Rapport 2018 de BAM sur les infrastructures financières Comment débrider l’inclusion financière

L’enquête de BAM sur les micro-entreprises, les TPE et les entrepreneurs individuels montre que le faible volume d’activité est le principal frein à la bancarisation, suivi par le manque de besoin et le manque de confiance dans les banques.
L’enquête de BAM sur les micro-entreprises, les TPE et les entrepreneurs individuels montre que le faible volume d’activité est le principal frein à la bancarisation, suivi par le manque de besoin et le manque de confiance dans les banques.
L’État et le secteur financier ont encore du pain sur la planche pour doper l’inclusion financière. Le processus fait face à plusieurs entraves. Faible niveau des revenus, services financiers informels, chômage des jeunes… Autant de freins qui continuent d’exclure les particuliers et les TPE des circuits financiers formels. La solution ? des offres alternatives au coût plus attrayant.
Le processus d’inclusion financière a encore des obstacles à aplanir. Selon une analyse de Bank Al-Maghrib fournie dans son rapport annuel 2018 sur les infrastructures des marchés financiers et les moyens de paiement, la pénétration des services financiers formels fait face à plusieurs entraves. Le faible niveau de revenus des Marocains figure en tête. En effet, pour ceux qui ne disposent pas de compte réglementé, l’ouverture de compte est associée à la disponibilité de fonds. Selon l’enquête de BAM, si plus de 72% des adultes n’ayant pas de comptes considèrent l’insuffisance des fonds comme l’un des obstacles à la bancarisation, près de 50% d’entre eux déclarent que le manque d’argent est l’unique raison pour laquelle ils n’ont pas de compte. À cela s’ajoutent les offres inadaptées aux besoins des segments à faible revenu. «Au Maroc, le secteur financier a pu développer au cours des dernières années une offre financière classique de qualité. Néanmoins, il demeure en retrait par rapport au développement d’offres alternatives adaptées aux segments à faible revenu. Ces offres alternatives notamment les comptes de paiement, la micro-épargne et la micro-assurance, reposent sur des fondamentaux qui les rendent plus accessibles aux populations exclues», explique l’Institut d’émission. Étant distribuées par des réseaux moins coûteux que les réseaux classiques, ces offres alternatives permettent de baisser significativement le coût pour les opérateurs. Un autre frein à l’inclusion financière : la forte utilisation des services financiers informels. En effet, 21% de la population a recours à des solutions d’épargne, mais plus de 2/3 de cette population utilisent des solutions informelles. De même, 26% des Marocains ont recours à des solutions de financement dont 88% à des services informels (famille, tontine, avances des petits commerces, etc.). Pour de nombreux ménages exclus financièrement, l’offre formelle est jugée inadaptée et ne répondant pas à leurs besoins. Le statut socio-économique est aussi évoqué. En effet, concernant la population féminine, l’exclusion économico-sociale associée à des facteurs culturels, entraine une forte exclusion financière des femmes par rapport aux hommes. «Tant qu’elles sont salariées, les femmes sont quasiment au même niveau d’inclusion financière que les hommes salariés. L’écart se creuse significativement chez les travailleurs indépendants (35% pour les hommes, 21% pour les femmes) et devient très significatif pour les sans-emploi», détaille la Banque centrale. Quant aux jeunes, l’exclusion financière est fortement liée au niveau de chômage qui reste élevé parmi cette frange de la population. Une comparaison du taux d’inclusion financière des jeunes avec d’autres pays montre que plus le chômage des jeunes est élevé, plus leur exclusion financière est forte. De plus, explique BAM, l’exclusion financière est aggravée par le faible niveau d’éducation financière, qui ne s’explique qu’en partie par le taux d’analphabétisme. Ainsi, le taux de réussite au test d’éducation financière de la Banque mondiale est plus faible au Maroc (41%) que dans d’autres pays comme la Zambie, le Mozambique, le Sénégal (taux supérieurs à 50-60%), alors que le Royaume affiche un taux d’alphabétisme plus élevé que ces pays.
Les micro-entreprises et les TPE encore pénalisées
Le joli verbe des officiels sur l’inclusion financière des entreprises, en particulier les micro-entreprises et les TPE, ne doit pas occulter la réalité. En dépit du progrès «significatif» en termes d’utilisation des services financiers par les entreprises, cette catégorie de structures rencontre encore des obstacles à leur inclusion financière associés principalement au volume de leurs activités et à leur perception du secteur financier. L’enquête de BAM sur les micro-entreprises, les TPE et les entrepreneurs individuels montre que le faible volume d’activité (45% des sondés) est le principal frein à la bancarisation, suivi par le manque de besoin (41% des sondés) et le manque de confiance dans les banques (13% des sondés). L’enquête a également fait ressortir que seuls les produits bancaires les plus basiques ont une pénétration significative : les cartes bancaires (44%) et les chèques (28%). Par ailleurs, souligne BAM, 60% des entreprises rencontrent des problèmes de trésorerie. Pour y faire face, elles recourent à l’entourage (53%) ou aux règlements différés auprès des fournisseurs (29%). De même, le coût du crédit est le principal déterminant dans le choix d’une offre de financement (58%), suivi de la souplesse accordée en cas de difficulté de paiement (34%) et du montant de la traite (31%). Quant aux niveaux d’informel et de cash, ils pénalisent l’inclusion financière des individus et des entreprises, en particulier du fait de l’incapacité des opérateurs financiers à apprécier le risque de ces segments et l’appréhension de ces populations par rapport aux circuits financiers formels.
Incidents de paiement : l’hémorragie continue
Pas de répit pour les incidents de paiement. Selon les données 2018 de Bank Al-Maghrib, ils ont augmenté de 6,41%. En valeur, cela représente 13,29 milliards de dirhams. Sur ce montant, seulement 1,79 milliard a été régularisé. Par ailleurs, le nombre des incidents de paiement, non encore régularisés s’élève à 3,13 millions, en hausse de 4,72%. La répartition de ces incidents par catégorie de clientèle montre que 77,51% des cas concernent des personnes physiques et 22,49% sont imputables à des personnes morales. En outre, le nombre d’interdits d’émission de chèques est passé à fin 2018 à 668.988 personnes (+4,14%). Les personnes physiques représentent l’essentiel (87,75%).
Le 16 Octobre 2019
Source web Par Le Matin
Les tags en relation
Les articles en relation

