Chiites, baha’is, ahmadis, juifs, chrétiens… Quid de la liberté de culte au Maroc ?
Ils sont des dizaines de milliers à être autres que sunnites
Les Marocains sont-ils intolérants d’autres religions et cultes ? Oui, à en croire le dernier rapport du département des Affaires étrangères américain. Selon ce dernier, les adeptes de religions autres que l’islam subissent des pressions, du harcèlement et des restrictions les empêchant de pratiquer leurs cultes.
Les rédacteurs du rapport ont indiqué que les groupes religieux minoritaires, en particulier les chrétiens, les musulmans chiites et les citoyens baha'is, font l’objet de harcèlement social, d'ostracisme de la part de leurs familles notamment vis-à-vis des convertis, de dénigrement social, de discrimination au travail et de violences potentielles exercées contre eux les amenant à pratiquer leur foi discrètement. Pis, ces adeptes déclarent que les plaintes déposées concernant ces actions sont restées lettre morte.
A ce propos, le rapport cite un article du journal Assabah qui a rapporté le cas de citoyens chrétiens de la ville de Nador qui ont fait face en juillet à des actes d'intimidation, dont une menace de mort. Le ministère de l'Intérieur a enquêté sur les plaintes et a déclaré qu'elles étaient sans fondement.
Ledit rapport s’appuie également sur celui de 2017-2018 de l'Association marocaine des droits de l'Homme qui avait pourtant révélé que seuls les citoyens non-musulmans pouvaient pratiquer librement leurs rites religieux.
Il a également rapporté des témoignages de médias, de militants, de dirigeants communautaires et de convertis chrétiens qui ont affirmé que des citoyens chrétiens étaient confrontés à des pressions sociales pour se convertir à l'islam ou renoncer à leur foi de la part de membres de leur famille et d'amis non chrétiens. Les jeunes chrétiens qui vivaient encore avec leurs familles musulmanes n'ont pas révélé leur foi, car ils craignaient être expulsés de chez eux s'ils ne renonçaient pas au christianisme.
Les membres de la foi bahá'íe ont précisé qu'ils n’ont pas de problème à déclarer leur foi auprès de leur famille, des amis et des voisins, mais ils craignaient que des éléments extrémistes de la société n'essayent de leur faire du mal. Pourtant, selon un entretien avec TelQuel, certains citoyens baha'is ont affirmé qu’ils se sentaient traités différemment envers de Marocains sunnites.
Les musulmans chiites ont déclaré, de leur côté, que dans certaines régions, en particulier dans les grandes villes du Nord, ils ne cachaient pas leur foi à leur famille, à leurs amis ou à leurs voisins, mais que beaucoup évitaient de révéler leur appartenance religieuse dans des régions où leur nombre était plus réduit.
Les citoyens juifs ont déclaré avoir vécu et assisté à des services dans des synagogues en toute sécurité. Ils ont déclaré pouvoir visiter régulièrement les sites religieux et organiser des commémorations annuelles.
D’après le rapport, la population marocaine compte 0,1% de musulmans chiites et ces derniers représentent avec les chrétiens, les juifs et les baha'is moins de 1% de cette population.
Selon les dirigeants de la communauté juive, il y aurait entre 3.000 et 3.500 juifs, dont 2.500 environ à Casablanca. Certains dirigeants de communautés chrétiennes estiment qu'il y a entre 2.000 et 6.000 citoyens chrétiens répartis dans tout le pays. Un chiffre approximatif puisqu’un rapport de 2017-2018 de l'Association marocaine des droits de l'Homme estime le nombre de citoyens chrétiens à 25.000.
Les dirigeants marocains musulmans chiites estiment qu'il y a plusieurs milliers de citoyens chiites, la majorité se trouvant dans le Nord. En outre, il y aurait entre 1.000 et 2.000 chiites résidant à l'étranger notamment au Liban, en Syrie et en Irak. Les dirigeants de la communauté musulmane ahmadie estiment leur nombre à 600. Les dirigeants de la communauté baha'ie estiment qu'il y a entre 350 et 400 membres dans tout le pays.
Les chrétiens étrangers sont estimés à au moins 30.000 catholiques et plusieurs milliers de protestants dont beaucoup sont de récents migrants en provenance d'Afrique subsaharienne ou des résidents permanents dans le pays depuis des générations.
Il existe de petites communautés anglicanes étrangères résidant à Casablanca et Tanger. On estime à 3.000 le nombre de résidents étrangers qui s'identifient comme orthodoxes russes et grecs, y compris une petite communauté orthodoxe russe résidant à Rabat et une autre grecque résidant à Casablanca. La plupart des chrétiens étrangers vivent dans les zones urbaines de Casablanca, Tanger et Rabat, mais un petit nombre d’entre eux est présent dans tout le pays.
Le 28 Juin 2019
Source web Par libération
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