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Exclusif - Tourisme: Fettah Alaoui trace les priorités de la relance

Exclusif - Tourisme: Fettah Alaoui trace les priorités de la relance

La ministre de tutelle exposera sa copie aujourd’hui au CVE

Déconfinement, impôts, lutte contre l’informel… le mode opératoire

«Nous devons jurer de prendre soin du tourisme interne pendant longtemps»

«Sur le plan de la sécurité sanitaire, nous sommes concentrés sur les aéroports et les hôtels. Nous allons étendre notre réflexion sur toute la chaîne de valeur (taxis, calèches, cafés…). Les normes de sécurité doivent rassurer touristes et employés», indique Nadia Fettah Alaoui. Selon la ministre du Tourisme, «une action transverse est menée en étroite collaboration avec le ministère de l’Intérieur, dans différentes régions. Les mesures sanitaires s’appliqueront à tout le monde pour s’assurer d’un accueil en toute sécurité» (Ph. YSA)

Le Comité de veille économique (CVE) entame ce vendredi une nouvelle phase. Après s’être focalisée sur la santé des citoyens, les entreprises, et le soutien des ménages vulnérables, la commission interministérielle se penche, à partir de ce 8 mai 2020, sur la préparation du déconfinement et la relance des secteurs économiques.

Prioritaire dans cette nouvelle phase, le tourisme sera défendu par Nadia Fettah Alaoui. La ministre de tutelle s’est préparée pour ce nouveau round depuis plusieurs semaines. Elle sait à l’avance que son secteur subit de plein fouet les dommages collatéraux du Covid-19.

Après une hausse successive de 4% des arrivées durant les 10 dernières années, le tourisme revient à la case départ à cause de la crise liée à la pandémie. L’activité a dégringolé pour revenir 7 ans en arrière... et sur son chemin, des milliers d’emplois sont menacés. Décryptage.

? Unifier la voix et prioriser les démarches

Que les professionnels se rassurent, le département du tourisme n’était pas aux abonnés absents, et ils ne seront pas livrés à leur propre compte. «Depuis le 27 janvier, le ministère du tourisme a instauré un comité de veille, en maintenant un contact permanent avec le terrain et les régions pour savoir ce qui se passe», a, d’emblée, rassuré Nadia Fettah Alaoui, lors d’une visioconférence avec les présidents des CRT des 12 régions du Royaume. L’essentiel, pour la ministre, est «d’unifier» la voix, «prioriser» les démarches. Ceci afin de présenter «une copie homogène, alignée et consolidée». Ce qui est sûr, lors du CVE de ce vendredi, la ministre du Tourisme, de l’artisanat, et du transport, aura son mot à dire. «Cette crise nous donne l’occasion de nous mettre en ordre de bataille et de voir que nos intérêts communs sont supérieurs à nos différences. Il est extrêmement important de travailler en rangs serrés», souligne-t-elle. Elle promet aussi de «faire le plaidoyer du secteur auprès du gouvernement, de l’opinion publique, du ministère des Finances». Le but est de porter le tourisme au plus haut et défendre ce que les professionnels ont défini en priorité. «Je vous rassure que notre philosophie au CVE n’est pas le déséquilibre budgétaire ou financier. Tout le monde sait qu’il faut relancer secteur par secteur, relancer intelligemment et choisir des priorités», confie la ministre.

? Fiscalité, crédits bancaires et garanties… en priorité

La feuille de route de la ministre est scindée en trois priorités. Il y a d’abord la fiscalité et la trésorerie, les crédits bancaires et les garanties. En matière de fiscalité, il y a deux sujets. Mais dès à présent, dire que le secteur paye 17 taxes n’est pas à l’ordre du jour. Pour elle, «il faut revoir de façon structurée et structurelle la fiscalité du secteur. Mais ce n’est pas la discussion de demain. Nous rappellerons ces demandes plus tard». Certes, le secteur n’a pas bien été défendu lors des assises de la fiscalité de l’année dernière. Toutefois, la tutelle promet que dans son plan d’action, et dans un second temps, la fiscalité sera prioritaire. «Nous allons revoir la charge fiscale de façon globale», rassure la ministre. Ce qui est immédiat, ajoute-t-elle, «est de voir ce qui peut être reporté, ou annulé». A ce titre, le secteur mise sur l’appui de BAM et des banques. «Nous sommes en train de discuter avec les grands institutionnels du pays pour leur expliquer les problématiques du tourisme. Ils ne doivent pas voir seulement les pertes mais aussi ce qu’ils gagnent (agios).  Il faut que l’on puisse documenter, pour avoir des garanties de la trésorerie et des fonds», tempère Fettah Alaoui. Celle-ci ne veut pas des «Oui» faciles et des promesses, mais plutôt du concret, avec un processus, un mode opératoire pour que la relance soit appliquée et mise en œuvre.