La revue de la CFCIM dans le 1000 !
Une longue traversée pour "Conjoncture", la revue mensuelle de la Chambre française de commerce et d’industrie au Maroc (CFCIM). Celle-ci célèbre durant c...

Un soutien inattendu à la consommation des ménages!
La contraction du PIB agricole devrait être moins forte que prévu Un signal positif pour les achats des ménages Reste à savoir quel effet aura la modi...

L’événementiel au bord du dépôt de bilan
Arrêt d’activité, chiffre d’affaires en chute libre, manque de nomenclature… Plus de 190.000 emplois directs et indirects seraient menacés Agence...

#MAROC_BANK_AL_MAGHRIB_JOUAHRI: Le Wali de Bank Al Maghrib va tirer sa révérence
Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Maghrib, envisage de tirer sa révérence dans les prochains mois. L’homme, qui va fêter ses 81 ans, aura passé 17...

Le Devoxx Morocco une émulation pour les xtalents de la région. Les premières start-ups de la cit
Le Devoxx Morocco une émulation pour les xtalents de la région. Les premières start-ups de la cité d’innovation sélectionnées. La transformation digi...

Le Maroc envisage une cryptomonnaie créée et garantie par Bank-Al-Maghrib
La ministre de l’Economie et des Finances du Maroc, Nadia Fettah Alaoui (photo), a déclaré le 10 janvier 2022 que son pays compte encadrer l’usage des mon...

Des crédits de redémarrage aux entreprises pour l'après Covid-19
Le CVE a annoncé un nouveau dispositif de financement, massif, souple dans sa mise en œuvre, et couvrant l’ensemble des segments des entreprises composant l...

Philippe-Edern Klein: Dakhla offre un potentiel énorme pour un essor certain
Pêche, tourisme et hôtellerie, transport et logistique, les opportunités d’investissement sont vastes et infinies dans la région de Dakhla Oued Eddahab. H...

Bank Al-Maghrib: Le paiement mobile sera lancé au 1er semestre 2018
Une source autorisée à Bank Al-Maghrib a indiqué que les spécifications techniques relatives à ce nouveau moyen de paiement ont été arrêtées, mais que ...
.webp)
Tourisme : Fort engouement pour les projets du Souss
POUR BOOSTER L’ACTIVITÉ TOURISTIQUE DANS LA RÉGION, LA SOCIÉTÉ DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL A LANCÉ UN APPEL À CANDIDATURES, ACCUEILLI POSITIVEMENT PAR L...

La Génération Y veut libérer l’entreprise : l’analyse d’Isaac Getz (« Liberté et Cie »)
Les jeunes la demandent de plus en plus, de nombreux chefs d’entreprise y songent, Isaac Getz démontre pourquoi ils ont raison. de vouloir plus de liberté d...

Avantages et limites, différence avec Intelaka et ce qu'il faut pour un plein essor...Tout savoir s
Si beaucoup de petites entreprises et de porteurs de projets se sont heurtés aux exigences de garanties dans le cadre du programme Intelaka, un nouveau program...