Tourisme. Dakhla attitude !
Au beau milieu du Sahara, entre mer et désert, sur une longueur de près de 30 km, émerge une petite «perle» : Dakhla. Á l’approche de la ville, dans les airs déjà, la presqu'île offre une vue du ciel captivante, sur un paysage exotique et paisible, digne des cartes postales qui font rêver : un bleu incrusté dans un écrin ocre, au bout de plusieurs cordons dunaires avec, en bonus, des plages dorées d’un sable très fin. C'est d'une beauté rarissime. La somme de tous ces ingrédients produit un site touristique hors pair, avec un atout qu’on ne trouve presque nulle part ailleurs : le vent, pratiquement 300 jours sur l’ensemble de l’année. Un atout qui est à l’origine du succès de la ville. «C’est une bénédiction du ciel ! La ville offre un climat idoine pour les sports nautiques, la ville connaît un engouement massif des férus de ces disciplines», indique Hamid Chabar, wali de la région de Oued Eddahab-Lagouira. En effet, tout au long de l’année, les amoureux de la glisse déferlent en trombe sur le spot de Dakhla, à une trentaine de kilomètres de la ville, là où le vent n’arrête pas de souffler en rafales. Des atouts qui ont propulsé la ville en «haut lieu des sports nautiques». Depuis 2009, Dakhla est en effet une étape incontournable du Championnat mondial de kitsurf. Un couronnement qui a catapulté la ville au devant de la scène et braqué sur elle les projecteurs, comme une destination touristique de premier choix. «Depuis que le Championnat de kitsurf est organisé à Dakhla, nous avons constaté une augmentation de la demande touristique de près de 40% et cela va crescendo», indique le wali de la région. Toutefois, en dehors de ses atouts naturels, la ville a-t-elle les moyens pour accueillir ses visiteurs dans les meilleures conditions ?
Capacité limitée !
Certes, la ville fait parler d'elle de temps à autre à coup d’événements organisés en grande pompe (sports nautiques, festival de musique Mer et désert, festival de cinéma…), mais cela ne se fait pas dans le confort. Tous les intervenants font en effet les bouchées doubles pour recevoir leurs invités en bonne et due forme. Pendant les hautes saisons, notamment lors de l’organisation d’un grand événement, les structures d’accueil ne sont pas toujours suffisantes pour loger tout le monde. «Très souvent, pendant la haute saison, nous refoulons les clients faute de chambres disponibles», déplore un cadre du Sahara Regency, le seul hôtel 5 étoiles de la ville. L’un des grands freins au développement du tourisme dans la ville est sans doute le manque de structures d’accueil de touristes. D’après les chiffres du ministère du Tourisme, la ville dispose d’à peine 1.500 lits actuellement, alors que, selon les estimations du département de Lahcen Hadad, la ville aurait besoin de 3.000 à 4.000 lits. Le manque est donc important et tous les projets de création d’unités hôtelières sont les bienvenus. Néanmoins, pas n’importe lesquels : «Nous n’avons pas besoin de projets hors norme, qui risqueraient de dénaturer le visage de la ville. Notre objectif est de préserver l’identité de Dakhla. Il faut donc des projets à taille humaine, qui correspondent à l’esprit de la ville, destinée à être une plaque tournante du tourisme sportif et culturel», met en garde Hamid Chabar. Á l’image d’Océan Vagabond et de Dakhla Attitude, deux projets touristiques très prisés par les habitués de la ville, pour le dépaysement et le sentiment d’évasion qu’ils confèrent à leur clientèle. «Dakhla est aujourd’hui connue mondialement pour son spot, qui se situe à 30 km de la ville. L’idée était donc d’installer in situ des établissement hôteliers qui répondent à cette demande, d’autant plus que les visiteurs préférèrent ne pas faire la navette entre la ville et le spot», explique Catie Brossard, manager à Océan Vagabond. Le succès a été au rendez-vous, car les deux unités en question ne désemplissent pratiquement pas : «La haute saison s’étale pratiquement sur toute l’année, vu que les conditions climatiques sont propices. Maintenant, on souhaite qu’il y ait plus de liaisons aériennes pour développer réellement le tourisme dans la ville», poursuit la manager. C’est en effet un sérieux handicap pour son essor.
Liaisons insuffisantes
L'avis est partagé par le wali de la région : «Il est vrai qu’à partir du mois de mai, on aura des vols quotidiens avec des tarifs plus intéressants. Cependant, la ville gagnerait en visibilité avec des vols directs à partir de Paris ou de Bruxelles par exemple», estime Hamid Chabar. Jusque-là, la ville est en effet desservie à raison de quatre vols par semaine seulement en partance de Casablanca, un niveau jugé insuffisant, d’autant plus que la destination connaît des scores de remplissage intéressants : près de 90%, un des taux les plus élevés au niveau national. Maintenant, il est tout à fait possible de concocter d’autres formules, notamment la combinaison de Dakhla avec d’autres destinations. «La ville peut en effet profiter des flux de touristes qui viennent essentiellement pour des destinations traditionnelles comme Marrakech ou encore Agadir. Il faudrait une programmation d’escales à Dakhla avec, en plus, un peu de promo’ pour la ville», indique le DG d’une unité hôtelière. Ce dernier point, la promotion en l’occurrence, est un autre frein à l’essor de Dakhla comme destination touristique. «Jusque-là, la ville a fait sa propre promo’ à travers les événements qu’elle organise régulièrement. Un effort doit être fourni, notamment au niveau de l’ONMT, pour marqueter davantage la ville auprès des tours opérateurs, d’autant plus que Dakhla a été sélectionnée en 2012 par New York Times parmi les 50 meilleures destinations touristique dans le monde», estime Hamid Chabar. De son côté, le ministère du Tourisme, dans sa vision 2020, a sélectionné Dakhla comme une ville à «potentiel unique». Il reste à le traduire par des actions concrètes…
Championnat de kitesurf, un joli coup de pub’
Du 19 au 25 mars dernier, Dakhla a vibré au rythme des sports de la glisse, en organisant le championnat mondial de kitesurf. Depuis 2009, la ville est en effet devenue une étape incontournable du circuit mondial de Professional Kiteboarding Riders Association (PKRA). Plus de 60 riders, venus des quatre coins du globe, se sont donné rendez-vous à Dakhla, le temps du championnat mondial de la discipline. Il s’ensuit une couverture médiatique très élargie, avec la présence sur place de chaînes de télé et de magazines de grande renommée. En marge de l’événement, plusieurs activités ont été organisées pour montrer les atouts touristiques de la ville. Opération séduction réussie, car la ville gagne chaque année en visibilité au niveau international. Et ses visiteurs deviennent de véritables ambassadeurs de la ville. Ainsi, lors de la remise des prix, les surfers, en particulier ceux qui venaient pour la première fois, ont été unanimes à dire que le spot de Dakhla est un des meilleurs, si ce n'est le meilleur au monde.
Publié le mardi 2 avril 2013 20:00
SOURCE WEB Par Tarik Hari Leséco