Une banque sur trois menacée de disparition dans le monde
Selon le cabinet de conseil McKinsey, la fragilité de ces établissements s'explique par un environnement de taux bas et des prévisions de croissance inquiétantes.
Les banques fragiles ne pourront pas résister à un retournement de conjoncture. REUTERS/Marcos Brindicci
Près d'un établissement bancaire sur trois dans le monde est susceptible de mettre la clef sous la porte dans les prochains mois. C'est le verdict sans appel prononcé par McKinsey dans une étude dévoilée ce lundi par Les Echos. Le cabinet de conseil, qui s'est penché sur la situation de 1000 banques dans le monde, estime plus précisément que 354 établissements sont menacés de disparition en cas de retournement de conjoncture.
Dix ans après la crise financière, ces banques se retrouvent dans une situation délicate. Leur fragilité s'observe dans leur rentabilité moyenne (rentabilité sur fonds propres tangibles ou RoTE) qui atteint seulement 1,6%. Les banques les plus solides font dix fois mieux. Plus de 40% des banques ainsi menacées de disparition sont situées dans «les pays développés d'Asie» et 37% se trouvent en Europe de l'Ouest, souligne l'étude.
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Perspectives de croissance alarmistes
Le cabinet de conseil pointe du doigt plusieurs facteurs. Le premier d'entre eux est l'environnement de taux faibles, voire négatifs, qui pèse sur les revenus des établissements bancaires. Pour faire face, les banques ont misé sur les volumes en octroyant massivement des prêts. Une stratégie risquée qui pourrait s'avérer désastreuse en cas de retournement de conjoncture. Les incidents de paiement pourraient alors se multiplier, mettant en péril la survie de la banque.
Or McKinsey constate justement un ralentissement de la croissance mondiale. Et la suite ne s'annonce pas bonne. Le Fonds monétaire international (FMI) vient une nouvelle fois d'abaisser ses prévisions, avec un PIB mondial en progression de 3%. Les réunions d'automne du FMI et de la Banque mondiale se sont achevées, samedi 19 octobre, sur une nouvelle note alarmiste. Conflits commerciaux, Brexit...«L'environnement international continue de poser des risques considérables, avec une nouvelle escalade des tensions commerciales et des risques géopolitiques croissants», a résumé le patron de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi. Dans les colonnes des Echos, Sébastien Lacroix, senior partner chargé du secteur financier chez McKinsey, estime qu'«on pourrait arriver en bout de cycle».
Suppressions de postes
Consciente des enjeux, les banques ont déjà entamé leur processus de rationalisation. Et la potion est amère. En 10 ans (2008-2018), déjà 600.000 emplois bancaires ont été supprimés sur le seul périmètre de la zone euro. Vacillante, la première banque allemande, Deutsche Bank, a notamment annoncé cet été qu'elle supprimerait 18.000 emplois à travers le monde d'ici 2022 dans le cadre d'un plan de restructuration de 7,4 milliards d’euros.
D'après McKinsey, les établissements bancaires n'ont d'autres choix que de recentrer leur activité sur certains métiers. À l'image de Deutsche Bank qui va tirer un trait sur la quasi-totalité de ses activités liées aux marchés actions. «Les banques doivent désormais se concentrer sur leur cœur de métier», préviennent les auteurs de l'étude.
Le 19 Octobre 2019
Source web Par Le Figaro
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