Emissions carbone: comment mettre en place la compensation quand on est TO?

Chez Nomade Aventure (groupe Voyageurs du Monde), on est passé à 100% de compensation émissions carbone le 1er janvier 2018. Fabrice Del Taglia, son directeur général, explique pourquoi un tour-opérateur doit s’engager. Les normes et labels se multiplient pour accompagner un tourisme plus durable.
Le tourisme accélère. Avec 1,4 milliard d’arrivées de touristes internationaux en 2018, l’OMT a annoncé une avance de deux ans sur ses prévisions. Et sur ce total, au moins 40% voyagent par air. Même si l’efficacité énergétique des avions s’améliore, la part de l’aérien est estimée de 2% à 2,4% des émissions de CO2, sans compter les autres gaz à effet de serre (GES), vapeur d’eau, etc. Surtout ces émissions restent dans l’atmosphère.
Dans ce contexte, la compensation des émissions carbone s’impose de plus en plus aux voyageurs et à ceux qui les font voyager. Sans faire de « greenw ashing » mais pour « préserver les voyages », précise Fabrice Del Taglia, directeur général de Nomade Aventure.
« Il ne s’agit pas d’un droit à polluer ou à réchauffer comme le disent certains. La compensation carbone, c’est une solution palliative pour au moins ne pas contribuer au problème climatique. Bien encadrée à travers des organismes comme Gold Standard ou WCS, elle est un exemple de ce que le tourisme peut faire. »
Nomade Aventure compense depuis 2010
Comme nombre de ses confrères spécialistes de la randonnée, le tour-opérateur Nomade Aventure fait partie du label ATR Agir pour un tourisme responsable. Privilégiant les modes de transport doux et sportifs (marche, kayak, vélo…), Nomade est entré naturellement dans le tourisme durable. « On le faisait sans le savoir » signale Fabrice Del Taglia.
« Allant dans des sites nature, au contact des populations, nous avions une démarche de respect de l’environnement. Depuis 2005 et l’intégration dans le groupe Voyageurs du Monde, nous avons accentué nos actions. Nomade est certifié ATR depuis 2010. »
Commencer par les collaborateurs
C’est à ce moment que le TO commence à compenser les émissions carbone de ses collaborateurs. « Les déplacements des chefs de produits par exemple étaient compensés à 100% et à 10% pour les clients » précise Fabrice Del Taglia. Le DG aimerait que tous les tour-opérateurs entament la même démarche « au moins sur les voyages des collaborateurs ».
Pour Nomade Aventure qui, à l’instar des autres entités du groupe VDM, passe par la Fondation « Insolite Bâtisseur Philippe Romero », pour reverser les fonds, le coût de la compensation est « variable ». « Tout dépend du programme que l’on soutient: des puits, des fours améliorés, des plantations… »
Expliquer aux clients
Nomade a choisi des projets de reforestation, reboisement et plantation de mangroves. « Ces programment tournent autour de 4 à 5€ la tonne, sachant qu’un vol long-courrier représente 3 à 4 tonnes. » Des programmes « peu coûteux » qui ont permis au TO d’augmenter ses tarifs « de façon indolore » pour compenser 100% des voyages clients depuis le 1er janvier 2018.
Nomade Aventure avait réfléchi à différentes options: demander aux clients de donner ce qu’ils veulent, abonder en fonction d’un pourcentage sur le prix du voyage ou se charger de tout. Pour atteindre l’objectif de compensation totale, c’est la dernière qui a été retenue. « On a expliqué sur notre site et notre chaîne Youtube aux clients notre démarche et comme les prix n’ont pas beaucoup augmenté, ça a été bien accepté. »
Les TO français choisissent ATR
Si la considération climatique est forte dans les pays du nord de l’Europe, en France, de plus en plus de tour-opérateurs s’engagent dans une démarche de tourisme durable. Y compris des TO traditionnels comme Asia, Scanditours & Celtictours ou Salaün Holidays qui ont rejoint ATR Agir pour un tourisme responsable.
L’association a, on s’en souvient, assoupli son référentiel en 2015 pour permettre à des opérateurs plus « mainstream » d’entrer dans la démarche… Apparemment avec raison. Lancé dans plusieurs programmes solidaires notamment, Salaün est par exemple désormais certifié ATR.
Pour les TO d’aventure comme Nomade, une nouvelle norme internationale, Iso20611 « Bonnes pratiques en matière de durabilité », va mettre la barre plus haut. Membre de la commission d’élaboration de cette norme, Fabrice Del Taglia y a fait mentionner « la compensation des émissions carbone et pas seulement la diminution » dans les recommandations. Il espère aussi que la compensation « partielle » figurera dans le prochain label ATR…
Le 4 avril 2019
Source web : quotidien du tourisme
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