Sanctions américaines : L’Iran met en garde « ceux » qui soutiennent la guerre économique
L'Iran a dénoncé ce lundi la « guerre économique » menée par les États-Unis à son encontre et a affirmé que ceux qui l'ont lancée ne peuvent s'attendre à « rester en sécurité ».
« On ne peut pas espérer qu'une guerre économique contre le peuple iranien continue et que ceux qui soutiennent cette guerre ou l'ont déclenchée restent en sécurité », a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, en recevant son homologue allemand Heiko Maas à Téhéran.
« Les nouvelles tensions dans la région sont le résultat de la guerre économique contre l'Iran dans laquelle Donald Trump lui-même dit être embarqué », a déclaré Mohammad Javad Zarif, en faisant référence à la campagne de « pression maximale » des Etats-Unis contre l’Iran, notamment via les sanctions économique que Washington a réimposées ou intensifiées depuis 2018. « Le seul moyen de faire baisser les tensions dans la région est de mettre un terme à cette guerre économique », a-t-il ajouté. « L'Allemagne et l'Union européenne peuvent jouer un rôle important pour faire baisser ces tensions, et nous les soutenons dans ce rôle ».
« Il y a la guerre en Syrie et au Yémen, heureusement pas ici », a de son côté affirmé Heiko Maas. « Les tensions ici, dans cette région, sont inquiétantes et nous craignons qu'un événement isolé en entraîne d'autres qui finiront dans la violence et nous voulons empêcher cela à tout prix », a-t-il ajouté.
L’Iran fustige la France et la Grande-Bretagne
« Certains pays comme l’Allemagne ont cessé de vendre des armes à l’Arabie Saoudite, que celle-ci utilise pour bombarder la population au Yémen, mais d'autres continuent », a encore ajouté Mohammad Javad Zarif, visant sans les nommer la France et la Grande-Bretagne. Et d'ajouter : « D'une manière générale, l'Occident a autorisé les régimes autocratiques de la région à commettre des crimes ». L'Allemagne est, avec la Chine, la France, la Grande-Bretagne et la Russie, l'un des États encore partenaires de l'Iran dans le cadre de l'accord de Vienne depuis que les Etats-Unis ont décidé en mai 2018 de se retirer unilatéralement de ce pacte et de réimposer une batterie de sanctions économiques contre Téhéran.
Aux termes de l'accord, la République islamique s'est engagée à ne jamais chercher à se doter de la bombe atomique et a accepté de réduire drastiquement son programme nucléaire en échange de la levée d'une partie des sanctions économiques internationales qui asphyxiaient son économie, comme le rappelle le journal Le Point.
En mai, un an après le retrait américain, Téhéran a menacé de s'affranchir progressivement de l'accord de Vienne à moins que ses partenaires, en particulier européens, ne l'aident à contourner les sanctions américaines. « Le devoir qu'ont les Européens est de contribuer à ce que la situation des relations économiques de l'Iran soit normalisée », a insisté Mohammad Javad Zarif.
Les échanges commerciaux entre l’Europe et l’Iran au point mort
Lors de cette réunion, le chef de la diplomatie allemande a exhorté l'Iran à « respecter l'accord international sur le nucléaire » et à « maintenir le dialogue avec l'Europe ». La France – dont les projets d’investissements en Iran sont gelés jusqu’à présent - avait lancé officiellement il y a six mois avec l’Allemagne et le Royaume-Uni l’Instex (Instrument in Support of Trade Exchanges), souhaitant à travers cette structure mettre en place des transactions non monétaires avec l'Iran. Dans ce « troc », l'Iran propose des produits qui sont échangés contre des marchandises européennes, notamment des médicaments et des produits agro-alimentaires (le pétrole n'est pas concerné) avec l’objectif de contourner les sanctions américaines. Mais, jusqu'à présent, aucune transaction commerciale n'a encore eu lieu car le système n'est toujours pas opérationnel. Côté iranien, il y a quelques lenteurs administratives et côté européen, il y a surtout une absence de volonté politique.
De plus, la Maison Blanche a clairement fait savoir que l'administration américaine était opposée à tout commerce avec l'Iran, y compris dans le cadre d'Instex. Résultat, aucun pays ne veut prendre le risque de voir ses entreprises exclues du marché américain. Même pour échanger des médicaments ou des équipements hospitaliers, les sociétés européennes préfèrent se plier aux règles commerciales imposées par Washington.
Pour rappel, Téhéran a opposé vendredi dernier une nouvelle fin de non-recevoir à l'idée défendue par le président français Emmanuel Macron d'un nouvel accord avec l'Iran qui viendrait élargir l'accord de Vienne en intégrant notamment des éléments qui limiteraient l'activité balistique de Téhéran ou sa politique de voisinage, que les Occidentaux jugent « déstabilisatrice ».
Le 10/06/2019
Source web : Les Infos
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