attirer un million de PME sur les territoires numériques en Afrique.
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Bien que moins impliqué dans le projet de l’organisation, Facebook a lancé, en août 2013,Internet.org, un projet visant à élargir l’accès à internet à 5 milliards de personnes en réduisant drastiquement le coût des services internet de base sur les téléphones mobiles dans les pays en voie de développement. Depuis cinq ans, des millions de dollars de la Silicon Valley sont dépensés dans des œuvres de bienfaisance technologiques.
Et pour développer toujours plus leurs activités sur le continent, le projet porté par l'Alliance pour un internet abordable représente pour ces multinationales du numérique l'opportunité de se positionner en interlocuteurs privilégiés des États et de la société civile, et de partir à la conquête de nouveaux marchés.
SOURCE WEB Par Mylène Renoult RFI
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