? Le tourisme interne, une locomotive pérenne

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Vecteur de cette reprise espérée, le tourisme interne figure parmi les priorités. A ce niveau, la ministre appelle les professionnels à prendre soin de cette niche. «On va jurer qu’on va s’occuper des touristes internes pendant longtemps. Il faut vraiment qu’on leur propose des solutions pérennes», dit-elle. Et de poursuivre: «Les Marocains sont citoyens et solidaires. Ils l’ont démontré et vont nous soutenir. Nous devons, nous aussi tenir nos promesses et réfléchir à un plan constructif». Pour y parvenir, le ministère a négocié un soutien de l’Etat dans le cadre du CVE pour le secteur. Outre les fonds, les professionnels, ministère et ONMT auront énormément à travailler ensemble pour le mettre en œuvre. «C’est pour cela que l’approche régionale va être fondamentale. Nous aurons besoin des régions, de leurs budgets, et de leur soutien. Car toutes les mesures qui seront prises, que ce soit au niveau de l’aérien, du sanitaire ou de l’animation, devront être traitées région par région», explique NFA insistant que «la déclinaison par région va être fondamentale et que son département travaille à sa mise en œuvre.

? ONDA: Un déconfinement en deux temps

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Concernant l’aérien, l’ONDA a préparé un plan de déconfinement en deux temps. L’Office commencera, ainsi, par une première ouverture de quelques aéroports avec des mesures immédiates fondamentales afin de garantir la sécurité des voyageurs. Un autre plan viendrait dans un second temps et nécessitera des moyens afin de positionner nos aéroports internationaux aux meilleurs standards en termes de sécurité. «Ca ira mieux après le vaccin, mais je pense qu’un risque sanitaire et épidémiologique peut arriver à tout moment», souligne la ministre. Celle-ci recommande fortement aux professionnels de respecter les mesures de sécurité sanitaire, car il en va de l’image du Maroc. «La notoriété de notre pays sur le plan touristique historique doit être renforcée, amplifiée… parce que c’est ce qui a fait notre tourisme jusqu’à présent et ce sont des valeurs qui serviront de piliers à la reprise», estime-t-elle. Vu les efforts dont le Maroc a été capable en matière de gestion de crise aussi bien dans la santé, la sécurité que la rigueur, cette crise devrait nous permettre de capitaliser sur tous ces acquis pour vendre notre image autrement. Ce sont des volets essentiels sur lesquels insiste le cahier de charges livré à l’ONDA, et qui devrait également servir d’inspiration à tout l’écosystème du tourisme.

? RAM, Air Arabia et ONMT

De l’avis de NFA, la RAM est d’abord un outil de souveraineté et d’autonomie de notre pays. La ministre avoue que le cas de la compagnie nationale est «compliqué». L’entreprise est déjà à la 4e ou 5e copie de son plan de relance. Pour cette crise Covid19,  il y a plusieurs scénarios qui dépendent de la réouverture des frontières (domestiques et internationales), des nouveaux comportements des clients de demain, les organismes internationaux comme l’IATA… Ce qui est sûr, «le plan de la relance de  RAM va continuer en ce qui concerne la stratégie à l’international». Toutefois, un plan spécifique au domestique et au tourisme interne est en préparation. «A ce niveau, RAM travaille directement avec l’ONMT pour définir les destinations touristiques prioritaires en vue de préparer des packages dédiés», note la ministre. Il en est de même pour Air Arabia, avec qui la tutelle discute, pour essayer dans la mesure du possible, de comprendre les problèmes de la compagnie pour continuer à la voir opérationnelle. Et ce, afin de pouvoir proposer une offre différenciée et complémentaire à celle de la RAM au moment du démarrage.

    Lutte contre l’informel

    La ministre du Tourisme est catégorique : «Nous ferons tout pour que cette crise soit un moment opportun pour gérer l’informel». Car, le gouvernement ne pourra pas continuer à donner des aides en permanence et façon inconditionnée. «Pour les premiers mois, il fallait soutenir tout le monde pour que les gens mangent et gardent leur dignité… mais demain il faudrait qu’on soit responsable». En tout cas, travailler sur l’informel nécessite de l’honnêteté et surtout l’adhésion de tous les professionnels. Notons que ces derniers revendiquent quelque 750.000 emplois alors «qu’il y a seulement 126.000 salariés inscrits à la CNSS», déplore Nadia Fettah Alaoui.

Le 06/05/2020

Source Web Par L’économiste

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