Deal du siècle: La position marocaine sage ou ambiguë?

Le Deal du siècle proposé par l’administration de Donald Trump continue de faire des remous au Maroc. Les propos du chef de la diplomatie et les récents événements liés à la proposition américaine de règlement du conflit israélo-palestinien, continuent d’alimenter des questionnements sur la position marocaine.
Annoncé en grandes pompes aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et devant un parterre de personnalités de haut rang, notamment représentants des pays du Moyen-Orient, le plan de règlement du conflit israélo-palestinien a suscité une pluie de réactions internationales et les pays arabes et musulmans étaient très attendus à ce sujet.
Parfois outrées, parfois apaisées et approuvant cette proposition, les réactions se faisaient différentes d’un pays à l’autre. Dans le spectre arabo-musulman, les condamnations fermes ont été formulées par ceux que l’on n’attendait pas, à savoir l’Iran et la Turquie. Quant au Maroc, sa position a été singulière dans la mesure où elle exprimait aussi bien de la réserve que de l’ouverture.
Ainsi, le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita a affirmé que « l’acceptation par les parties des différents éléments est, en effet, fondamentale pour la mise en œuvre et la durabilité de ce plan », et que le Maroc allait procéder à un examen détaillé et attentif à la proposition américaine. Les positions du Maroc concernant le plan de paix américain « doivent être rationnelles et non par le biais de surenchères vides de sens comme certains pays l’ont fait », a encore déclaré le ministre.
Réagissant à la réaction marocaine, le politologue Tajeddine El Husseini a déclaré, qu’en prenant en compte les condition actuelles du Maroc dans sa région, « il s’agit d’une position qui reste sage », en référence aux déclarations du chef de la diplomatie marocaine qui « a reporté tout commentaire sur ce qui s’est passé jusqu’à une étude approfondie et détaillée de ce qui a été présenté », rappelant qu’il s’agit d’une proposition de 80 pages « qu’il faut fouiner minutieusement avant de se prononcer ».
« Mais d’ores et déjà on peut lire entre les lignes et on peut voir que la position marocaine n’a pas changé et elle ne pourra pas changer. D’ailleurs, le Maroc insiste sur la nécessité de la création d’un Etat viable pour les Palestiniens avec sa capitale Jérusalem Est et la prise en compte de toutes les doléances des Palestiniens en ce qui concerne la répartition de l’eau, le retour des réfugiés etc… », a-t-il expliqué.
Si pour lui, la position marocaine n’a pas changé, « le Maroc n’a pas pris avec contestation ou refus la proposition de Trump. Il l’a laissée de côté pour l’étudier davantage afin de se prononcer », une approche réfléchie et pondérée qui dénote l’appréciation des efforts fournis par l’administration américaine. « D’ailleurs plusieurs Etats ont adopté une position similaire, comme par exemple la Russie », a ajouté notre interlocuteur.
Mais, les déclarations du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, ont fait également réagir avec véhémence celles et ceux qui accordent à la question palestinienne une importance majeure.
En effet, le ministre a voulu calmer les ardeurs des conseillers parlementaires du Parti de la lampe (PJD) qui ont affirmé que la cause palestinienne était la première question nationale pour les Marocains. Nasser Bourita a rétorqué que « la première question de la diplomatie marocaine est la question du Sahara marocain ».
« Nous ne pouvons être plus Palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes », a encore déclaré Nasser Bourita en s’adressant aux conseillers de la deuxième Chambre.
De leur côté, des milliers de manifestants parmi les militants de plus d’une trentaine d’associations partisanes, syndicales et professionnelles, ont défilé ce week-end pour rejeter la proposition américaine de règlement du conflit entre Israël et la Palestine.
Les manifestants ont scandé entre autres des slogans anti-américains et anti-normalisation avec Israël, dans le cadre de qu’ils ont appelé la « marche du peuple marocain pour la libération de la Palestine » pour exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien.
Pour le spécialiste en relations internationales, « il ne faut pas oublier la conjoncture actuelle pour le Maroc, où la situation est gelée au Sahara, où l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies n’est pas encore nommé. C’est une situation vraiment complexe et très difficile ».
« Je pense que le Maroc a essayé, tout en gardant ses positions et ses principes, de rester modéré par rapport aux propositions des Américains parce que Trump risque, du jour au lendemain, de se retourner contre chaque pays qui a pris une position forte, pour le détruire ou pour le mettre en difficulté dans ses relations internationales », a analysé Tajeddine El Husseini.
Seulement, même en relevant la position « ambiguë » du Maroc par rapport à ce dossier, l’universitaire a dit espérer que le Maroc continuera « à rester un pays de principes », rappelant que le Roi Mohammed VI est le président du Comité Al Qods (Jérusalem) qui est chargé de la protection de cette ville afin qu’elle soit ouverte à toutes les confessions monothéistes.
Le 13 février 2020
Source web Par hespress
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