Plus de 39.000 mariages de mineures en un an
Le nombre de
mariages des mineures a connu une
forte augmentation à l’ère de la nouvelle Moudawana.
En effet, les chiffres fournis par le ministre de la Justice et des Libertés
indiquent que le nombre des autorisations de mariage de filles mineures est
passé de 18.341 cas en 2004 à 39.031 en 2011.
Sur les cinq dernières années, et selon les chiffres les plus récents, les dérogations ont concerné des jeunes filles âgées de 14 à 17 ans, mais à des proportions diverses selon les âges. Ainsi, les filles de 17 ans ont été les plus nombreuses à déposer une demande de mariage, soit 144.346 cas en cinq ans ; et les filles de 16 ans ont été 55.967 à présenter une requête de dérogation pour mariage.
En 2011, seules 4.899 demandes ont été rejetées par les juges de la famille, représentant une part de 10.44% des cas traités, selon Mustapha Ramid, le ministre de la Justice et des Libertés, qui s’exprimait devant la Commission de la justice et de la législation de la Chambre des Représentants, ajoutant que les jeunes filles sont nettement majoritaires à demander des dérogations de mariage, avec 46.601 demandes en 2011 contre… 326 pour les garçons.
Pour sa part, le réseau Anaruz met en garde contre les périls à autoriser les mariages des jeunes car depuis 2004, ce sont les violences conjugales qui tiennent le premier rang des violences faites aux femmes en général. 5% des plaintes de brutalités conjugales proviennent de femmes (filles) âgées de moins de 18 ans, qui s’orientent vers les centres d’écoutes. Le réseau note également que la plus grande part de violences enregistrées est d’ordre sexuel (28% des plaintes), et que les « violences économiques » ont atteint les mêmes proportions (28%).
Pour Fethia Maliki, de l’association Manar, « la majeure partie des mariages des mineures sont non officiels et non enregistrés sur les registres, en raison du recours massif aux mariages traditionnels et coutumiers, et non à la loi ; aussi, le mariage des mineures atteint des proportions bien plus élevées que ne les indiquent les chiffres officiels, les registres d’Etat civil et les statistiques du Haut-commissariat au Plan ».
De plus, ajoute la responsable de l’association, « les juges en charge de la famille ne recourent pas systématiquement à l’analyse médicale pour prendre et rendre leur décision, ainsi que le Code de la famille le stipule, se contentant de leur appréciation personnelle. Les enquêtes sociales sont également rarement menées avant de décider de ce type de mariages, donnant ainsi une situation où les différences d’âge sont importantes entre l’époux et la jeune fille qu’il prend pour femme ». Mais, en tout état de cause, les critères de décision et d’appréciation des juges varient d’un tribunal à un autre.
Enfin, il est à noter que le mariage des mineures se fait généralement par consentement mutuel es familles, et que ce sont les pères des jeunes filles qui, la plupart des temps, préfèrent l’option du mariage de leur enfant mineur pour « éviter les relations sexuelles illégitimes et pour sauver l’honneur de la famille ».
9 mai 2013
SOURCE WEB Par Panoramaroc
Tags:Anaruz association al Manar famille jeunes filles juge Maroc mineures moudawana